Proserto, Sercab et Val’Heure. Du sertissage aux boîtes de montre

Au sein des acteurs de la cotraitance horlogère, dans cet univers d’excellence et de métiers préservés, la discrétion est de mise. Pas question en effet de faire de l’ombre à des clients qui sont pour la plupart du temps des marques souvent prestigieuse qui n’aiment pas trop que soient révélées leurs recettes et leurs adresses. Surtout lorsque le prestige auprès du consommateur final repose sur la conviction que ces marques savent tout faire, qu’elles maîtrisent l’entier de la chaîne de production, de l’acte créatif aux opérations de finition.

La réalité du terrain est plus subtile. Ici et là subsistent des poches de compétences que même les plus grandes surfaces financières ne peuvent s’offrir. Des compétences issues d’une tradition qui ne s’est pas construite en un jour, d’expériences patiemment cumulées et transmises, d’une attitude pétrie de passions partagées et d’envies de satisfaire.

Ramon Iso & Michel Salvi de Val'heure

Valeurs et éthique

Avant de devenir entrepreneur, Ramon Iso exerce le métier de bijoutier. Il a 23 ans, il vient de refuser une place en vue au sein d’une grande manufacture, préférant s’allier à un diamantaire devenu ami. Tout est à faire, les clients ont déjà leurs habitudes, il faut les convaincre, à force d’opiniâtreté et d’honnêteté. Proche des ateliers et des établis, il appartient à cette race de patrons capables d’enfiler une blouse et de mettre la main à la pâte. Il sait ce que signifie, concrètement, l’ultime objectif qu’est la satisfaction du client ou le défi d’une réalisation complexe. Avec au passage, ce sens du talent à détecter, à encourager, cette capacité à faire confiance, à extraire le meilleur de chacun. Il sait s’entourer, déléguer. «J’ai recruté les meilleurs, ils ont parfois leur caractère, mais ils sont excellents» affirme-t-il. Des sociétés, il en a créé, revendu, acheté. Au sein des trois qu’il dirige aujourd’hui, il fait bon vivre. Le respect de l’humain est au centre, jusque dans le tri des pierres précieuses qui répondent rigoureusement aux critères du Kimberley Process. Il est le ciment de la confiance.

Diversification et complémentarité

Sercab à Chêne-Bourg se concentre sur le sertissage traditionnel et mécanisé, les métiers d’art, la fabrication de bracelets ainsi que la terminaison tandis que Val’Heure au Sentier se spécialise dans la boîte de montre et l’habillage, de la création à la grande série, bracelets et terminaisons compris. Cette répartition fait le jeu des synergies naturelles entre deux sociétés sœurs qui ont su prendre leurs marques, optant pour des spécialisations complémentaires. L’histoire des sociétés horlogères est souvent liée à des demandes particulières. Ici un client qui réclame une opération inédite, qui exprime un désir spécifique, là celui qui, satisfait, découvre qu’il existe chez son fournisseur d’autres potentiels: des machines et outils bien maîtrisés qui répondent à des besoins inhabituels. Ainsi naît la diversification.

Carrure sertie

Cohérence visuelle d’un groupe

Aujourd’hui, l’heure est à la communication. Quand bien même les noms des clients resteront définitivement sous les scellés du secret, les gestes de ces métiers oscillants entre artisanats purs et maîtrise de procédés industriels, sont des messages forts. Aussi impressionnants que la beauté des matériaux utilisés et domptés. Le marché a besoin de signaux clairs.

Les clients sont rassurés  par une structure solide, surtout s’ils proviennent de groupes en cours de verticalisation, supposés être autonomes.

Dans un premier temps, les trois entités du groupe adoptent donc une unité graphique, une cohérence d’image. Chaque adresse web est redirigée vers une porte d’entrée commune. C’est une manière également de raccourcir la distance géographique entre les entités du groupe, puisque Sercab se trouve à Chêne-Bourg, Proserto au centre de Genève rive gauche, une adresse de prestige, et Val’Heure à la Vallée de Joux. Une configuration fidèle à la diversité d’un tissu horloger dont la richesse a pour terrain de jeu les terroirs d’expertise de la Suisse romande.

L’indépendance, un état d’esprit

Les verticalisations des groupes horlogers vont bon train. Il n’est pas un mois sans que les médias ne révèlent le rachat ou l’intégration d’un fournisseur, ou, lorsque les choses se passent de manière plus douce, une prise de participation garantissant la pérennité de l’approvisionnement. Courtisées par des logiques financières pour des savoir-faire qu’elles ont mis des décennies à acquérir, les entreprises de la cotraitance horlogère se laissent parfois acheter. Rester indépendant relève donc de la résistance. Être capable de dire non à la commande d’un gros client qui, par son importance, risquerait de compromettre l’équilibre de l’entreprise.

Atelier de fabrication de Val'heure

Dans ce contexte, il était vital que Sercab SA, Proserto SA et Val’Heure SA puissent enfin s’afficher clairement comme appartenant à la même entité. Solide, complémentaire, armée de compétences à très haute valeur ajoutée et de 200 collaborateurs motivés.

Val’Heure SA, au Sentier.Boîtes de montres, cadrans et bracelets, en acier inox, titane ou matières précieuses, toutes les facettes de l’habillage: fabrication, polissage, achevage. De la conception à la réalisation, une clientèle composée de prestigieuses enseignes horlogères. Environ 80 collaborateurs.

Proserto SA, Genève rive gauche. 20 ans d’expérience et d’exigence dans les arts du sertissage, en phase avec les techniques actuelles autant que les métiers séculaires, une capacité à développer de nouveaux projets. Dans cet atelier de sertissage installé au cœur de Genève, une vingtaine de bijoutiers, d’acheveurs, de polisseurs perpétuent l’esprit des cabinotiers.

Sercab SA, à Chêne-Bourg, Genève. Environ une centaine de collaborateurs, formés, recrutés en fonction de leur réputation d’excellence, entièrement dévoués aux métiers du sertissage traditionnel ou mécanisé, de la terminaison et de la mécanique de précision.

Assise sur 2 décennies d’expérience, cette fabrique se diversifie récemment dans le développement intégral de bracelets métal ou métal serti.

Terminaison d’un bracelet entièrement réalisé par Sercab

Historique d'un groupe indépendant

1990: création de Proserto spécialisée dans la fabrication de bijoux.
1995: création de Sercab.
1996: création de Lavallee, spécialisée dans le sertissage pour l’horlogerie et la bijouterie. Création de LG mécanique, fabrication de mécanique de précision pour la joaillerie et l’horlogerie. Développement du sertissage mécanisé.
1998: Val'heure nait de la fusion entre Lavallee et LG mécanique.
2000: Sercab s'installe dans ses propres locaux à Chêne-Bourg.
2012: Près de 200 salariés dans 3 sociétés distinctes enrichies de leurs compétences mutuelles.