Une vision de l’authenticité par Kari Voutilainen
Rencontre exclusive avec Kari Voutilainen qui nous partage son optimisme face à une actualité mondiale des plus moroses.
Kari Voutilainen, vous nous avez accordé cet interview exclusif. Vous vous exprimez rarement. Pourquoi avoir décidé de le faire aujourd’hui ?
Quand je regarde l’actualité mondiale autant que celle de l’horlogerie, je vois peu de bonnes nouvelles. Beaucoup de perspectives sombres et de messages négatifs. Je souhaitais lancer un message positif et montrer que le monde est à l’image de ce que l’on construit.
Afin de rassurer nos lecteurs, pouvez-vous nous dire comment se porte l’atelier Voutilainen ?
Pourtant, si l’on regarde les chiffres, la tendance générale est plutôt à la baisse
Oui, c’est bien là le problème. Aujourd’hui les marques se concentrent beaucoup sur les chiffres et se sont complètement détournées de leur raison d’être. Elles ne font plus assez attention à leurs clients, ceux qui aiment l’horlogerie et en sont les meilleurs ambassadeurs. Elles leur proposent des innovations technologiques économiquement intéressantes mais qui ne les fait plus autant rêver.
Avez-vous un exemple à partager ?
Prenons l’exemple du silicium. La technologie développée ne se base pas sur un savoir-faire ancré dans un terroir mais sur un brevet qui a son échéance, pourra être reproduit n’importe où dans le monde. Sans compter les deux problématiques qui empêchent d’anticiper la pérennité de l’innovation pour ce qui concerne l’horlogerie : l’utilisation très peu communiquée de la colle dans le processus d’assemblage des pièces en silicium qui sont réputées fragiles, ainsi que la pérennité de la technologie elle-même. Prenons l’exemple de l’échappement à cylindre ou plus récemment le diapason. Ces technologies ont été longues à développer. Dès qu’elles n’ont plus été utilisées, il est devenu quasiment impossible de réparer les garde-temps. Je suis donc très étonné que les marques mises sur de telles valeurs qui ne semblent pas établir les bases pour une approche à long terme.
Dans ce cas, que pensez-vous des montres connectées ?
Cela doit inquiéter des marques qui se trouvent sur un segment de prix proche. Dans ce contexte, quel avenir peut-on envisager pour la Haute Horlogerie ?
L’horlogerie a fasciné à travers les siècles et je ne pense pas que cela va changer. Cependant, il me semble important de continuer à partager le rêve de l’horloger avec le plus grand nombre. Chercher à duper le client par un manque de transparence n’est pas pérenne. Les acheteurs se tournent vers l’horlogerie car ils veulent leur part de rêve. La montre est certes un signe extérieur social mais bien plus que tout autre objet, elle est intimement liée à son propriétaire pour de multiples raisons. Le prix d’une montre est dans bien des cas une seconde motivation d’achat et non pas une première. Il faut respecter cela et continuer d’offrir sa part de rêve au client si l’on souhaite continuer à voir la Haute Horlogerie s’épanouir.
A votre échelle, comment contribuez-vous à cet épanouissement ?
Nous avons sorti en 2017 un nouvel affichage des heures et minutes avec le modèle 28ISO qui a été sélectionné au Grand Prix d’Horlogerie. Cet affichage dévoile l’heure après un bref instant d’attention. C’est une manière pour nous de stimuler une relation plus intime entre la montre et son propriétaire. Nous travaillons également sur un nouveau calibre qui s’accompagnera éventuellement d’un nouveau design. Malheureusement, c’est encore un peu tôt pour en parler.
Il ne nous reste plus qu’à vous remercier pour votre temps et vous souhaiter bonne chance pour le Grand Prix d’Horlogerie de Genève
Je vous remercie également pour votre visite ! Quant au GPHG, c’est un temps fort de l’année que j’apprécie beaucoup car ils rassemblent les horlogers. Cette participation nous réjouit chaque année.