Précision suisse: le COSC, c’est officiel et c’est suisse (part 1)
Aucune autre institution au monde n’est à même de contrôler, selon la norme internationale de précision ISO 3159, un tel volume de mouvements et une telle production industrielle.
La précision, via l’appellation protégée «chronomètre certifié» et conforme à la norme internationale ISO 3159 est inscrite dans la loi suisse. C’est le COSC, le Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres, qui est chargé de l’application et du respect de cette loi pour les montres-braceletsmécaniques et pour les montres à quartz et les chronomètres de marines et les montres de poches, à des directives internes qui en sont issues. Si l’association COSC, qui est à but non lucratif, parvient, par le biais de ses BO, ses Bureaux Officiels, à délivrer plus de 1'700'000 certificats par année, c’est grâce à une automation modèle et à des équipements de mesure spécifiquement développés pour elle par ses laboratoires. Ses buts? Satisfaire aux exigences de précision, de traçabilité des résultats, aux conditions de mesure et aux contingences d’une productivité ininterrompue.
Naissance et BO
En 1973, la Fédération Horlogère Suisse (FH) ainsi que cinq cantons horlogers (Genève, Vaud, Neuchâtel, Berne et Soleure), fondent, sous la forme d’une association à but non lucratif, le Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres (COSC). Son objectif: avoir une unité de doctrine et une uniformisation des prix. Cette association ne touche aucune subvention, s’autofinance par ses activités, ne publie pas son budget annuel, investit par an environ 1 million de francs suisses pour améliorer ses équipements et emploie une septantaine de personnes. Depuis sa date de fondation, le COSC est présent dans trois des laboratoires hérités du passé, Bienne, Le Locle et Saint-Imier devenus, sous l’abréviation BO, les Bureaux Officiels. Leur mission est l’observation chronométrique et l’établissement de certificats de chronomètre en tant que services pour des tiers.
Ces bureaux, selon la norme ISO 17025, sont accrédités SCS (Swiss Calibration Service) par le SAS, (Service d’accréditation suisse), seule autorité suisse habilitée à décerner cette accréditation sur la base d’audits. Chacun d’entre eux peut traiter 30 000 à 40 000 mouvements par jour et, puisque le test dure 16 jours –dimanches et jours fériés compris– ces opérations se font en flux continu.
Chaque mouvement soumis se trouve physiquement présent dans leurs locaux, car le principe d’une délégation de procédure, par exemple au sein d’un fabricant est contraire à l’esprit du COSC. Seul un mouvement répondant au critère du «swiss made» peut être soumis aux tests.
Les coûts de la précision
Le caractère non lucratif de l’association permet d’offrir la participation aux tests à un prix particulièrement accessible: le droit d’entrée avoisine la cinquantaine de francs suisses par série, quel que soit le nombre de pièces de celle-ci soit entre 1 et 500 pièces maximum, et il faut compter moins de CHF 10.00 par unité pour un temps de mise à l’épreuve de 16 jours, dans 5 positions et à 3 températures différentes comprises entre 8 et 38 degrés!
Jusque-là, c’est incroyablement raisonnable. Est-ce pour autant le seul coût? S’il fallait évaluer la dépense globale pour l’obtention du certificat de chronomètre, il serait faux de ne compter que la participation raisonnable versée au COSC pour passer l’examen. En amont, une manufacture doit consentir à d’énormes investissements pour que ses mouvements aient leur chance. Prenons l’image de Pierre-Yves Soguel, ancien Directeur du COSC, celle d’une licence de pilote de ligne: ce n’est pas le coût de l’examen qui est élevé mais bien celui du temps et des moyens investis pour le réussir.
Ainsi, le coût de sa certification ne représente qu’une infime proportion du coût de fabrication d’un chronomètre. Le COSC n’apporte pas directement de valeur ajoutée aux mouvements, il se contente de certifier scientifiquement et officiellement que la mesure de sa précision lui a été soumise et qu’il en atteste les résultats, apportant ici une valeur certaine à ces mouvements.
En d’autres termes, la différence de prix de revient entre un mouvement de qualité standard et un chronomètre se situe chez le fabricant et non au COSC. Le reste est donc affaire de marketing et de communication et, sur cette voie où l’individualisme des marques règne, le chemin d’une reconnaissance indiscutable par le grand public et plus seulement par les collectionneurs éclairés, reste long…
Histoire horlogère, avant le COSC
Au commencement, à la fin 19ème siècle, parce que les fabricants horlogers éprouvent le besoin d’officialiser la garantie de précision de leurs montres, sept laboratoires se créent et se dotent d’une mission de vérification (observation) et de certification.
«En fait, il n’y a pas de certification au 19ème siècle, cela arrive plus tard dans le courant du 20ème. Au 19ème, on se contente d’observer la marche et de reporter celle-ci dans un bulletin de marche qui n’a pas valeur de certificat au sens ou on l’entend aujourd’hui» détaille Andreas Wyss, Directeur du COSC. A propos de ces sept laboratoires, s’ils sont issus de la corporation elle-même, leur implantation s’appuie sur les écoles d’horlogerie et/ou les écoles techniques et/ou de mécanique, des institutions garantes d’une neutralité indispensable, disposant d’outillages performants déjà mis au service de la communauté, de professionnels formés et d’une disponibilité liée au statut de leurs élèves.