Omega Speedmaster Mark II

Omega Speedmaster Mark II: à l’heure des Seventies

Lié à la conquête spatiale et à celle de la lune, le Speedmaster d’Omega est l’un des plus célèbres chronographes de l’histoire horlogère contemporaine. Le voici, avec Mark II, revu à l’aulne de la mode.

Par Vincent Daveau
Contributeur

Quelles sont, sur cette terre, les montres dont la simple évocation peut prétendre être une forme d’expression du génie humain? A dire vrai, bien peu de modèles. La pendule marine H1 de John Harrison fera sans doute l’unanimité parce que, comme le Speedmaster d’Omega, elle a permis aux hommes de découvrir de nouveaux mondes. Certains esthètes se risqueront à citer les montres ayant, au fil des siècles, concourus pour le titre envié de montre la plus compliquée du monde. Ils auront raison, mais celles-ci n’ont permis que de repousser les frontières du monde mécanique connu, sans offrir à l’homme de se projeter vers d’autres univers.

Omega Speedmaster Mark II

Dans l’absolu, cet instrument n’est pas seulement un monolithe, une icône intangible. Car ce chronographe, dont l’histoire a débuté en 1957 et s’est poursuivie, a eu la bonne idée de résister aux tests et épreuves mis en place par la NASA. Homologué le 1er Mars 1965, il devient officiellement le chronographe des astronautes. Le destin de ce garde-temps est alors scellé, il entre par le biais de l’espace dans l’histoire de l’humanité.

Contexte historique, rude concurrence

Toutefois, toutes les histoires ont un sens caché. Et l’on retiendra qu’à l’instant même où les astronautes se préparaient à partir à la conquête de notre Satellite la Lune avec, au poignet, la génération de Speedmaster dont les boîtiers ont été retravaillés en 1963, la manufacture Omega réfléchissait à revisiter le boîtier de son chronographe devenu l’incarnation mécanique en vente libre de la conquête de l’homme sur le vide intersidéral. Aujourd’hui, pareille démarche semble presque incongrue, mais en ces temps-là, la marque était confrontée à une redoutable concurrence qui surfait sur la mode de son époque.

Omega Speedmaster Mark II

Face à des instruments comme le Navitimer Calibre 11 de Breitling, le chrono Monaco Calibre 11 de Heuer, le chronographe automatique Seiko et le Zenith El Primero, le Speedmaster d’Omega, même affublé du qualificatif de «Profesionnal Moonwatch» et adopté comme outil de prédilection par les conquérants de l’espace, pouvait sembler ringard aux baby-boomers qui à l’instar des Français, redescendaient doucement des barricades, luttaient contre la ségrégation, contre la guerre en Asie du sud-est et, par conséquent, aspiraient à quelque chose d’autre.

Speedmaster Mark II, d’Apollo à 2014

La Speedmaster Mark II était donc présentée en 1969, date à laquelle les astronautes d’Apollo 11 atteignaient notre satellite, la Lune. A l’époque, cet instrument était équipé d’un calibre 861 Lémania avec mécanisme d’enclenchement du chronographe par navette et non plus par roue à colonne (Cal. 321). Il était donc moderne, mais pas encore assez puisque la version dotée d’un mécanisme automatique devait apparaître au catalogue Omega en 1971, sous la désignation Speedmaster Mark III.

Omega Speedmaster Mark II

La référence éditée pour 2014, baptisée Speedmaster Mark II, est pour sa part équipée du calibre mécanique à remontage automatique Omega Co-Axial 3330 avec roue à colonne et spiral en silicium Si14. En faisant le choix de ce type de mouvement, l’engin présenté est plus proche du modèle Mark III que du Speedmaster Mark II de l’époque. Garde-temps à l’aspect d’antan, il s’inscrit dans ces conditions, dans la catégorie des produits «rétrofuturistes», autrement dit, il appartient à la famille des montres dont l’esthétique fait référence au passé, mais dont les mécanismes ont été modifiés de façon à satisfaire les acquéreurs contemporains peu enclins à apprécier les mouvements identiques ou sensiblement identiques à ceux d’alors.

Parfum de seventies

Dans le cas présent, Omega semble n’avoir pas tenu compte, comme elle le fait habituellement, des collectionneurs qui représentent tout de même pour ce type d’instrument de mesure du temps, un parc de clientèle non négligeable, capable d’absorber un volume supérieur à 2500 pièces en un temps record. C’est sans doute pourquoiavec cette motorisation, il est assez probable que les puristes y trouvent à redire.

Omega Speedmaster Mark II


Il eut été commercialement intéressant d’envisager produire cette pièce en version manuelle, dans une finition proche de la montre d’époque et de proposer, l’année prochaine, la version Speedmaster Mark III dotée, cette fois, du calibre automatique. On notera en outre que le cadran, inspiré lui aussi de l’original, arbore un guichet de date dont les extrémistes regretteront la trop grande présence (outil livré pour son réglage).

En revanche, tout le monde plébiscitera le traitement fait de la lunette portant l’échelle tachymétrique luminescente (Super-Luminova®). Pareillement, les aiguilles des heures et minutes, vernies en noir et blanc, sont également revêtues de Super-Luminova®, à l’instar de l’aiguille centrale du chronographe. L’ensemble, coloré, affiche clairement son orientation «seventies». C’est plutôt pas mal, la tendance restant pour l’instant encore, assez marquée par cette époque. Et parce qu’il faut conserver à ce modèle une proximité visuelle avec celui d’origine, ce Speedmaster Mark II se porte sur un bracelet en acier satiné, fermé au poignet par une boucle déployante extensible brevetée par Omega et munie d’un fermoir à crémaillère pour un ajustement au millimètre.

Hybride et rassurante

Ce produit très «branché» est un pur produit hybride, ni tout à fait inspiré de l’ancien, ni tout à fait éloigné de l’histoire de la marque. Dans le cas présent, la manufacture n’a pas fait de choix radical et a doute préféré sauter une étape (celle de la version manuelle) pour assurer ses ventes auprès d’un public dont les motivations d’achat ne sont pas nécessairement les mêmes que les acheteurs des Speedmaster Professional Moonwatch traditionnelles, régulièrement proposées en séries limitées. Voilà sans doute pourquoi également, en plus d’être étanche à 100 mètres et doté d’une glace saphir, ce chronographe est assorti d’une garantie de 4 ans à partir de la date d’achat… Une façon comme une autre de rassurer les nouveaux adeptes de l’horlogerie mécanique…

Merci à Fratellowatches et Deployant.com pour les photos

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