Le tour du monde en 90 escales du Silver Spitfire

Le tour du monde en 90 escales du Silver Spitfire

Epopée aérienne contemporaine, « The Longest Flight » entraîne deux pilotes britanniques, soutenus par IWC Schaffhausen, dans un tour du monde inédit à bord d’un Spitfire de 1943. Qui a dit qu’il n’y a plus d’aventuriers ?

Par Watchonista

Lundi 5 août 2019, 13h30 GMT, Goodwood Aerodrome, West Sussex : un grondement sourd détourne l’attention du public. Rosamund Pike, en James Bond girl entrainée sort immédiatement son téléphone pour faire des photos. Contact. Le « Silver Spitfire » de Steve Brooks et Matt Jones prend son envol. Trois autres Supermarine Spitfire, en formation serrée, escortent l’avion au fuselage luisant qui tournoi dans le ciel, au-dessus d’une fête anglaise. Elle semble, elle-aussi, tout droit sortie d’une photo ancienne.
 

Quatre cent spectateurs privilégiés, dont notamment le Duc de Richemond, les acteurs britanniques Taron Egerton et Finn Cole, ou le présentateur de télévision et de radio Dermot O’Leary, lui-même pilote de Spitfire, ou le créateur de mode Jeremy Hackett, suivent l’évolution aérienne. Soudain, l’appareil de métal poli fausse compagnie à ses accompagnateurs en livrée militaire historique.
 

Cap au Nord. Direction l’Ecosse. En l’espace d’un instant, le pilote se trouve confronté à la solitude. « En fait, c’est un peu comme vouloir faire le tour du monde à bord d’une monoplace de Formule 1 » renchérissait quelques minutes avant Matt Jones en voyant son partenaire grimper dans l’étroit cockpit pour le vol inaugural, avant de prendre lui-même les commandes dès le lendemain pour rallier l’Islande d’une traite. L’ancien coureur automobile David Coulthard acquiesce d’un signe de tête alors que, dans le ciel, le pilote se retrouve face à lui-même autant qu’à l’aventure qui l’attend.
 

Cette minute de silence, les deux hommes en ont beaucoup rêvé. Un calme très relatif, dans le ronron régulier du magnifique V12 Rolls-Royce Merlin de 1470 cv de ce Supermarine Spitfire Mk IX de 1943 qu’ils ont entièrement démonté et restauré ces deux dernières années, pour préparer leur raid autour du monde de 27 000 miles, soit un peu plus de 43 000 km. Une bien longue distance pour l’avion de chasse dont le rayon d’action est d’environ 800 km.
 

L’avion de la liberté

Le Supermarine Spitfire a été conçu en 1935 par Reginald Mitchell, trois fois vainqueur de la fabuleuse coupe Schneider. Ses talents d’ingénieur se doublaient de dons pour le dessin et le travail de la forme. Aujourd’hui, il aurait sans doute droit au titre de « designer ». Grâce aux ailes elliptiques dont il dote l’avion, lui offrant sa signature visuelle en vol, il accentue les performances du fuselage profilé plusieurs fois employé par Mitchell pour ses hydravions de sport.
 

« Cet avion est un manifeste du design moderne autant qu’un symbole mondialement connu de liberté », commente volontiers Matt Jones. Le pilote ne se lasse pas de regarder l’appareil auquel il a voué toute son énergie afin de conserver ce patrimoine vivant, c’est-à-dire dans les airs et non pas cloué au sol dans un musée.
 

Il sait bien que le Spitfire est entré dans la légende. Outil efficace de la victoire de la Royal Air Force sur la Luftwaffe durant la bataille d’Angleterre, entre juillet et octobre 1940, il a changé le cours d’une histoire qui semblait quelques semaines plus tôt irrémédiables. Faire voler le « Silver Spitfire » autour du monde, c’est continuer à délivrer aujourd’hui un message universel. « La signification de ce voyage, c’est d’offrir ce vol au public et de leur montrer le Spitfire en vol » précise Steve Brooks.
 

« Nous avons créé la Boultbee Flight Academy (la seule école de pilotage apprenant encore à piloter des Spitfire, basée à Goodwood. NDLR) il y a 10 ans et nous avons pu constater à quel point cet avion extraordinaire signifie énormément, bien au-delà de la Grande-Bretagne. C’est pour cela que nous allons survoler 30 pays, pour que tout autour du monde des gens puissent entendre la musique du moteur Merlin et voir le Silver Spitfire embellir leur ciel ». Les deux pilotes espèrent bien ainsi faire naître des vocations et former de nouveaux mécaniciens et pilotes pour faire voler des Spitfire. Sur environ 20 300 appareils construits entre 1938 et 1948, plus d’une centaine sont encore globalement en état de vol.
 

Le « Silver Spitfire », un appareil du type Mark IX de 1943 ayant 51 engagements au combat durant la guerre, avant de servir à l’entraînement des pilotes hollandais, a pour sa part été totalement reconditionné et restauré. Les 80 000 rivets de sa carlingue ont été démontés, tout comme les 40 000 pièces détachées qui composent l’avion. Un puzzle géant qui a ensuite été méticuleusement remonté et vérifié. Si tout reste d’origine à bord, en commençant par le moteur, tout est donc en état neuf. L’instrumentation a également été révisée pour être conservée.
 

