Test: «J’ai volé avec ma Bulgari Diagono Ultranero Chronographe!»

Quoi de plus impersonnel, souriant et parfois lisse qu’une hôtesse, sur un vol à courte durée, qui plus est à bord d’un appareil low cost?  Genève-Nice, à peine 45 minutes pour tout faire: décoller, annoncer que le vol est à l’heure, qu’il fait beau au-dessus des nuages et un peu moins sur le tarmac d’arrivée, effectuer les gestes qui sauvent dans un climat désolant d’indifférence, puis, armée de patience, surtout si quelques égoïstes décident de dégainer leur carte de crédit au lieu d’aligner du cash, parcourir le couloir central aux commandes d’un chariot rempli à la façon couteau suisse d’un condensé d’offres alliant nourritures légères et shopping captif. Ce quotidien d’hôtesse, auquel nul ne prête attention si ce n’est celui qui effectue son baptême de l’air, n’est pas propice aux contacts autres que superficiels. Sauf qu’à mon poignet, ce jour-là, je portais cette Bulgari, briseuse de glace.

Masculine et virile, sauf que…

C’est incroyable ce qu’un nom Bulgari, gravé à même la lunette, peut fasciner la gent féminine. Après tout, cette signature, même sur une montre ronde dont les trois poussoirs renseignent sur son caractère de chronographe, se remarque à distance raisonnable. Et dans un avion, est-ce bien raisonnable, il arrive qu’une hôtesse vous frôle, surtout lorsque vous n’êtes pas assis côté hublot. Là, mon garde-temps a fait des siennes. Il lui a carrément accroché le regard, puis, ô merveille inhabituelle, ce sourire durable qu’elle a installé sur son visage. «Oui, oui, c’est bien une Bulgari.Non, non, la marque n’est pas que faiseuse de bijoux incroyables, elle s’est offerte depuis quelques années une percée respectable dans l’univers de l’horlogerie suisse, notamment avec quelques complications très masculines mais aussi au travers de collections iconiques.» Julie, hôtesse en chef sur ce vol, voulait tout savoir. Elle portait à son poignet quelque marque incertaine, de celles qu’on achète dans les avions et qui ne véhiculent pas forcémement les valeurs du swiss made. Elle arborait un modèle assez présent, dont le diamètre aurait également bien convenu à un poignet d’homme. Un peu comme ma Diagono Ultranero Chronographe et ses 42 mm de diamètres.

Je m’enflamme alors, lui expliquant que cette montre lui irait à merveille – nous faisons même l’essai en plein vol – bien que son nom, ait quelque chose d’assez masculin puisqu’il provient directement du grec ancien «agon» synonyme de compétition. Elle m’explique que dans son job aussi, il arrive que les flying intendants fassent preuve d’esprit de compétition. Le courant passe, j’enchaîne, puisque nous avons en commun un amour pour la Grèce, sur le fait que le premier modèle Diagono était apparu chez Bulgari il y a déjà un quart de siècle – ce qui me permet au passage de me renseigner sur son âge puisqu’elle avait 10 ans à l’époque. Il s’agissait d’un modèle déroutant qui, au-delà du dessin classique de son cadran, s’était laissé inspiré par le discobole de Myron, cet universel symbole sportif, puissant dans la culture des athlètes antiques. Son bracelet d’alors était d’un matériau inconnu en horlogerie de l’aluminium, léger et résistant. Ma version, celle de 2014, se réclame de cet héritage puisqu’elle fait appel aux matériaux actuels, le carbone et la céramique. La boîte en acier, traitée en surface selon la technique DLC (Diamond Like Carbon) – ses yeux scintillent à l’énoncé du mot diamant – est résistante aux éraflures, contemporaine lorsqu’elle s’enrichit d’un bracelet caoutchouc renforcé d’inserts en acier satinés.

Echanges prometteurs, lunette à fleur de peau

Elle me demande ce que je fais dans la vie, d’où me vient ma passion pour les montres. J’élude un peu la question, ramenant le sujet à cet objet dont l’étanchéité à moins 100 mètres de profondeur pourrait très bien faire de moi un homme grenouille ou, après le baiser réservé aux crapauds, un prince charmant… Je sais, c’est un peu lourd et facile, mais son sourire ne s’est pas effacé. Alors, ne sachant trop quelle mouche me pique, je lui livre quelques informations d’ordre technique: ce garde-temps est habité par le calibre manufacture B130. Manufacture signifiant que la marque Bulgari n’a pas fait son marché là où s’achètent la plupart des mouvements mécaniques horlogers, mais qu’elle s’est elle-même fendue d’une recherche, d’un développement ainsi que d’une fabrication d’un mouvement qui lui est propre et réservé. Elle croche, elle s’intéresse… Je lui explique, retournant ma montre pour lui en faire admirer les vues micro-mécaniques, que le rotor décoré dont la mobilité se calque sur les mouvements de mon corps, signifie que ce mouvement est automatique. Il bat comme un cœur à raison de 28'800 alternances par heure et dispose de 42 heures de réserve de marche. Autrement dit, le temps d’un presque week-end où cette montre, posée à tort sur une table de nuit malgré son caractère facile à vivre, ne s’arrêterait pas avant la fin d’un week-end…

Silence, l’évocation d’un week-end, d’une montre posée là où les sommeils s’égarent vers des rêves inavouables et où le temps devrait s’arrêter, semble la transporter ailleurs… Me suis-je fait un film? Honnêtement, si cette Bulgari ne m’avait pas été prêtée, le temps d’un test au porter, que son prix pourtant ultra raisonnable de CHF 8'800.00 restât en deça de la valeur du risque à prendre, je la lui aurais volontiers laissée en guise de promesse de revoir... Du genre : «Portez-là, essayez-là, elle vous va si bien à vous aussi, vous me la rendrez lorsque nous nous reverrons!» A-t-elle alors suivi le fil de mes pensées… Toujours est-il que nous avons échangé nos numéros de téléphone et nos adresses mail. Merci Bulgari.

Disponible aussi avec des aiguilles rouges, également avec la boîte en acier traité DLC, la couronne et les poussoirs en acier et céramique noire, le bracelet monobloc en caoutchouc avec inserts en acier et boucle ardillon. également pour le prix de CHF 8'800.00 – Ou en version avec aiguilles blanches à CHF 8'500.00 – Ou encore en version bicolore avec la lunette vissée en or 18 carats ainsi que la couronne et les inserts bracelet issus du même matériau, à CHF 10'500.00 – Calibre mécanique automatique B130.