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GPHG 2014: L’horloger Philippe Dufour en interview, la voix du maître

Lauréat en 2013 du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, pour sa vie et son œuvre, l’horloger a intégré cette année le Jury. Pétri de modestie, ce chantre du fait main tutoie l’excellence. Séquence émotion.

Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef

Le 31 octobre 2014, la directrice officiera lors de la 14ème cérémonie de la remise des prix. En amont, un full-time job pour cette personnalité habitée par sa mission: internationalisation, reconnaissance. Interview.

Le GPHG a-t-il changé votre vie?

Vous évoquez le prix spécial du Jury reçu l’an passé… Je n’ai pas vu de différence mais oui, cela a été un très grand honneur, et un plaisir. On m’a souvent dit que j’étais connu à l’étranger, et ce prix est une reconnaissance, une distinction qui m’a été décernée en Suisse. Prix du jury, on ne m’en a pas tellement parlé par la suite. Le fait d’être membre du Jury pour le Grand Prix d’Horlogerie de Genève 2014 m’offrira un contact intéressant avec différentes personnes et différentes professions. Et comme c’est la première fois cette année que je participe à ce jury, j’attends de voir ce que donneront les débats…

La médiatisation est-elle dangereuse pour un homme tel que vous?

Elle n’est pas dangereuse mais chronophage. Je ne sais pas dire non, c’est un trait de mon caractère. Tout ce que je fais c’est pour la région Vallée de Joux que je le fais, ce n’est pas pour moi. Car en ce qui me concerne, je n’arriverai jamais à faire et rentrer dans tous les projets que l’on me propose, et je n’en ai pas besoin. Mais, je réponds favorablement à tout ce qui permet de montrer un autre côté de l’horlogerie. J’ai toujours eu la volonté de partager. Le partage et l’exposition, la transmission des connaissances profitent à tous. 

Actuellement, combien de personnes attendent l’une de vos montres? On parle toujours de cette liste d’attente de Philippe Dufour?

J’ai quelques montres qui sont en commande, mais dans ce cas les gens sont prêts et savent qu’il faut attendre. En revanche j’ai énormément de demandes auxquelles je ne peux pas répondre, et ça vient de toute la planète… Je reçois des emails en provenance des Iles Fidji, de la Nouvelle-Zélande, mentionnant tous les détails souhaités sur la «Simplicity». Je suis obligé de remercier ces gens pour l’intérêt qu’ils me portent tout en les informant qu’il n’y en a plus !

Et tout cela sans jamais avoir fait de pub, car je n’ai jamais fait aucune publicité. Cela prend énormément de temps. Prenez le modèle «Duality» que j’ai sorti en 1996, je devais en faire 25, j’en ai vendu 9 et après il n’y avait plus de demandes… Et puis en 2007, la numéro 00 en platine s’est trouvée aux enchères chez Christie’s, c’était la première fois qu’une montre Philippe Dufour se trouvait aux enchères. C’était intéressant de voir comment elle se comporterait. Elle était assez grande pour se débrouiller toute seule! Aujourd’hui, j’ai 64 personnes qui en veulent une, car ils la connaissent! Mais il aura fallu dix ans pour qu’ils la connaissent. 

Quel geste sûr ou savoir particulier aimeriez-vous laisser à la postérité?

Un geste? Si on fait une montre il faut qu’elle soit précise, on n’en parle pas assez souvent, mais c’est fondamental. Par principe, une montre doit être précise, donc précision et esthétique - une esthétique qui n’est pas seulement fonctionnelle mais qui j’estime, doit être au moins aussi nécessaire pour justifier un prix élevé. Chaque pièce et chaque geste sont uniques: si par exemple je fais une décoration, un anglage un vendredi ou un lundi, il sera certainement différent, et je pourrais, tout en restant dans une marge de tolérance infime, distinguer très clairement à quel moment précis, et dans quel état je me trouvais au moment où je l’ai fait. Chaque pièce aura donc son caractère, sa particularité.

Un travail bien fait est-il source d’émotion?

Bien entendu, le travail bien fait, réalisé par n’importe qui d’ailleurs… Quand je vois un produit bien fait, cela force le respect, c’est tout. J’ai acheté une seule montre neuve de ma vie, une seule.

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