Schwarz Etienne, une légende horlogère revit
Soudain, ailleurs que dans la halle principale de Baselworld, la marque Schwarz-Etienne sort enfin de l’ombre. Son rachat par Raffaello Radicchi lui donne des ailes au point de la propulser sur les traces de Roswell.
Pour tout enfant de la Chaux-de-Fonds, ce fleuron horloger créé en 1902 par Paul Arthur Schwarz et son épouse Olga Etienne est avant tout une enseigne carrément incrustée dans l’inconscient collectif. Son célèbre logo, devenu SE, a si longtemps trôné sur un mur de la métropole horlogère qu’on en aurait presque oublié l’histoire qu’il incarne, une trajectoire industrielle ininterrompue vouée à la fabrication de mouvements vendus aux autres marques d’avant la crise du quartz survenue à l’orée des seventies. Ebauches SA – rebaptisée ETA en 1985 – lui avait même confié la production de calibres aux noms mythiques, Venus, Alpha, Astin et Chanel. D’ailleurs, sur les sites de vente aux enchères de pièces vintage, surgissent régulièrement, en parfait état de marche, des montres Schwarz Etienne de cette époque. Elles sont à chaque fois des témoignages arrachés aux histoires individuelles de leurs milliers de possesseurs.
Un coffret à un million de francs suisses
Aujourd’hui, le slogan «En mouvement depuis 1902» rappelle autant le glorieux passé de l’enseigne que les quinze dernières années d’une relance qui fit la part belle aux tourbillons. D’ailleurs, dans un coffret en bois massif laqué d’une rare beauté, puisque réalisé par un peintre miniaturiste, comme les cadrans des pièces exceptionnelles qu’il contient, se trouvent sept tourbillons uniques dédiés aux planètes du système solaire et donc, par extenso, aux jours de la semaine. A chaque fois, une interprétation de l’artiste mêlant couleurs spécifiques et finitions ultimes. Le reste de chaque construction fleure bon le respect des arts horlogers et complicationnels, eux aussi soumis à des dispositions particulières accentuant l’unicité de chaque pièce.
Evidemment, ces gardes temps peuvent s’acquérir individuellement, toutefois, l’incitation à la collectionnite aiguë est plus qu’explicite. Ceux dont la surface financière le permet devraient presque naturellement débourser le million de francs suisses nécessaire à l’acquisition de cette mini collection. Après tout, pour quelle raison devrait-on se priver de porter une montre différente chaque jour de la semaine?
Nouvelle ligne Roswell
L’actualité 2015 de Schwarz-Etienne, c’est aussi l’arrivée d’une ligne nouvelle, la Roswell Irreversible, faite d’une boîte soucoupe aux angles travaillés et aux surfaces évolutives propices aux finitions variées mêlant diversité de matériaux et de revêtements. Et puisque la marque reste intimement liée à la fabrication de mouvements maison, voici que pointe, à l’horizon du renouveau amorcé par l’arrivée du Directeur Mauro Egermini, une famille de calibres manufacture dont l’indépendance risque fort d’attiser, et le projet l’entend bien, les convoitises d’autres marques en mal d’approvisionnement. Sur la Roswell, c’est le spiral qui se laisse admirer via un ajourage du cadran. Sa matrice, dans sa conception d’origine, indique déjà les orifices qui lui ouvriront les portes de l’ajout progressif de petites complications prisées, au fur et à mesure que la marque retrouvera l’essor escompté et fera vivre sa famille de mouvements.
Un environnement produit déjanté
Schwarz Etienne, rachetée par l’entrepreneur chaux-de-fonnier Raffaello Radicchi, est appelée à redevenir connue, ne serait-ce que parce que les trésors de son histoire regorgent de promesses d’avenir. Elle mérite de susciter la curiosité des collectionneurs qui influencent le marché par leur goût sûr et leur sens des découvertes en marge des passages obligés.
D’autant qu’une certaine contemporanéité colore son classicisme de bon aloi et qu’en matière d’environnement produit, elle sait se montrer particulièrement avant-gardiste.
Ainsi, sur son site internet, trois visuels dessinés qui se laisseront volontiers imprimer, permettront, au moyen d’une application installée sur n’importe quel smartphone, de vivre une belle expérience de réalité augmentée: soudain, sur le cadran pointé vers le visuel, c’est soit le mouvement dénudé qui se met en marche, dévoilant ses rouages travaillés, ou soit la nouveauté Roswell qui s’installe à votre poignet. En plus de cette démarche expérientielle bientôt accessible à tous, il était possible, sur le stand à Bâle, d’endosser des lunettes magiques le temps d’un court film panoramique en 3D. Au menu, un univers cinématographique peuplé de planètes et d’une soucoupe volante stylisant une Roswell dont le fond se détache. En sort non pas une volée de petits hommes verts, mais un calibre de belle facture, s’offrant aux plongées virtuelles dans le secret de ses rouages…