deLaCour Bichrono S1 - Musée de l'Horlogerie de Genève

L'icône deLaCour entre au Musée d'Horlogerie de Genève

Le designer urbain Pierre Koukjian voit tout en double. Parce qu'aucun de ses clients ne veut de son modèle Bichrono, il le sort à son compte. La marque deLaCour est née, son icône entre au musée 10 ans plus tard.

Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef

Un musée public se doit d'avoir un pied dans le présent, un lien fort avec les créateurs contemporains et les acteurs du tissu industriel alentours. Ces derniers contribuent en effet à donner du relief aux trésors du passé et, sous l’œil d’une Histoire toujours en marche, méritent de faire partie intégrante du patrimoine.

Fallet Koukjian offers a deLaCour Bichrono
Le 24 juin 2013, au cours d'une réception dressée dans le show room de la marque ouvert en 2005, quelque part entre les hôtels genevois Beau-Rivage et Richemond, Pierre Koukjian, co-fondateur de la marque deLaCour, et Esteban Salmon son Office Manager, recevaient Estelle Fallet, conservateur en chef des collections d’horlogerie, d’émaillerie, de bijouterie et de miniatures et responsable du Pôle Histoire.

Au programme de cette cérémonie conviviale, le don d’un modèle Bichrono issu de la toute première série produite par deLaCour. Lancée en 2003 à BaselWorld avant d’être récompensée six mois après par le Grand Prix d’Horlogerie de Genève, cette montre-bracelet, la première à disposer d’un double mouvement chronographe automatique, est devenue la figure emblématique de la marque ainsi que son terrain préféré de conjugaison. Elle rejoint d’autres œuvres actuelles révélées depuis douze ans notamment par le Grand Prix et déposées dans le patrimoine public grâce à la générosité des Manufactures.

deLaCour Bichrono
Malgré l’absence du Directeur du Musée d’art et d’histoire, Jean-Yves Marin, la bonne humeur, zestée d’une gratitude polie, s’est transformée en gravité: «Ce don offre une nouvelle occasion de rappeler l’importance que revêtent, parmi les diverses missions imparties aux musées publics, l’entretien de relations étroites avec les entreprises héritières de traditions ininterrompues», précise Estelle Fallet par voie de communiqué.

Conscient de son devoir de mémoire, un musée tel que celui de Genève, privé de son appellation unique de Musée d’Horlogerie et d’Emaillerie de Genève depuis le retentissant casse Route de Malagnou, témoigne de l’activité industrielle développée sur l’arc jurassien depuis le XVIe siècle. «Il est non seulement un conservatoire et un lieu de mémoire, il est le reflet des «arts vivants » et s’impose comme un témoin privilégié de la création et de l’innovation d’aujourd’hui», relève Estelle Fallet. Tout en annonçant que sa matière de prédilection, l’horlogerie, bénéficiera dans le nouveau projet de grand musée d’Art et d’Histoire signé Jean Nouvel, d’une situation d’entresol idéale au cœur de la partie séculaire. Elle sera certainement de facto une stratégie d’appel pour une cette discipline qui devrait accroître sensiblement la fréquentation du lieu. Les visiteurs en provenance du monde, lorsqu’ils séjournent à Genève, n’ont-ils pas avant tout sur le plan culturel, l’attente d’y étancher leur soif d’en savoir plus sur la montre suisse?

Fallet Koukjian deLaCour Bichrono
http://www.delacour.ch/
- http://www.ville-ge.ch/mah/

Opinion. Comment Genève a enterré son musée d’horlogerie

«Le Conseil administratif a décidé d’abandonner le projet de réaménagement et d’agrandissement du Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie au profit d’une mise en valeur des collections dans le cadre de rénovation et d’agrandissement du Musée d’Art et d’Histoire au 2, rue Charles-Galland. L’étude du réaménagement, de la sécurisation et de l’agrandissement du Musée est abandonnée.» Il s’agit d’un extrait du PV de la séance de l’après-midi du 18 janvier 2011. Une autre page officielle lui fait écho, la page 23 du Mémorial des Séances du Conseil Municipal de la Ville de Genève (168ème année, 4501 – N°39). Elle condamne le seul musée au monde à disposer d’une appellation porteuse, «horlogerie et émaillerie de Genève», au profit d’une appellation commune, «Musée d’Art et d’Histoire», telle qu’on en trouve des milliers dans le monde. Autrement dit, la sentence est sans appel. Elle clôt un sinistre épisode de la vie culturelle genevoise: CHF 423’032.07 ont été dépensés pour aboutir à la conclusion que la sécurisation de la Villa Route de Malagnou abritant le Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie de Genève était trop coûteuse.

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