Palmarès 2017: Grand Prix de Genève, l’année des Manufactures
Trois doublés, une aiguille d’or nommée Chopard, une Suisse horlogère peuplée d’enseignes parisiennes, romaines ou neuchâteloises, Genève fleurait bon ce 8 novembre 2017, le temps international des Manufactures.
Incroyable! Rolex et Patek Philippe, clin d’œil facétieux du hasard, furent les premières marques citées lors de cette prestigieuse soirée retransmise en live sur Watchonista!. Des deux grandes absentes du GPHG, le nom de la première survint lorsque le maître de cérémonie présenta le Président du Jury, Aurel Bacs, commissaire-priseur recordman du monde avec la montre bracelet la plus chère jamais vendue aux enchères, une Rolex Paul Newman adjugée récemment à plus de 17 millions de dollars US (lire notre article). Quant au deuxième, il se rendait incontournable du destin de deux émailleuses, Suzanne Rohr et Anita Porchet – présences féminines trop rares de cette édition – artistes pétries d’humilité, de valeurs originelles et de transmission des savoirs. Car, leurs œuvres s’apprécient notamment, outre sur les plus prestigieux cadrans de ces quarante dernières années, au Patek Philippe Museum.
Le temps des indépendances de production
Il y avait donc sur les tapis rouges de ce Théâtre du Léman des parenthèses d’émotion, des poussières d’étoiles, un papillon magique et une aiguille d’or surprenante, la marque Chopard avec sa complication ultime L.U.C Full Strike, l’aboutissement mature d’un know-how cultivé depuis plus de 20 ans à Fleurier au sein de la Manufacture L.U.C. Surprenante puisque son co-Président Karl Friedrich Scheufele siégeait dans le Jury au titre d’Aiguille d’Or 2016. Un juré s’interdisant bien sûr de voter lorsqu’il fut question d’évaluer ses propres modèles, évidente démonstration de l’indéniable indépendance du Jury.
Si l’année 2016 fut celle de puissance de l’Histoire, avec l’élection de deux horlogers du passé fraîchement ressuscités, Czapek pour le Prix du Public et Ferdinand Berthoud pour l’Aiguille d’Or, 2017 restera l’année des Manufactures. Car, hormis l’horloger indépendant Kari Voutilainen primé dans la catégorie ‘Métiers d’Art’ avec Aki-No-Kure (lire notre dernière interview), une célébration cadranière d’une technique ancestrale japonaise, hormis Van Cleef & Arpels, propriété du Groupe Richemont habituée à conjuguer des poésies micromécaniques réalisées par des motoristes tels que Jean-Marc Wiederrecht, récompensée pour sa Lady Arpels Papillon Automate dans la catégorie ‘Haute Mécanique pour Dame’, toutes les autres enseignes gagnantes disposent de leur propre Manufacture. Oui, même la Locloise Ulysse Nardin, qui signe son grand retour en remportant du haut de ses 171 ans d’histoire le prix de la ‘Montre Sport’ avec sa Marine Regatta, dispose de son outil de production à La Chaux-de-Fonds. Et pour rester dans la région, Zenith toujours au Locle, récoltait le fruit de ses efforts de recherche sur les fondamentaux de l’horlogerie avec sa Defy Lab (catégorie ‘Innovation’ - relire notre sujet) tandis que Longines, depuis Saint-Imier, récoltait les lauriers de son histoire avec sa The Longines Avigation BigEye, élue ‘Revival’ de l’année.
Trois marques raflent six prix
Quant aux doublés, les marques Bulgari, Chopard et Parmigiani, ils portèrent les couleurs de l’horlogerie suisse d’excellence bien au-delà des frontières genevoises, tout en soulignant au passage l’incroyable vigueur des terroirs horlogers de l’axe jurassien. La première, l’enseigne milanaise par excellence, fit la démonstration depuis Neuchâtel et la Vallée de Joux que l’iconisation d’une forme actuelle – et non pas héritée – était encore possible, avec son modèle ultrafin Octo double fois primé: d’abord dans la catégorie ‘Montre Homme’ en version Finissimo Automatique ensuite, en catégorie ‘Tourbillon et Echappement’ dans sa déclinaison Finissimo Tourbillon Squelette. La seconde marque doublement lauréate, Chopard, offrit au public, en complément de son prix dédié à sa science chronométrique, son autre facette, joaillière, avec sa Lotus Blanc (‘Montre Joaillerie’). Enfin, heureux coup de projecteur sur la fleurisanne Parmigiani et indirectement sur Vaucher Manufacture, l’une de ses cinq sociétés sœurs garantes de sa farouche indépendance de production, il y eut sa Toric Hemisphères Rétrograde (catégorie ‘Fuseaux Horaires’) et sa Tonda Chronor Anniversaire (catégorie ‘Chronographe’).
Genève, à travers le monde
Et Genève dans tout ça ? Si de la Cité de Calvin sont partis les 72 modèles sélectionnés, à la conquête des audiences internationales, de Taipei à Milan en passant par Mexico, si d’elle partiront les modèles primés pour la Dubai Watch Week, côté Manufacture, héritière de la tradition de la Fabrique, c’est la pluriséculaire genevoise Vacheron Constantin qui remporte la palme de ‘l’Exception Mécanique’. Avec sa pièce Les Cabinotiers Celestia Astronomical Grand Complication 3600, une pure merveille d’astronomie temporelle dont je m’étais entiché au SIHH 2017 (relire cet article). Enfin, et votre magazine Watchonista l’a souvent entourée de ses attentions médiatiques, c’est la Black Bay Chrono de Tudor qui ramène à la ville de ses attaches la distinction supérieure, celle d’une excellence industrielle accessible dotée de calibres maison: ‘Petite Aiguille’, alias des garde-temps dont le prix public ne dépasse pas les CHF 8'000.00.