Instruments d’époque et montre IWC Timezoner

Trois équipements modernes seulement ont été ajoutés : une radio à longue portée, une tablette, et bien entendu la montre des pilotes. Matt Jones et Steve Brooks portent à leur poignet la toute nouvelle Montre d’Aviateur Timezoner, dans la version spéciale Spitfire Edition « The Longest Flight » (réf. IW395501), présentée par IWC Schaffhausen lors du dernier SIHH de Genève.
 

Conçue pour être pratique, elle offre au pilote de pouvoir changer le fuseau horaire par un simple mouvement de la lunette tournante, grâce à un système breveté. Cette pièce en acier de 46 mm de diamètre est équipée du mouvement automatique calibre 82760 de manufacture. La glace traitée antireflets est aussi conçue pour résister aux changements de pressions atmosphériques en vol. Elle va très concrètement pouvoir faire toutes ses preuves au cours des cinq mois qui viennent.
 

Le lien entre les aventuriers et la manufacture suisse s’est noué sans peine, il y a à peine plus d’un an et demi, lorsque les deux pilotes ont profité du « Members Meeting » à Goodwood, un événement automobile dont IWC est partenaire, pour aborder Christopher Grainger-Herr et lui faire part de leur rêve un peu fou. Il n’a pas fallu longtemps au CEO d’IWC Schaffhausen pour s’enthousiasmer mais aussi pour mesurer l’impact potentiel d’une telle opération autour du monde.
 

En très peu de temps, les équipes en charge de la logistique à la manufacture ont dû mettre sur pied une organisation à peu près aussi complexe que celle nécessaire pour l’opération aérienne elle-même, avec près d’une centaine d’escales au fil des 30 pays traversés. Autant d’occasions idéales de convier bons clients, amis de la marque, journalistes ou détaillants, à l’image du beau dîner offert la veille au soir du départ par IWC à Goodwood House, la demeure du Duc de Richemond. En hommage au Spitfire, la musique principale de la Royal Air Force a donné l’aubade aux convives, entonnant non seulement quelques marches militaires traditionnelles, mais aussi la musique du film La Bataille d’Angleterre ou quelques thèmes de James Bond. Il est grands temps de passer à l’attaque.
 

De l’Islande à Goodwood, en passant par le Taj Mahal

Bien entendu, le « Silver Spitfire » est désarmé. Le retrait des mitrailleuses a d’ailleurs permis de gagner quelques 80 litres de carburant supplémentaire dans les réservoirs d’ailes. Certaines étapes du plan de vol, comme la Syrie ou le Pakistan, auraient peut-être justifiées de les conserver. « Nous avons précisément du apprendre les procédures de reconnaissance et d’éventuel engagement aérien avec les forces aériennes des divers pays que nous allons traverser, en cas de contrôle ou si par hasard notre identification n’était pas reconnue » souligne l’un des deux pilotes, avec un sourire qui en dit long sur son état d’esprit.
 

Beaucoup de préparation n’exclut pas une petite dose d’insouciance. Une « audace » saluée par le prince Harry dans la lettre d’encouragements et de félicitations qu’il a adressé aux deux pilotes. Le fils du prince Charles, lui-même pilote d’hélicoptères Apache lorsqu’il était en mission en Irak, leur recommande aussi de bien en profiter et de bien s’amuser.
 

Le programme des prochains mois sera riche et varié. Après l’Islande et le Canada, le Spitfire traversera les Etats-Unis, puis la Sibérie par le détroit de Béring, le Japon, la Corée du Sud, le Vietnam, le Népal et l’Inde, puis l’Afghanistan avant de replonger vers le Moyen-Orient. Après l’Arabie Saoudite, l’Irak et l’Egypte, retour par Chypre et la Grèce, avant l’Italie, Nice et Monaco. L’avion est attendu en Suisse, sur le terrain de St Gallen / Altenrhein le 28 novembre prochain, si ni les caprices de la météo ou les imprévus mécaniques ne viennent modifier sa route.
 

Ensuite, le Spitfire retrouvera sa base de Goodwood le 8 décembre, en ayant traversé l’Allemagne et la Hollande et fait une escale au Bourget, près de Paris, où les pilotes devraient rencontrer les descendants de l’aviateur et écrivain Antoine de Saint Exupéry, grâce à IWC. Mais c’est une autre histoire. Mi roman-feuilleton, mi épopée chevaleresque, l’aventure du « Vol le plus long » est à suivre en temps réel sur le site www.silverspitfire.com.
 

 

Beaucoup d’événements promettent aujourd’hui du spectaculaire, du sensationnel ou de l’aventure. Des mots qui plaisent aux équipes marketing, y compris des horlogers, pour pimenter un peu une époque aseptisée. Force est de constater que l’expédition qui vient tout juste de prendre son envol offre une expérience véritablement unique. IWC peut employer le terme aventure sans risque que le sens soit galvaudé, ce qui est aujourd’hui tout à fait louable. Alors… Bon voyage, messieurs les pilotes.
 

(Images par Pierre Vogel & IWC Schaffhausen)

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