A.Lange & Söhne : La passion de l’élégance
Fondée en 1845 par Ferdinand Adolph Lange à Glashütte, la manufacture A. Lange & Söhne a acquis une réputation d’excellence aujourd’hui encore confirmée par la qualité de la collection présentée cette année. Découverte !
A force de voir des tourbillons visibles par des ouvertures pratiquées dans les cadrans, les connaisseurs se sont lentement lassés de pareille mécanique souvent génératrice de débauches esthétiques incompatibles avec un traitement graphique propice à faire des garde-temps classiques, des pièces de référence. On a souvent entendu dans la bouche des anciens horlogers des cantons horlogers que « l’excès de toute chose est nuisible ». Cette vision est incontestablement partagée par les maîtres installés de longue date à Glashütte, petit village niché au creux d’une vallée des monts métallifères, une zone montagneuse située à proximité de Dresde, une ville implantée en Saxe, région située à l’est de l’Allemagne.
Grand Lange 1 Moonphase "Lumen"
Datograph Perpetuel Tourbillon
Pas de doute, cette référence est la plus marquante de toutes celle ayant été présentée durant le salon. Mécaniquement aboutie, elle a de quoi séduire puisqu’elle enferme dans son boîtier de 41,5 mm de diamètre réalisé en platine, un calibre à remontage manuel d’exception référencé L952.2 doté de 729 composants et régulé par un tourbillon que les passionnés pourront observer à loisir par le fond transparent. Les débutants seront sans doute étonnés de constater que ce régulateur est invisible à la vue une fois la montre au poignet. C’est un choix ! Peu démonstrative, cette façon de faire permet à cet instrument compliqué de conserver cette noblesse de ligne lui conférant ce petit quelque chose d’aristocratique dans son approche du temps qui le rend irrésistible.
Datograph Perpetual Tourbillon
Et puis, tout le monde le sait, en horlogerie de haute volée, la sobriété absolue est souvent la signature de la perfection. La preuve : le tourbillon est équipé d’un mécanisme d’arrêt secondes breveté. Cet ensemble régule un calibre en maillechort non traité doté de deux complications. La première est le chronographe flyback avec compteur des minutes écoulées à sauts instantané. Le second est le quantième perpétuel dont le mécanisme élaboré permet l’affichage de la grande date, du jour de la semaine, du mois, de l’année bissextile, de l’indication jour-nuit et des phases de lune. L’ensemble d’une lisibilité optimale est par ailleurs agrémenté d’un sobre mais très lisible indicateur de réserve de marche situé à la périphérie du cadran en argent massif teinté noir (50 heures d’autonomie). Magnifique, cet instrument d’exception proposé en édition limitée à 100 exemplaires se porte majestueusement sur un bracelet en alligator fermé au poignet par une boucle déployante en platine.
L’art de magnifier la date
La manufacture A. Lange & Söhne fait partie de ces maisons qui, en une vingtaine d’année, ont donné une nouvelle orientation au marché. Elle a été obtenue par un travail effectué sur l’intégration et l’esthétisation de la pure mécanique. La marque, en créant un nouveau paradigme en matière de luxe horloger, a incité les maisons concurrentes à se pencher sur la notion de valeur perçue. La taille raisonnable, les cadrans en métal précieux, les boîtiers sobres aux lignes intemporelles, l’intégration de la grande date au cadran et le traitement superlatif des mouvements, ont contribué à façonner la légende de la manufacture saxonne.
Aujourd’hui, les modèles présentés cette année comme la Saxonia Moon Phases, la nouvelle variante de la Lange 1 ou même la Grande Lange 1 Phases de Lune « Lumen » offrent tous de présenter ce double guichet de date permettant à ceux dont la vue a baissé au fil des années de pouvoir la lire avec une facilité déconcertante. Toutes équilibrées, ces pièces dont l’architecture canonique basée sur le nombre d’or sert de fil conducteur à la collection, emportent des calibres de manufacture d’une qualité supérieure et dotés pour les uns de mécanismes à remontage automatique (L.086.5 automatique pour la version Saxonia Phases de Lune) ou à remontage manuel (Cal. L.121.2) pour la Lange 1 ou la Grande Lange 1 Phases de Lune « Lumen » (L..095.4) dont la date est rendue lisible dans le noir grâce à l’emploi de matières luminescentes activées seulement aux endroits découverts.
Eloge de la sobriété
L’épure du temps tient en un saut, celui de la fraction la plus petite humainement perceptible : la seconde. Pour donner une dimension physique à cet instant, il fallait pouvoir le matérialiser. La meilleure façon d’y parvenir est de l’afficher au bout d’une longue trotteuse dont la pointe effectue, comme par magie, un petit saut d’un index à l’autre, de seconde en seconde et ce, la journée durant. On pourrait croire l’exercice aisé, mais il ne l’est pas. Si cette animation est devenue habituelle sur les montres à quartz, sa mise en œuvre dans une montre purement mécanique est chose plus ardue à obtenir car elle impose d’avoir recours à un mécanisme intermédiaire capable de comptabiliser les oscillations avant de libérer un système spécifique permettant à la longue trotteuse de faire un saut d’une seconde à l’autre et de répéter l’opération à l’infini.
Réalisée en platine, cette montre de 39,9 mm de diamètre produite à seulement 100 exemplaires emporte au cœur de son mouvement mécanique à remontage manuel référencé L.094.1, un mécanisme original permettant à la manufacture de rappeler que son fondateur avait, dès 1867 conçu un mouvement à aiguille des secondes sautantes. Visible par le fond transparent, le nouveau calibre laisse voir derrière le coq de balancier à inertie variable, une structure complexe comprenant un échappement à force constante. Ce dispositif permet de lisser les imperfections de tension du ressort primaire et de transmettre une force calibrée toutes les secondes au groupe de régulation terminal. Le deuxième train de rouage entraîne un mécanisme de saut dont le rôle est de convertir les 6 oscillations du balancier par seconde en un seul déplacement d’aiguille.
Richard Lange Jumping Seconds caseback
Comme on pouvait déjà l'observer sur l'invention de Ferdinand Adolph Lange, cette séquence mécanique commande une étoile à cinq dents fixée sur la roue d'échappement qui effectue une rotation complète toutes les cinq secondes. Chaque seconde, une dent de l'étoile libère un levier allongé appelé fouet qui, entraîné par le barillet, exécute une rotation soudaine à 360° avant d'être bloqué par la dent suivante de l'étoile. Cette rotation entraîne le train d'engrenage relié à l'axe des secondes, qui lui-même déplace la longue aiguille jusqu'à l'index suivant. Et parce que l’énergie produite ne pouvait être perdue, l'impulsion de la seconde sautante sert à réarmer le ressort-moteur de l'échappement à force constante, et ainsi de suite…