Rotonde de Cartier Astrocalendaire hands-on

Rotonde de Cartier Astrocalendaire: une attraction perpétuelle

A l’ausculter sous toutes les coutures, on en vient à se dire que, comme toute chose bien née, cette œuvre est la somme d’une expertise commune, la résultante d’un travail mené en équipe.

Par Vincent Daveau
Contributeur

Il est des montres, comme celle-là, dont l’intensité du design impacte le regard avec une telle puissance qu’il est, après coup, impossible de l’oublier. La Rotonde de Cartier Astrocalendaire fait incontestablement partie de ces référence rares ayant su faire fusionner une architecture originale à un agencement mécanique sortant de l’ordinaire, au point de ne pas savoir lequel des deux univers l’a emporté sur l’autre pour donner naissance à pareille création.

Créativité horlogère hors norme

Ce groupe de travail, emmenée par Carole Forestier Kasapi, a la capacité et le talent de proposer des créations incroyables. Et le moins que l’on puisse dire de cette association de gens doués, est qu’elle est parvenue, en quelques années, à faire passer la maison Cartier d’une entreprise fabricant des montres de luxe, à l’une des marques les plus inventives dans tous les secteurs de l’horlogerie et, en particulier, dans celui des grandes complications.

Rotonde de Cartier Astrocalendaire

Alors c’est vrai, Cartier se donne les moyens de ses ambitions et sait s’entourer. Mais la marque sait aussi écouter ses concepteurs et développeurs. Car présenter plusieurs nouveautés de haute volée par année est, même pour une grande maison, une vraie gageure et nécessite de la part de ses collaborateurs de s’investir à fond. La créativité horlogère, comme tous les arts, ne tombe pas du ciel et si même certains développeurs sont touchés par la Grâce comme peut l’être Carole Forestier et les membres de son équipe, c’est toujours le travail assidu et la confrontation des idées qui donne naissance à des œuvres sortant de l’ordinaire.

Le QP réinventé, seulement des roues

L’idée de départ, comme le soulignait Carole, était de s’éloigner des représentations traditionnelles pour l’affichage des informations calendaires. C’est toujours facile à dire, mais dans les faits, il y a beaucoup d’écueils car, ce qui reste possible en matière de réalisation l’est souvent parce que l’exécution demeure ardue. Comme le souligne Carole: «pour parvenir à dépasser l’existant, il s’avère parfois nécessaire de prendre une toute autre approche quitte, tout bonnement, à réinventer la complication. Et, pour débuter, il semblait important de cibler les faiblesses des QP (Quantième Perpétuel) existant.

Rotonde de Cartier Astrocalendaire

Le but final est de le «réinventer», de donner une nouvelle dimension, une nouvelle esthétique et de faciliter la mise en œuvre de l’une des complications les plus appréciées du marché.»  Pour cela, comme le dit Carole «on a choisi de n’utiliser que des roues.» Dans cette construction, il n’y a pratiquement pas de ressorts, de cames, de leviers, de limaçons et d’étoiles.                                                          

La raison de ce choix? Comme l’indique Carole, il est naturel et en relation avec les problématiques liées à la chronométrie. «En raison des ressorts, des cames, les passages des informations calendaires d’un quantième perpétuel influent sur la chronométrie en générant des fluctuations car les sauts de date et plus encore ceux que l’on définira comme cumulés (date, jour et mois) pompent de l’énergie sur les deux barillets et ceci est préjudiciable à la précision du garde-temps.» Et comme le rappelle Carole: «quand on a que des roues, il n’y a aucun élément à vaincre et à combattre, ce choix est donc intéressant au niveau horloger. Mieux même, le choix d’un train d’engrenage permet également de résoudre –s’il est correctement ordonné- le problème des réglages et des corrections calendaires

Rotonde de Cartier Astrocalendaire

Eviter la casse

Dans une construction classique faisant appel à des correcteurs toujours mal identifiés, le plus gros problème tient aux périodes où il n’est pas possible d’agir sans risquer de casser un composant. Et Carole de renchérir: «avec des rouages, on peut corriger quand on veut, sans risque de casse; c’est un énorme avantage.» Ainsi, et pour être très clair, les informations calendaires de date et de mois de la Rotonde Astrocalendaire son réglées par la couronne de remontoir placée en position intermédiaire. L’année bissextile affichée au dos de la montre et observable par le fond transparent se règle également par le truchement de la couronne. Seul le jour de la semaine, offrant seulement sept options possibles, dispose d’un poussoir de réglage, noyé à 2 heures, dans la carrure de boîte façonnée en platine.

Un calibre nommé désir

Evidemment, son calibre automatique à tourbillon volant référencé 9459 MC comprenant 67 engrenages est une construction mécanique innovante qui de n’a de sens qu’associé à un mode d’affichage sortant de l’ordinaire, offrant une grande facilité de lecture. Dans cette configuration née de l’esprit fertile de toute une équipe, le dessin ne laisse pas indifférent et fait la part belle aux cercles.

Rotonde de Cartier Astrocalendaire

Ils sont, tour à tour, concentriques, chevauchant et se projettent sur le cadran comme le ferait l’onde d’un pavé que l’on aurait délibérément jeté dans une mare à l’eau étale.  L’ordonnancement du cadran est non pas plan comme dans le plupart des constructions traditionnelles, mais travaillé en volume et, dans le cas présent, en profondeur puisque les cercles concentriques formant tous une partie constitutive de la platine et permettant de lire la date, le mois et le jour, sont décaissés jusqu’à atteindre le sommet de la cage du tourbillon volant qui occupe judicieusement le centre de cette sorte d’amphithéâtre dédié au calendrier.

On s’en doute, les puristes appréciant l’exceptionnel auraient sans doute voulu voir ces anneaux tourner pour faire s’aligner dans l’axe 12-6 les informations calendaires y étant apposées. Mais pareille mécanique aurait « pompé» trop d’énergie au mouvement dont la raison première est d’afficher l’heure avec le plus de justesse possible. Ce sont donc de fins guichets bleuis, solidaires de fines serges de roues (invisibles) traitées PVD bleu et associées chacune à leur platine, qui présentent de façon superposée les différentes informations calendaires, au quotidien.

Rotonde de Cartier Astrocalendaire

La mise en rotation de ces cercles dentés à la périphérie, emmenés par un train d’engrenage piloté par un organe centralisant les données, a été partiellement breveté. La demande a porté en particulier sur la roue dotées de 3 dents «flexibles», destinées à gérer la longueur des mois, ou plus exactement sur le fait d’avoir des dents rétractables.

Fascinante, belle et parfaitement dans l’ADN de la marque, la Rotonde de Cartier Astrocalendaire est une montre de 45 mm de diamètre en platine inspirée et éditée pour cette raison, à seulement 100 exemplaires pour le monde. Complexe mécaniquement et originale tant sur le plan de l’affichage que d’un point de vue purement stylistique, cette pièce assemblée et réglée dans les nouveaux ateliers Cartier situés au cœur de la ville de Calvin, répond en tout point au cahier des charges lui permettant de voir apposé sur l’un de ses ponts, le rare Poinçon de Genève.

Et recevez chaque semaine une sélection personnalisée d'articles.

Les QP: l’art de tout rapporter à la couronne

Par Vincent DaveauContributeur
Comme toutes les mécaniques complexes d’antan, le Quantième Perpétuel, au même titre que les répétitions minutes...