Technologies HYT Partie 1: Génèse et lancement du projet

Retour sur une aventure humaine, horlogère et scientifique. Lors du salon BaselWorld 2012, le nom de HYT était sur toutes les lèvres. La prouesse contre nature annoncée fascinait. L’histoire pourrait commencer ainsi: «j’ai fait un rêve…» Car à bien y penser quand Lucien Vuillamoz a l’idée en 2002 d’une montre à eau, son concept est loin d’être réalisable et tient plus de la fiction que de la réalité. Sa conception et sa production en série furent un réel challenge.

HYT H1

De l’intention au concept

C’est le site même de l’exposition nationale Suisse, dans la région des 3 lacs (Neuchâtel, Bienne et Morat), qui inspire cette abstraction d’une montre à eau à son créateur. Une sorte de flash historique qui ramène à la page des clepsydres tout en conjurant l’extrême méfiance des horlogers face à l’élément aquatique qui reste l’ennemi public numéro 1 des pièces mécaniques sujettes à la rouille.

Le concept semble difficilement réalisable et restera longtemps au stade d’intention. Les années passent mais Lucien Vuillamoz n’arrive pas à chasser cette vision de son esprit. Ses réflexions sur le projet évoluent et ainsi se dessine peu à peu le concept actuel d’HYT, à savoir, afficher l’écoulement du temps au moyen d’un liquide.

HYT fluid module

De cette approche nouvelle se dégagent rapidement les principes fonctionnels de l’indicateur fluidique HYT. Un capillaire relie deux soufflets métalliques souples. Chacune des chambres flexibles est remplie de deux liquides de composition différente, dont l’un est coloré,  qui ne se mélangent pas entre eux. En déplaçant les fluides par la compression d’une des deux chambres, l’interface entre les deux fluides permet un affichage de l’écoulement du temps.

A mi-chemin entre Oppenheimer et le professeur Tournesol, Lucien Vuillamoz impressionne par son mode de pensée dénué de toute contrainte, comme suspendu dans le vide quantique. Son approche pourrait se résumer par la maxime présidant à la pensée analytique de Socrate: «Je sais que je ne sais rien, mais je le sais!».

Inventeur compulsif, diplômé en thermodynamique dans le cadre de la formation de génie nucléaire de l’université de Genève, Lucien Vuillamoz sent qu’il a entre ses mains un concept extraordinaire mais que son développement nécessitera de nombreuses compétences pour en maîtriser les diverses contraintes physiques.

HYT H2

Du concept au premier prototype

Quand on a une idée révolutionnaire, la première étape consiste en sa protection. N’ayant pas l’expérience nécessaire dans ce domaine, Lucien Vuillamoz s’adresse à un ami, Patrick Berdoz, rompu au domaine de la protection intellectuelle. Après l’examen usuel préalable, il apparaît que les technologies peuvent être protégées. Les recherches d’antériorité puis les dépôts préalables sont effectués avec le soutien logistique et financier de Patrick Berdoz qui croit en l’avenir de ce projet audacieux. «Il y a actuellement 8 familles de brevets» précise Lucien Vuillamoz. «L’activité de protection de la propriété intellectuelle est au cœur de la stratégie d’HYT et de sa société soeur Preciflex, plateforme technologique dans les domaines de l’indication, cherchant à maîtriser des déplacements de très petites quantités de fluide pour diverses applications.»

HYT Fluid module

Passée cette étape indispensable, s’organise alors la création de la société HYT ainsi qu’une levée de fonds nécessaire à la mise en production d’un premier prototype fonctionnel. Dans la deuxième partie de cet article, sera dévoilée la somme affolante des contraintes qu’il faudra faire cohabiter pour réussir ce développement hors norme.

Les défis dans la mise en œuvre d’un produit fiabilisé et industrialisable restent nombreux et passent indubitablement par la mise en place d’une équipe regroupant les compétences nécessaires et l’audace suffisante pour défricher là ou rien n’a jamais encore été exploré par le passé. En 2010, Lucien Vuillamoz fait la rencontre de l’homme providentiel qui dirigera la société HYT et insufflera son tallent de communiquant au service de la construction et de la promotion de l’image de la marque. Vincent Perrirad! Son talent et son goût sincère pour l’innovation ont déjà été salués lors de ces précédentes implications horlogères.  Cette fine équipe sera bientôt complétée par Bruno Moutarlier, ancien directeur industriel d’Audemars Piguet qui pensera à Jean François Mojon et à son équipe, la société Chronode, pour réaliser le mouvement de la future HYT H1.

HYT H1 and the fluid module

Perpectives multiples

La suite de l’histoire est connue de tous, lors du salon BaselWorld 2012, l’ensemble de l‘attention se focalise sur le stand HYT qui propose avec la H1 un nouveau territoire dans l’affichage du temps. A cet instant précis, la majorité des commentateurs horlogers saluent la prouesse consistant à la présence d’un liquide dans une montre mécanique. Reste que les défis mis en œuvre pour la concrétisation de la H1 sont particulièrement complexes et d’une nature exogène à la culture horlogère. Ainsi, peu de spécialistes horlogers comprennent à cet instant le fonctionnement exact du module fluidique. Avec le concours des acteurs de ce développement, la deuxième partie de cet article permettra d’éclaircir le fonctionnement et les développements nécessités pour la mise sur le marché de la HYT H1. A suivre…

Technologies HYT Partie 2: Fonctionnement et contraintes