Arnold & Son Tourbillon Chronometer No.36 Tribute Edition
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Arnold & Son ; Tourbillon Chronometer N°36 : sur les traces de James Cook

Seules quelques marques comme Arnold & Son peuvent historiquement se prévaloir d’avoir fondamentalement contribué à faire évoluer l’horlogerie au Siècle des Lumières et après. Parmi les pièces à avoir participé à cette mutation, il faut compter le chronomètre de marine 1/36, l’ancêtre du tout nouveau chronomètre à Tourbillon N° 36.  Embarquement immédiat !

Par Vincent Daveau
Contributeur

John Arnold (1736-1799), horloger à la suite de son père et formé par son oncle William Arnold aux arts de l’armurerie, s’est très tôt engagé dans la recherche fondamentale avec pour ambition de produire un garde-temps destiné à accompagner les marins en mer, conforme aux spécifications du Bureau des Longitudes Anglais. Cet instrument devait surtout être aisément reproductible afin d’en réduire le coût et d’en accroître substantiellement le nombre, de manière à permettre sa généralisation à l’ensemble de la Marine britannique. Et cela peut sembler incongru, mais dans ce domaine en Angleterre des années 1770 alors à l’aube de l’ère industrielle, tout restait encore à inventer.
 

La règle de l’itération

John Arnold, en homme des Lumières, devait être attentif à toutes les innovations proposées par les concepteurs de son temps. En technicien averti, il savait que plus simple était le mouvement et efficace l’échappement, plus le garde-temps avait de chance d’être aisément reproductible et bon marché. Mettant à profit ses réflexions et engagé dans les années 1770 dans cette compétition avec d’autres brillants horlogers pour parvenir à créer l’instrument ultime, il réussissait en seulement un an à mettre au point trois chronomètres de bord totalement originaux alors qu'il avait fallu deux années à Larcum Kendall pour produire K1, la copie de H4, la montre de John Harrison qui lui permettait de remporter le solde des 20 000 livres du Bureau des Longitudes.
 

A leur sortie, les détracteurs furent critiques car la précision absolue n’était pas au rendez-vous, mais la facilité de réalisation et une reproductibilité aisée ouvraient la voie à la renommée. Pratiquement seul sur ce marché et capable de fabriquer vite, il vendait sa production pour de coquettes sommes à des marins ou des scientifiques désireux de posséder pour leur propre compte un  outil horloger apte à garder au mieux le temps à bord d’un navire ou lors d’expéditions. En situation de quasi monopole, il n’avait donc cure des critiques venant d’horlogers incapables de rivaliser avec lui. Mais pour parvenir à trouver l'arrangement mécanique idéal, celui qui allait répondre à l’attente des marins, Arnold allait devoir encore tester de nouveaux types d’échappements, créer des spiraux et balanciers isochrones, insensibles aux variations de températures. Il développa pour cette raison beaucoup de prototypes, tous différents, qu'il vendît pour vivre (ou que sa clientèle lui suppliait de vendre).
 

Trouver la solution ultime

Avant de produire en quantité, il faut trouver la construction idéale et faire autant de prototypes que nécessaire. Selon ce principe, toutes les créations de John Arnold sont différentes à partir de 1770, mais tendent néanmoins vers la normalisation d’un procédé de construction. Résultat : en 1773, il réalisa sa première montre de bord équipé d’une détente pivotée de son invention. Assez satisfait du résultat, il la confia au Capitaine Phipps pour son expédition vers le pôle Nord. Les bons résultats de ce nouvel échappement de fabrication assez simple pour qui voulait le copier, obligèrent John Arnold à déposer, en 1775, un brevet d’invention pour l'ensemble (la détente pivotée, le spiral hélicoïdal et le balancier compensé de sa conception).
 

L’heure de la solution permettant de pouvoir fabriquer en série un garde-temps fiable approchait. Avec le balancier régulé à double « T », une détente pivotée et une rigoureuse construction, la montre numéro 1/36 remporta un record de précision.

