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Réseau des Fleurons : Une nouvelle filière de formation horlogère

La formation de polymécanicien a été boostée grâce à une filière lancée à la rentrée d’août. Un concept novateur, conçu par le Réseau des fleurons, une association de neuf entreprises, dont cinq horlogères. Les apprentis seront bientôt au nombre de 40.

Par Brigitte Rebetez

Le cursus de polymécanicien est en plein boom depuis la rentrée d’août au Val-de-Travers (NE). Sept apprentis viennent de commencer une formation duale de quatre ans - un chiffre record puisque, jusque-là, la vallée n’en formait que deux. Mieux encore, il est prévu de créer 40 places d’apprentissage de polymécanicien d’ici quatre ans, à raison de dix par année.

Implication horlogère

Cette nouvelle filière a vu le jour grâce à l’association Réseau des fleurons (lire encadré), qui réunit neuf grandes entreprises du Val-de-Travers, dont cinq horlogères: Chopard Manufacture, Parmigiani Fleurier, Vaucher Manufacture Fleurier, Piaget et Manufacture horlogère ValFleurier. Son cursus novateur s’articule en deux temps: les apprentis commencent par deux ans de cours pratiques dans un atelier de formation en école, avant de rejoindre leur entreprise respective pour effectuer leurs deux dernières années d’apprentissage.

Vaucher ManufactureVaucher Manufacture, le coeur de MHF

Une formule qui a l’avantage de démultiplier le nombre de futurs polymécaniciens, dont les entreprises horlogères et mécaniques manquent singulièrement, sans monopoliser les (coûteuses) lignes de production.

Former ou produire, plus besoin de choisir… Les apprentis sont coachés par un formateur dans un atelier au Centre neuchâtelois d’intégration professionnelle, à Couvet, tout en étant suivis par un team pédagogique issu des fleurons. Le coût de la formation est couvert par les subventions ordinaires, les entreprises formatrices et la commune. «Ce modèle est intéressent à la fois humainement et financièrement», souligne Maurizio Ciurleo, directeur de Chopard Manufacture et président de l’association Réseau des fleurons. «Nous formons sans avoir à mobiliser nos machines et, lorsque les apprentis intégreront nos ateliers, ils auront déjà de bonnes bases pratiques.»

Devoir de transmission des savoirs

Mais pour lui, l’objectif va bien au-delà des besoins immédiats de la manufacture qu’il dirige: il estime que toutes entreprises ont le devoir de créer des places d’apprentissage, surtout dans un secteur qui peine à trouver des collaborateurs qualifiés depuis des années.

Maurizio Ciurleo  Maurizio Ciurleo president du Réseau des Fleurons (Crédits: BNJ.ch) 

«Si nous ne formons pas la relève, qui va le faire?» lance Maurizio Ciurleo. «Il est de notre responsabilité d’entrepreneurs de transmettre notre savoir-faire! Or, notre pays produit toujours plus de montres, mais la formation de main-d’œuvre qualifiée ne suit pas…» Chef du dicastère de L’Economie et des finances de la commune de Val-de-Travers, Jean-Nat Karakash salue l’état d’esprit qui a prévalu au sein des entreprises partenaires depuis la première séance de travail en 2004: «On leur a ouvert la porte et, d’emblée, elles se sont montrées capables d’identifier quels étaient leurs intérêts communs. Elles ont réussi à dépasser leurs rivalités pour bâtir une filière qui leur sera profitable à toutes.» Pour Florian Serex, directeur de Vaucher Manufacture Fleurier, collaborer était tout naturel: dans chacune des entreprises membres, on retrouve les mêmes métiers, les mêmes exigences. «Nous devons garantir le Swiss Made, perpétuer notre savoir-faire, former la relève… Nos objectifs sont les mêmes: nos concurrents ne sont donc pas au Val-de-Travers, mais en Chine!», argumente-t-il.

Le Réseau des fleurons pourrait bien poursuivre sur sa lancée avec le développement d’autres projets communs.

Il n’est pas exclu qu’à terme une nouvelle filière de formation horlogère voie le jour ou que des collaborations se concrétisent dans des domaines très différents - accueil parascolaire ou navettes pour les collaborateurs par exemple. «Maintenant que la formation de polymécanicien est lancée, glisse Maurizio Ciurleo, il faut s’atteler à d’autres projets…»

Piaget manufacture tool mastery and secure independence 10 La manufacture Piaget

D’un réseau à l’autre

L’association Réseau des fleurons est composée de neuf entreprises: Bourquin, Chopard Manufacture, Etel, Mauler et Cie, Parmigiani Fleurier, Piaget, Manufacture horlogère ValFleurier, Vaucher manufacture Fleurier et Waeber HMS, autrement dit les principaux employeurs du Val-de-Travers totalisant 1500 places de travail. Née officiellement le 5 juillet dernier, elle est le fruit du contrat de région RUN (Réseau urbain neuchâtelois) signé en 2007, entre les communes, les grandes entreprises du Val-de-Travers et le canton. Le RUN est une stratégie de développement axée sur le partenariat et constitue la réponse du canton de Neuchâtel à la politique fédérale des agglomérations. Le Réseau des fleurons poursuit des objectifs très concrets, à commencer par la création de places d’apprentissage. Son but est de favoriser à la fois le développement économique des entreprises membres et celui de la vallée, en y améliorant les conditions cadres.

« Notre chance, c’est que les fleurons du Val-de-Travers ont des directeurs locaux dotés d’un pouvoir de décision», analyse Jean-Nat Karakash, conseiller communal en charge de l’Economie et des finances. «Ils sont conscients que le destin de l’entreprise est lié, dans une certaine mesure, à celui de la région. »

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