COSC

Précision suisse: le COSC n’est pas une marque, et pourtant… (part 2)

Pour le consommateur final, la mention «Chronomètre suisse certifié» représente un indéniable atout et certaines enseignes l’intègrent systématiquement dans leurs communications.

Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef

Depuis 2003, une marque COSC a été déposée en classe de Nice 42. Quid de la classe 14, celle réservée à la production des montres, histoire de se protéger d’un éventuel sournois? Pourtant cette institution au service de la précision horlogère s’interdit la dénomination de label voire d’AOC, parce que dit-elle, elle ne veut pas se risquer à être perçue comme une concurrence par ses clients.«Une AOC ne peut en aucun cas être envisagée, car nous ne répondons pas aux critères pour une telle appellation. En ce qui concerne le statut de label, quel pourrait en être l’intérêt au-delà de celui de la certification proposée?» précise Andreas Wyss, Directeur du COSC. Quoiqu’il en soit, auprès des connaisseurs et des acheteurs, cette mention «Chronomètre suisse certifié» est déjà bien plus qu’une marque. Il s’agit d’un groupe nominal qui possède des ramifications institutionnelles jusque dans la loi suisse.

Les mouvements testés doivent être destinés à des montres Swiss made Les mouvements testés doivent être destinés à des montres Swiss made

A en juger l’engouement qu’il suscite aussi dans le secteur depuis 2001 où la barre du million d’unités à été franchie, il mériterait d’être mieux promu, pourquoi pas par la Confédération?

Attention, accès réservé

Contrairement à une certaine souplesse aujourd’hui révolue, l’accès au COSC ne peut se faire que si la montre dans laquelle le mouvement sera emboîté est également swiss made. «C’est le Conseil d’Administration qui l’a réaffirmé clairement en 2010», relève Andreas Wyss, Directeur. Ainsi, les pourvoyeurs de mouvements ont l’obligation d’indiquer à qui se destinent les unités qu’ils soumettent aux tests. Autre condition, la marque suisse déposante doit être inscrite auprès d’un institut national de propriété intellectuelle, ce qui a pour effet d’écarter les particuliers.

On retiendra que l’appellation «chronomètre certifié» est considérée comme mondialement «illégale» si le mouvement de montre n’est pas passé par les tests édictés par la norme internationale ISO 3159. Entendez par là que, sans cette vérification, cette dénomination est non recevable par une institution comme le COSC qui, de facto, conformément à ce qu’exige la norme internationale, conserve une sorte de monopole sur la précision horlogère grâce aux installations sur lesquelles ses Bureaux Officiels officient. D’autant qu’utilisé seul, et c’est regrettable, le mot «chronomètre» ne peut pas être protégé.

Chiffres pas si secrets, très instructifs

Puisque que le COSC reste une association à but non lucratif, la publication des comptes-rendus de ses assemblées générales, ses rapports annuels, sont des mines d’informations. Ainsi peut-on connaître par exemple, le pourcentage des recalés! Bien que les chiffres 2013 aient été publiés et donc rendus public, afin de ne pas prendre le risque de froisser quelque grande enseigne à la susceptibilité exacerbée, les données ci-dessous sont issues d’un comparatif 2010-2011.

En 2011, 51 marques horlogères ont soumis leur mouvements au COSC En 2011, 51 marques horlogères ont soumis leur mouvements au COSC

En 2011, l’augmentation des mouvements déposés par rapport à 2010 atteint +27,8% soit 1'631'252 mouvements admis pour 1'731'139 déposés. Le taux d’échec est donc de 5,8%. En 2011, 51 marques avaient soumis leurs mouvements à l’un des trois BO (Bureaux Officiels) du COSC. En tout 1'631'252 unités reçurent leur certificat de chronomètre, soit +30% par rapport à 2010 (1'276'714 unités). Quant aux mouvements qui échouèrent, ils étaient au nombre de 99'887 (pour 55'154 en 2010), soit 5,8% du total testé (pour 4,1% en 2010). A ce stade, il convient de préciser que les 55'154 pièces de 2010 et les 99'887 de 2011 ne sont pas toutes des pièces échecs au sens chronométrique.

«Dans ces quantités, il y a bel et bien les échecs à la norme, mais il y a aussi les pièces que nous avons dû annuler pour de mauvaises manipulations dans nos BO, il y a encore les pièces qui se sont arrêtées en cours d’épreuves. Il y a enfin tous les essais qui nous ont été demandés par des marques dans le courant de l’année sans exiger de certification» aime à préciser le Directeur Andreas Wyss.

Rolex fait contrôler presque la totalité de sa production Rolex fait contrôler presque la totalité de sa production

D’autres informations, lorsqu’on prend un recul comparatif sur plusieurs années, sont particulièrement sensibles. Car il est possible, indirectement et en lisant entre les lignes, de se faire une idée du nombre de pièces produit par certaines marques abonnées au jeu du secret. Un nombre d’unités qui varie, qui se fait rattraper dangereusement par celui d’un concurrent ou qui stagne…, ce qui n’est pas très bon pour l’image. Afin de ne pas susciter des foudres inutiles malgré le fait que ces chiffres soient publics, voici quelques considérations toujours basées sur les chiffres de 2011… Dans le top 3 des marques déposantes, il y avait Rolex en tête avec ses 751'285 unités, Omega en deuxième position avec ses 509'301 unités et Breitling avec ses 154'456 pièces dont 28'301 à quartz. Sachant que Rolex fait contrôler presque la totalité de sa production et que Breitling communique que toute sa production passe au COSC, il est donc possible d’avoir une idée très précise sur des données qu’aucune de ces marques n’accepte de communiquer.

Disposer des chiffres antérieurs, voire de ceux de 2011 à 2013 et l’on serait en mesure d’analyser leur évolution en nombre d’unités. Toujours dans ces colonnes si passionnantes 2011, des noms inattendus de marques, tel Enicar (17'115 unités), Mido (49'343) devant Panerai, Chopard, Titoni (20'536). Toutes aussi inattendues, des marques dont on avait oublié quelles existaient: Bremont (1'548 unités), Normana (1'155), Olma (1'047 ex)…

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