Un horloger encore accroché au quartier historique de Saint-Gervais
Le quartier de Saint-Gervais est un lieu dense de mémoire de l’histoire genevoise. Au début du XVIIIe siècle, le père de Jean-Jacques Rousseau, Isaac, y avait un laboratoire d’horloger.
Dans la rue des Corps-Saints, derrière le temple protestant de Saint-Gervais, il y a une pierre qui commémore les morts genevois durant l’Escalade, la tentative de s’emparer de Genève de la part du duc Charles-Emmanuel de Savoie en décembre 1602. Au pied de la colline de Saint-Gervais, se trouve aussi l’endroit par lequel Jules César a traversé le Rhône pour se diriger vers la conquête des Gaules. C’est un lieu où tout le monde passe pressé mais qui a été lié à des faits importants de l’histoire de Genève et de l’Europe..
Histoire à portée de bourse
Aujourd’hui, dans la rue des Corps-Saints, il y a un petit magasin qui passe inaperçu mais qui semble arrêter le temps.
Il s’agit d’un minuscule musée d’horlogerie qui est en réalité le laboratoire du laconique maître horloger Bruno Pesenti, originaire de Como (Lombardie) et qui, depuis quarante ans, répare là tout type de mécanisme à mesurer le temps. Le temps et son écoulement sont des conventions. Dans cet endroit, tout cela apparaît cristallisé dans l’espace. Le laboratoire est en effet plein de pièces apparemment en désordre. Une vaste collection de cartes postales de Genève du début du XXe siècle et une riche bibliothèque sur la haute horlogerie intriguent le visiteur.
Les montres en exposition sont très nombreuses et de tout type. De la montre de table avec pendule rotatoire sans tic-tac, conçue pour ceux qui ont le sommeil léger, jusqu’aux montres des années 50. Toutes fonctionnent et les bracelets sont souvent de la même période, mais elles n’ont jamais été utilisées. Le collectionnisme dans le secteur horloger est facile d’accès même pour ceux qui ne peuvent pas dépenser des sommes importantes. On peut trouver une bonne montre des années 50 avec un mécanisme à remonter manuellement à partir de 90 – 150 CHF. Les navets – Winston Churchill qualifiait ainsi sa Breguet en réponse au fait qu’en France on parle d’oignon à propos d’une montre de poche – sont également exposés et le souvenir imprimé par l’ancien propriétaire est souvent plus marqué sur eux que sur les montres.
Horloges murales
Certains de leurs mécanismes démantelés sont mystérieux pour le profane. Chaque montre de deuxième main porte l’histoire d’une personne. Ce n’est pas un simple instrument pour mesurer le temps. Derrière, il y a un goût, un style, une époque. Souvent dans l’histoire d’une montre peut être inscrit un événement particulier comme, par exemple, une compétition de tir ou un événement familial.
Maître Pesenti a œuvré sur les mécanismes les plus complexes comme, par exemple, une Patek Philippe à quantième perpétuel ou une Franck Muller double face. La satisfaction majeure pour Pesenti est quand il referme une montre qui fonctionne à nouveau: «Écouter le tic-tac du temps nous fait sentir vivant», nous a-t-il dit à la fin de cette brève rencontre – et ses yeux se sont illuminés à la seule pensée des grandes marques de l’horlogerie mondiale.