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Se protéger, c’est bien, innover, c’est mieux!

Nick Hayek a été clair en annonçant la collaboration entre le Swatch Group et l’Institut fédéral de métrologie. A travers la naissance de la nouvelle norme sur le magnétisme l’horlogerie suisse renforce sa position.

Par Eric Othenin-Girard
Journaliste spécialisé

Depuis que l’horlogerie existe, elle est confrontée aux effets négatifs du magnétisme. Ces champs magnétiques provoquent en effet des problèmes sur la marche des montres mécaniques et peuvent aller jusqu'à engendrer des dérèglements importants. Malgré les progrès considérables qui ont été réalisés dans la construction des montres, le problème subsiste et des clients voient leur montre se comporter d’une étrange façon. Une résolution partielle du problème a toutefois été mise en place il y a un siècle. C'est en 1915 que Vacheron Constantin mettait au point la première montre de poche antimagnétique. En 1929, la première montre-bracelet de ce type voyait le jour, produite par la marque Tissot. A l’époque, ces montres avaient créé la sensation puisque leur mouvement avait été installé dans une boîte composée d’alliages de métaux insensibles au magnétisme. Ils étaient en quelque sorte enfermés dans une cage de Faradayqui leur offrait donc une isolation certes partielle mais suffisante pour l’époque.

Renforcer l’isolation

Aujourd’hui tout a changé puisque les champs magnétiques se sont renforcés et surtout sont nettement plus nombreux. Ainsi, on estime qu’un sac à main de dame, qui possède une fermeture sous forme d’aimant, avec un téléphone portable à l’intérieur et une télécommande de voiture peut dégager du magnétisme qui atteint quelque 3'500 à 4'000 gauss. Avec le développement des tablettes et de tous les appareils électromagnétiques qui encombrent les maisons et les véhicules, les champs magnétiques produits, mis bout à bout, avoisinent facilement les 15'000 gauss. Le gauss, qui porte le nom du mathématicien allemand qui l’a découvert est l'unité CGS «électromagnétique» à trois dimensions d'induction magnétique. Le champ magnétique terrestre est de 0,5 gauss en Europe, un petit aimant métallique type ferrite a un champ rémanent de l'ordre de 200 à 400 gauss, un gros électro-aimant plus de 15 000 gauss.

Nick Hayek CEO du Swatch Group avec Dr Christian Bock, directeur du METAS, Stephen Urquhart, president de OMEGA et les vice-présidents de OMEGA Raynald Aeschlimann et Andreas Hobmeier Nick Hayek CEO du Swatch Group avec Dr Christian Bock, directeur du METAS, Stephen Urquhart, president de OMEGA et les vice-présidents de OMEGA Raynald Aeschlimann et Andreas Hobmeier

Omega a trouvé la parade

On s’en souvient, il y a bientôt deux ans, Omega annonçait la sortie d’une montre mécanique automatique, équipée du célèbre échappement co-axial qui résiste à un champ magnétique de 15'000 gauss.

Cette montre n’a plus rien à voir avec ce que l’on entend par montre antimagnétique car ce n’est plus la boîte qui fait barrage aux champs magnétiques, c’est le mouvement entier puisqu’il est produit dans un alliage tenu secret encore et qui est totalement amagnétique. Cette découverte majeure va d’ailleurs équiper pratiquement toute la collection Omega. Bien sûr, cela ne se fera pas en un jour, mais au fil des ans, toutes les montres mécaniques produites par la maison biennoise seront équipées du système Master co-axial, lequel, joint au mouvement antimagnétique, va améliorer considérablement la chronométrie et la marche des montres mécaniques, même dans un environnement fortement magnétisé.

Caliber Omega co-axial 8500 Calibre Omega co-axial 8500

Une nouvelle norme est née

De la production de montres résistantes à des champs magnétiques de 15'000 gauss à la création d’une nouvelle norme attestée, il n’y avait qu’un pas que le CEO du Swatch Group a expliqué en conférence de presse. Nick Hayek a souligné qu’Omega avait travaillé sur des solutions durables sur lesquelles il faut assurer un suivi. Et de préciser que la mise en place de la nouvelle norme est une innovation importante pour l’industrie horlogère suisse toute entière.

«Nous avons toujours le souci de notre responsabilité et même si certains estiment que le Swiss made ne leur sert à rien, nous voulons permettre à toutes les marques de ce pays de soumettre leurs créations à la norme. Chacun doit comprendre que la lutte ne se déroule pas seulement dans les magasins et le marketing mais que l’innovation reste primordiale. Il ne faut pas rêver, les industries horlogères japonaise, chinoise, indienne, nous observent et elles ne restent pas sagement assises à nous admirer. Nous sommes donc condamnés à innover sous peine de mourir à terme».

Omega Seamaster Aqua Terra Omega Seamaster Aqua Terra, présentée en 2013, a été la première montre véritablement anti-magnétique

Collaborer avec un institut officiel

Nick Hayek a expliqué que l’horlogerie s’est identifiée à la Suisse. Et d’jouter que les institutions officielles de la Confédération ont aidé. Il était donc tout à fait logique que le groupe s’adresse au METAS, l’Institut fédéral de métrologie, qui est l’institut officiel le plus prestigieux de la Suisse. Ainsi est née la nouvelle certification, qui va bien au-delà du COSC, le Contrôle officiel suisse des chronomètres. L'institut certifiera chaque mouvement et chaque montre dont la précision n'aura varié que de 0 à +5 secondes par jour, avant et après une exposition à des champs magnétiques supérieurs à 15'000 gauss. Soit le niveau de résistance des modèles Master coaxial d'Omega, présentés comme les plus résistants du marché.

Une antenne du METAS à Bienne chez Omega

Le METAS installera ses instruments de mesure chez Omega à Bienne dans un local visible par les visiteurs. Le déménagement interviendra courant 2015, une fois la construction du nouveau bâtiment terminée. «Cela n'entame en rien notre neutralité et notre indépendance", assure le directeur de l'institut, Martin Bock. Mais ce n’est pas tout! Avec chaque montre vendue, Omega délivrera une carte sur laquelle figureront des indications destinées à l’acheteur de la pièce. Et s’il le souhaite, il pourra se connecter au site du Metas et en donnant les codes inscrits sur sa carte, l’acheteur pourra voir le résultat des tests complets de la montre qu’il porte à son poignet. Et le patron du Metas de souligner encore qu’il n’y a aucun contrat d’exclusivité entre Omega et l’Institut fédéral, que cette certification est donc ouverte à chacun, y compris à d’autres branches industrielles que l’horlogerie.

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