En effet, cette pièce construite en 1778 devait subir un test de 13 mois à l’observatoire de Greenwich en 1779 et battre tous les records de précision de l’époque. Suite à ce résultat, le terme de « chronomètre » fut employé pour ce type de montre de précision dans le langage courant et dans les écrits. John Arnold produisit entre 10 et 12 de ces chronomètres plus ou moins identiques. Tous employaient les solutions brevetées, seulement, certains d'entre eux, sans raison apparente, rencontrèrent des problèmes de fiabilité. La raison de cette dégradation de la précision : le vieillissement prématuré des huiles fines d’origine animale.
 

Renouer avec l’exploit

Pour rendre hommage à ce premier chronomètre historique, la maison Arnold & Son a choisi de créer une montre-bracelet Tourbillon Chronomètre baptisée N°36 en hommage au premier instrument historique du genre. Conformément à la construction horlogère classique britannique, le calibre de cet instrument a été structuré de façon à ce que chaque mobile (roue ou élément mobile roulant) soit associé à un pont (rien moins que 13 en tout) que les artisans ont choisi d’artistiquement découper pour alléger visuellement la construction. Au final, cette architecture offre à l’observateur de pouvoir plonger le regard au cœur même de cette mécanique dont on devine certains composants inspirés de ceux qu’employait le fondateur de cette auguste entreprise au XVIIIème siècle.
 

Evidemment, pareille merveille se devait d’emporter une cage de tourbillon. En effet, on l’oublie trop souvent, mais le premier tourbillon réalisé par Abraham-Louis Breguet au début du XIXème siècle l’a été sur la base d’un chronomètre de marine d’Arnold (N°11 de 1770 avec détente pivoté, modifié pour embarquer la cage de tourbillon équipée d’une détente dite de Peto) qui était son ami le plus cher et dont il avait reçu le fils en 1792 pour le former.
 

Dans cette construction dont le cœur à remontage manuel  A&S 8600 a été intégralement développé à l’interne, la cage de quelques centièmes de gramme comprend tout juste 58 composants. Ce groupe de régulation très précis est certifié chronomètre par le COSC comme il se doit. Pareillement, le mouvement reçoit des finitions en phase avec celles qui avaient cours du temps du fondateur de l’entreprise. Ainsi, pour rendre ce grainage caractéristique des pièces dorées au mercure, la manufacture a fait finement sabler les surfaces. La version en or rouge reçoit pour sa part, une platine traitée NAC gris et des ponts plaqués palladium, tandis que la pièce proposée en acier emporte des ponts traités NAC et une platine DLC noir, une finition considérée comme plus contemporaine. Pareillement pour sublimer la pièce en finesse, la platine reçoit des rubis montés à l’ancienne, en chatons réalisés en or gris poli, les vis sont traitées également à l’ancienne, et les roues du train principal entraînées par les deux barillets garantissant 90 heures de réserve de marche une fois remontés à fond, sont étirés circulaires et leurs bras anglés et polis. 
 

Magnifique d’équilibre, cette référence Chronomètre à Tourbillon N°36 est avant tout un garde-temps de haute horlogerie dédié à la plus grande justesse horaire. Symbolique, il rappelle que les horlogers anglais ont été les premiers à s’intéresser à la pure précision et que John Arnold a été le premier horloger au monde à saisir l’importance de parvenir à produire des montres non seulement précises, mais aussi aisément reproductibles afin d’offrir au plus grand nombre de marins d’avoir les moyens de faire leur point en mer de façon efficace et simple. Cette pièce, par son approche dynamique et sa grande sobriété tout en demeurant compliquée à l’extrême, fait honneur au nom qu’elle porte et à l’horlogerie anglaise dont on oublie trop souvent qu’elle a dominé le métier durant tout le XVIIIème siècle et une bonne partie du XIXème.
 

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