Fabienne Lupo

Interview de Fabienne Lupo, présidente de la Fondation de Haute Horlogerie : Comprendre Watches & Wonders Genève 2020

C’était la « Breaking News » de ce mercredi 16 octobre : le SIHH change de nom et devient Watches & Wonders Genève. Nous sommes allés à la rencontre de Fabienne Lupo, pour approfondir le nouveau concept.

Par Benjamin Teisseire
Contributeur

L’annonce a fait grand bruit et méritait bien quelques éclaircissements. La dynamique présidente répond ouvertement, comme à son habitude, à nos questions.
 

Benjamin Teisseire : Le SIHH n’est plus, vive Watches & Wonders Genève ! Concrètement que va-t-il se passer ?

Fabienne Lupo : Tout d’abord, il semble important de rappeler que cette décision ne sort pas de nulle part. Cela fait des années que le SIHH se transforme pour élargir son audience, développer son contenu et s’ouvrir au grand public. De nouvelles marques sont arrivées, une nouvelle plateforme live avec des « keys speakers » s’est mise en place : tout cela a déjà nourri le contenu et l’expérience du salon.

En 2019, le Lab présentait de nouvelles initiatives technologiques et digitales pour s’ouvrir vers un public plus jeune aussi. Le but affiché était déjà de présenter tout l’environnement de l’horlogerie pour faire grandir la communauté qui s’y intéresse.

En 2020, la mue s’achève. Les dates changent avec le rapprochement des deux grands salons horlogers. Nous voulions aussi adopter un nouveau nom, plus grand public, plus international, plus évocateur de l’émerveillement que suscite l’horlogerie par son artisanat, mais aussi par son innovation et ses développements technologiques. Watches & Wonders c’est cela ! C’est toute la formule qui évolue ainsi. Il y aura deux volets. « Le Salon » restera le saint du saint des relations B to B entre les marques, les médias et les distributeurs et détaillants. Mais il s’ouvre aussi plus au grand public qui pourra y accéder durant les 5 jours et bénéficier de l’expérience unique du salon. Des itinéraires de découvertes seront proposés pour les visiteurs pour accéder à toutes les merveilles dévoilées. Le second volet, « In the city », sera dédié au grand public et se déroulera dans la ville même.
 

B.T. : W&W Genève sera plus expérientiel parait-il. Que voulez-vous dire ?

F.L. : Milan a le Salone delle Mobile pour le mobilier, Venise la Biennale de l’art, Cannes son Festival du film, nous voulons faire de Watches & Wonders le festival de l’horlogerie à Genève : un vrai événement grand public partout en ville ! La programmation exacte de « In The City » est en cours de finalisation et vous en saurez plus bientôt. Je peux déjà vous dire qu’il y aura des expositions, des conférences, des ateliers, des démonstrations de métiers d’arts et des animations dans les boutiques des marques partenaires du Salon. De vraies expériences seront proposées au public et toutes les activités seront gratuites ! Il faudra cependant s’inscrire dans un souci évident de logistique. Mais la ville entière sera en ébullition !
 

B.T. : Cela ressemble à un vrai coup de pouce pour les « outsiders » du Salon qui exposent en ville. C’est une volonté ?

F.L. : Tout le monde en bénéficiera bien évidemment. Mais nous touchons une audience différente, plus large avec « In the city » qu’avec le Salon. Au final, c’est la visibilité de toute la richesse des savoir-faire horlogers qui sera le grand vainqueur. Watches & Wonders sera le moment idéal d’être à Genève pour tous les amoureux de l’horlogerie.
 

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B.T. : Et le volet « interactif » comment s’articulera-t-il ?

F.L. : Nous voulons proposer une programmation toujours plus intéressante selon deux formats au sein du Live. Le premier sera une plateforme pour les marques qui pourront choisir de présenter un lancement produit, une nouvelle collaboration, un partenariat, des ambassadeurs. L’idée est de partager avec le plus grand nombre tout l’environnement associé à la marque : ses produits, bien sûr, mais aussi ses valeurs, sa vision, sa stratégie. Le second sera autour de « keys speakers », qui ne viendront pas forcément de l’horlogerie, pour partager les meilleures pratiques d’autres industries en matière de Responsabilité Environnementale et Sociale ou de e-commerce par exemple. Il s’agira plus d’un forum où échanger des idées, partager des expériences, s’ouvrir sur le reste du monde, sur le modèle du forum de la Haute Horlogerie de la FHH. C’est notre côté « Think Tank ».

Le Lab se développe également. Il a été un énorme succès en 2019. C’est la preuve de la volonté grandissante de parler de l’horlogerie autrement. Nous présentions 20 projets cette année. En 2020, il y a déjà plus de 40 propositions !
 

B.T. : Avec des dates fin Avril, Watches & Wonders Miami, habituellement programmé en février, sera le premier salon de l’année ?

F.L. : Avec cette reprogrammation de Genève, nous envisageons des changements pour Miami, mais il est trop tôt pour en parler. Les dates seront confirmées plus tard. L’idée est de faire de Genève le Master event et d’autres destinations suivront, pas uniquement aux États-Unis...mais je ne peux en dire plus.
 

B.T. : On entend de nombreuses voix évoquer un calendrier tardif. Quelles sont vos options ?

F.L. : Les dates de Watches & Wonders et de Baselworld sont arrêtées pour les 5 prochaines années. Nous nous sommes mis d’accord tous ensemble. En 2021, ce sera deux semaines plus tôt, en 2022 ce seront les mêmes. Elles sont fixées pour le mois d’Avril. Je tiens à rappeler que pendant 20 ans c’était le cas : les salons se succédaient en ce même mois de printemps ! Ce n’est que depuis 2009 que les choses ont changé. Nous revenons à une organisation qui fait plus de sens car elle facilite la vie des visiteurs professionnels et évitent de multiplier les longs déplacements dans l’année. Et le « time to market » des garde-temps présentés sera beaucoup plus court pour le plus grand plaisir des consommateurs finaux aussi.
 

B.T. : Une question récurrente à propos du désormais « Salon » : Qui remplacera Audemars Piguet et Richard Mille qui ont annoncé leur départ cette année ?

F.L. : Le périmètre du Salon restera sensiblement le même qu’en 2019. Pas de nouvelles « grandes » marques ne font leur entrée. Certains indépendants du Carré des Horlogers partent aussi pour des logiques de groupe, comme Ferdinand Berthoud (groupe Chopard, nldr) ou Romain Gauthier (lié à Chanel, ndlr), mais d’autres les remplaceront.
 

B.T. : Dernière question. Nous évoquions dans votre interview lors du dernier SIHH 2019 la difficile équation à résoudre pour le Salon entre exclusivité et ouverture. C’est finalement l’ouverture qui a gagné ?

F.L. : Il me semble que cette nouvelle formule de Watches & Wonders est bénéfique aux deux ! L’exclusivité de « Le salon » est toujours là avec un événement très orienté B to B sur invitation, même s’il sera très ouvert sur le monde dans sa communication et la possibilité pour le grand public de profiter pleinement de l’expérience unique qu’il propose. Et l’ouverture évidente à travers de « In the City » qui amène l’horlogerie à la rencontre du grand public dans les rues de Genève.

Merci Fabienne pour vos réponses et votre temps précieux en cette période faste. Nous nous réjouissons de voir l’effervescence du Festival de l’horlogerie que sera Watches & Wonders à Genève du 25 au 29 avril 2020 !

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