BEST OF 2017 – Avec la Vagabondage III, Journe enflamme les collectionneurs
Dès sa sortie le 16 janvier 2017, cette Vagabondage III sera certainement l’une des montres les plus traquées par les collectionneurs, si l’on se réfère aux phénomènes déjà initiés par François-Paul Journe avec ses versions I et II.
Aiguisée par un teaser en forme de carte de vœux, la curiosité des initiés de la planète horlogerie est en alerte. Aux antipodes des langages marketing et de leurs effets de manche, la série F.-P. Journe Vagabondage titille le désir des collectionneurs les plus déterminés. François-Paul Journe leur offre pendant le salon annuel de la Manufacture une troisième évolution, dotée d’une première mondiale, une «seconde sautante digitale.»
Genèse d’une légende
Le maître horloger est certainement l’un des derniers grands patrons de l’horlogerie capable d’enfiler une blouse et de s’installer à l’établi pour en remontrer à son meilleur ouvrier. Mais comme tout esprit génial, baigné de curiosités et de pulsions exploratrices, il lui arrive d’avoir envie d’aller voir ailleurs. Alors il s’offre une petite virée hors de ses territoires de marque, sur les chemins de traverse. Un vagabondage, en quelque sorte. Ainsi naît une pièce dont la forme ‘tortue’ plate déposée s’éloigne de ses rondeurs identitaires et tranche avec ce qui fait son style.
De plus, cette pièce propose un affichage dit vagabond, c’est à dire une information horaire transmise à l’intérieur d’un guichet d’affichage par un mécanisme ’sautant’. Bref, pas étonnant que les fans d’une horlogerie pure et originelle, disposant de surfaces financières intactes et d’une passion de collectionneur qui ne connaît pas la crise, en aient d’emblée fait leur légende. Autre détail à faire grimper la frénésie, trait d’élégance et de retour aux sources, les garde-temps Vagabondage font carrément l’économie sur leur cadran du nom de leur créateur. Un peu comme si la créature, tellement différente de filiation, se devait de trouver elle-même ses marques
Deux premiers épisodes
Tout commence en 2004, à Genève. L’horloger François-Paul Journe est appelé à offrir sa contribution comme donateur, lors d’un événement caritatif au profit de l’ICM - Institut de recherches pour les maladies du cerveau et de la moelle épinière. Il s’agit d’une levée de fonds en forme de gala ponctué par une vente aux enchèrespour laquelle il commet cet écart de création. Le modèle, dont la particularité est de disposer d’une heure sautante digitale, est finalement décliné en trois exemplaires avec une boîte en or blanc, une en or rose et l’autre en or jaune, se vend au triple son estimation initiale. Alors, sans rien annoncer ni communiquer, la Manufacture de l’Invenit et Fecit en fabrique 69 en platine ainsi que 10 en platine serties de diamants baguettes. Toutes sont habitées par un calibre mécanique à remontage manuel en or rose 18 carats. Clients et aficionados de la marque se les arracheront…
La Vagabondage II, lancée six ans après en 2010, produit le même effet sur les collectionneurs avec ses heures et minutes sautantes digitales. D’autant que ceux qui auront opté pour un numéro en particulier dans la première série numérotée et l’auront obtenu, n’entendent pas se laisser voler la priorité. Avec cette deuxième version, également à remontage manuel, le champ des possibles s’élargit néanmoins puisque, en plus des 69 exemplaires en platine et des 10 en platine sertis de diamants baguette, 68 modèles en or rouge sont fabriqués. Ici aussi, le calibre mécanique à remontage manuel est en or rose 18 carats. L’horloger lui a offert un barillet spécifique ainsi qu’un remontoir d’égalité dont la mission est, en raison du saut instantané des minutes et des heures, d’offrir une meilleure répartition et gestion de l’énergie.
Vagabondage III, calibre développé pour 137 garde-temps
Avec sa fréquence de 21'600 alternances par heure, le calibre 1514 en or rose 18 carats est la clef de voûte de cette troisième référence empruntant les chemins du Vagabondage. Lui aussi est doté d’un remontoir d’Egalité d’une minute – un brevet répondant au numéro EP1528443. Son échappement à ancre en ligne de 15 dents, son barillet à double ressort, ses décorations et finitions fines alternant platine partiellement perlée, motifs Côtes de Genève sur les ponts, têtes de vis polies, tour et fente anglées ainsi que goupilles à bouts bombés polis, sont de nature à titiller encore plus la fièvre entourant la dernière-née de la série.
Il n’y en aura que 69 en platine et 68 en or rouge. La priorité sera donnée aux propriétaires d’une ou de l’autre, voire des deux éditions précédentes. Ne serait-ce que, pour autant que faire se peut, les numéros puissent coïncider. Ici, à l’intérieur de cette boîte aux dimensions identiques à la Vagabondage II, le cadran opte pour le saphir fumé qui, jouant de ses transparences opaques, libère l’information du temps qui passe au compte-goutte, toujours selon le principe ‘sautant’. La Vagabondage III offre en première mondiale ses secondes sautantes digitales. Un filet blanc entoure les guichets à affichage digital, à 10h celui des heures, à 6h ceux des secondes. A ce blanc répond celui de l’aiguille centrale dédiée aux minutes. Ouf, un peu d’acier bleui tout de même, avec l’indicateur de réserve de marche qui s’ancre à 1h. Le spectacle, à nul autre pareil, est hypnotique: le ballet de ces secondes qui s’égrènent, de leurs chiffres qui, lorsque la comptabilité se fait décimale, flirtent, se touchent puis se séparent, a quelque chose de magique.
Trilogie et mise en scène
Avec ce triptyque voué à trois affichages digitaux, François-Paul Journe est à l’horlogerie d’excellence compliquée ce que Krzysztof Kieślowski, avec sa trilogie Bleu, Blanc et Rouge, est à la culture cinématographique dramatique. Un être à part, génial, criblé de récompenses, bercé de reconnaissances. Un être qui, tout en fidélisant son public, n’hésite pas à le désarçonner en l’embarquant vers des univers inattendus, colorés et rouges. Des univers qui fleurent bon les actes rebelles, anti système et vagabonds…