Rudis Sylva dial engraving

Arts mécaniques et manuels chez Rudis Sylva

Objets d'une commande de prestige et sujets à des centaines d'heures de travail, trois exemplaires uniques de la marque aux trois sapins s'envolent pour Oman. Métiers d’art à l’honneur.

Par David Richard

Depuis le Salon de Bâle 2009, l'œil avisé des amateurs de haute horlogerie n'a plus besoin d'un logo pour reconnaître une Rudis Sylva! Il faut avoir une fois succombé au mouvement hypnotique de l'Oscillateur Harmonieux pour le distinguer de toute autre complication. Et par ces temps où tourbillons, carrousels et systèmes à résonnance se démultiplient en quête de marchés porteurs, signer d'une innovation reconnue par les plus grands maîtres horlogers comme aussi importante que le tourbillon de Breguet constitue un argument des plus prestigieux. Une rareté qui avait déjà séduit l'amateur de haute horlogerie Mohammed Zaman, pour lequel Jacky Epitaux, CEO de Rudis Sylva, vient d'éditer trois pièces spectaculaires, hommage aux temps nouveaux du Sultanat d'Oman.

Ces trois garde-temps exceptionnels rendent hommage aux métiers d'art Ces trois garde-temps exceptionnels rendent hommage aux métiers d'art

Arts manuels horlogers

Tout amateur d'horlogerie le sait bien, le détail fait toujours la différence. Pour le comprendre nul besoin de manipuler les belles mais plus sûrement d'ouvrir son regard, sésame des codes de l'horlogerie de prestige. Il faut approcher l'œil de l'ouvrage et contempler les nuances et le rendu inouïs du «fait main.» C'est le cas ici avec ces cadrans dont la découpe inférieure épouse aussi bien la complication qu'elle n'évoque dômes et coupoles de l'Orient fantasmé. Gravure manuelle et émaux de grand feu assurent le décor.  Sujet retenu: les architectures contemporaines augurant de la modernité du Sultanat soient l'aéroport, l'Opéra et le Parlement que Sylvain Bettex, graveur chez Glypto, a pu reproduire d'après photo. Une opération d'autant plus compliquée à l'heure des ultimes dessins quand l'aéroport n'est pas encore achevé et qui devient grand art quant à l'effet 3D obtenu par la technique du bas relief. Une profondeur dont l'émail se joue avec clairvoyance et détachement.

Le cadran émaillé de la Rudis Sylva Auditorium Le cadran émaillé de la Rudis Sylva Auditorium

«L'enjeu résidait à mettre en valeur la finesse de la gravure et jouer sur les transparences» confirme Sophie Cattin Morales, émailleuse au hameau des barrières, qui a procédé à de nombreux tests de couleur, de cuisson, de granulométrie. Des étapes préalables à ce projet de dix-huit mois qui augurent celles toutes aussi minutieuses du travail successif sur la même pièce.

Dépose de l'émail dans les champs-levés, cuisson, polissage, finition, puis une autre couche d'émail, rhodiage final .... soit autant de manipulations successives que de précautions infinies pour ne pas détériorer le travail déjà engagé. 40 heures de gravure pour chaque cadran sans compter les dessins préalables, une dizaine pour l'émail et puisque l'on est dans les chiffres, sachez que l'anglage manuel de chaque coin rentrant du pont supérieur en titane demande 20 minutes soit dix fois moins vite qu'un usinage. C'est Olivier Bourquard, de l'atelier Arrigoni Laufer qui s'en chargea, dont on remarque aussi au passage le squelettage des aiguilles de forme sapin.

Cadran gravé à la main Cadran gravé à la main

Une mécanique de haute précision pour une vraie manufacture

Huit ans après sa présentation, l'Oscillateur Harmonieux fait toujours autant parler de lui. Normal puisque l'apport d'une contrainte au balancier figurait jusqu'alors comme l'interdit horloger suprême. Rappelons juste ici la base de ce mouvement: deux balanciers dentés sont reliés l'un à l'autre et comptent deux spiraux montés en opposition. Un système qui permet à chaque seconde de compenser l'effet de gravité là où carrousels et tourbillons nécessitent une minute de régulation. Une invention au brevet déposé qui suscite toujours autant d'interrogation chez les passionnés de haute horlogerie autant que la fierté légitime de la marque et de Mikka Rissanen, son développeur.

Mika Rissanen Mika Rissanen

Insérée dans la boite en or gris ou rose du modèle RS 12, la complication baigne de lumière et d'éclat grâce au travail du guillocheur Georges Brodbeck. L'ensemble constitue la base des mouvements manuels Rudis Sylva dont seuls 7 composants (dont l'échappement) ne sont pas manufacturés maison. Une transparence affichée qui selon le credo du patron fondateur «affirme, plus qu'une mise en valeur des savoir-faire locaux, une mise au grand jour de ces compétences rares.» Gageons que ce vœu d'ambassadeur saura se faire apprécier en terre d'Oman.

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