01 W 5304R 001 AMB FOND

Patek Philippe Grand Complication 5304 R27

Par passion des complications, tout simplement. Cette année, la manufacture Patek Philippe fête le cent soixante quinzième anniversaire de sa fondation.

Par Vincent Daveau
Contributeur

Pour mémoire, elle a été créée en 1839 par Antoine Norbert de Patek et François Czapek, et l’horloger français Jean-Adrien Philippe s’est joint en 1851 à l’aventure en apportant avec lui l’invention du remontoir au pendant. Fière de son patrimoine et de sa réputation d’excellence, cette maison s’est très tôt fait une spécialité des montres à complications. Aussi, avant d’aborder la référence 5304, il semblait bon de rappeler dans les grandes lignes, l’histoire de cette maison reprise en 1932 par les Frères Stern, et des rapports qu’elle entretenait depuis toujours avec la belle horlogerie. Ainsi, en 1912, la maison met en fabrication la première montre à complications du constructeur automobile James Ward Packard.

Puis, en 1927 il reçoit une montre astronomique, deuxième pièce commandée, tandis que le magnat Henry Graves JR fait la demande d’une référence encore plus compliquée.

Célèbre pour avoir réalisée quelques-unes des montres les plus compliquées de l’histoire de l’horlogerie, Patek Philippe renchérit en 1989 en présentant la  montre de poche dite Calibre 89 pour célébrer son 150ième anniversaire.


Patek Philippe calibre 89 P1989B

Mais cette maison possédant aujourd’hui son propre Poinçon de qualité, est aussi célèbre pour battre régulièrement ses propres records. Ainsi, en l’an 2000 elle présente la montre Star Caliber, une référence comprenant 1118 composants pour 21 complications. Et l’année suivante, portée par sa lancée, elle dévoilait la Sky Moon Tourbillon 5002: la montre-bracelet la plus compliquée proposée par la manufacture. En 2008, elle lançait la référence 5207 (calendrier perpétuel, répétition minutes et tourbillon). En 2011, la manufacture présentait la version 5208 en platine avec chronographe monopoussoir, quantième perpétuel et répétition minutes. L’an passé, Patek Philippe nous offrait une réinterprétation de la Sky Moon Tourbillon sous la référence 6002, car cette montre faisait alors usage de sa grande complexité pour célébrer les métiers d’art auxquels a toujours été sensible la manufacture genevoise.

Patek Philippe Ref.6002 Sky Moon Tourbillon

Alors, cet été, en attendant la célébration du 175ième anniversaire qui, selon la rumeur, promet d’être grandiose en nouveautés compliquées, il semblait utile d’entretenir l’intérêt pour la fine mécanique en présentant la montre à Grande Complication 5304 R27 dévoilée lors de Baselworld. Cette référence de 43 mm de diamètre en or rose abrite un calibre mécanique à remontage automatique de manufacture référence R27 PS QR LU, et deux complications majeures parmi les plus prisées du marché: la répétition minutes et le quantième perpétuel.

Patek Philippe calibre R27 PS QR LU 184

On notera que le boîtier travaillé de motifs géométriques sur la bande de carrure instaure comme une sorte de nouvelle ère, car le traitement assez baroque des boîtiers de montres-bracelets n’avait pas véritablement cours jusqu’à la référence 6002 présentée l’an passé. Pareillement, cette montre au demeurant excellente ouvre son cadran comme aucune autre ne l’avait fait auparavant. Rappelons-nous du Tourbillon 10 Jours présenté en 2003 qui ne laissait rien voir de cet organe réglant que toutes les marques mettaient alors en avant. En tout juste 10 ans échus, les choses ont bien changé et le caractère fortement démonstratif des marques concurrentes a eu raison de la légendaire réserve de cette maison qui, attachée à la sobriété du vrai luxe, bannissait l’ostentatoire.

Patek Philippe Reference 6002

Pour vivre avec son temps, il ne suffit pas d’être au goût du jour en matière de technologie, il faut également être en phase avec les tendances du moment pour répondre aux attentes des amateurs. L’horlogerie étant à la démesure depuis l’arrivée des marques dites de nouvelle horlogerie, il faut aux maisons institutionnelles donner le ton en restant connecté avec leur époque. La dématérialisation du cadran de cette montre est en soi un manifeste démontrant à qui en doutait le talent de cette maison disposant de son propre poinçon de qualité (Poinçon Patek Philippe) de réaliser un travail de finitions dans les règles de l’art. Une observation à la loupe des composants visibles ne laisse planer aucun doute. On est, comme à l’habitude, à un niveau supérieur. Les éléments en acier, étirés et anglés, sont placés avec ce talent que seuls les vrais artistes ayant hérités leur savoir des anciens peuvent avoir. On notera pour cette pièce le choix retenu de rendre visible une partie des composants du mécanisme de quantième perpétuel et en particulier le sélecteur de longueur des mois, visible au niveau du guichet dédiés à l’affichage de leur nom. On retiendra également la présence d’un indicateur de date par aiguille qui, tout en ayant un petit caractère désuet, n’en demeure pas moins technique puisque l’ensemble est rétrograde et sobrement affiché sur fond bleu à la périphérie de cadran afin de ne pas perturber la contemplation de la mécanique.

Tout de même, l’œil pourra être stupéfait par la présence assez écrasante de l’indication des phases de lune dans cet univers totalement aérien. L’idée de placer un pareil affichage se justifie mais vient peser sur un agencement au demeurant pratiquement parfait. Même les disques en saphir légèrement sablés des dates, mois et années bissextiles (à 12 heures) tiennent parfaitement leur place avec leur très léger dépoli qui fait oublier la présence d’un cadran, pour le coup, totalement transparent et traité antireflet (support aux guichets et affichage des indications de secondes, à 6 heures).

Mais cette montre ne se contente pas d’être juste un quantième perpétuel dévoilant un peu plus ses charmes qu’à l’accoutumée. Dans les faits, cette merveille sait également donner de la voix pour informer son porteur de l’heure qu’il est. Cette pièce, à sa façon, pourrait préfigurer une création que l’on sait appréciée des vrais amateurs de technique horlogère et qui pourrait être le fer de lance du 175ième anniversaire de la manufacture. On pense par exemple, comme le laissent entendre certaines personnes bien informées à Genève, qu’il pourrait s’agit d’une montre à Grande Sonnerie incluant bien évidemment toutes les fonctionnalités que laisse entendre cette complication : à savoir des fonctions de petite sonnerie, silence et répétition minutes. 

Pour l’heure tout ceci n’est que spéculation. Au reste, on sait que pour la référence 5304, la manufacture a opté pour une construction traditionnelle sur deux timbres et fait appel à un mécanisme par verrou intégré à la carrure. Avec cette construction classique parée d’un boîtier faisant montre d’une vraie modernité la manufacture a su séduire les amateurs qui reprochaient à cette maison d’être parfois trop traditionnelle dans son approche de la haute horlogerie. Le résultat est équilibré même si, évidemment, les différences d’avec la version précédente ne sautent pas aux yeux. Cette merveille de mécaniquese porte au poignet sur un magnifique bracelet cousu main en alligator à écailles carrées, fermé par une boucle déployante réalisée en or rose.

Et recevez chaque semaine une sélection personnalisée d'articles.

Patek Philippe à New York: The Art of Watches Grand Exhibition

Par Rhonda RicheRédacteur
A Manhattan, l’exposition The Art of Watches Grand Exhibition fait l’unanimité auprès d’un vaste public. Et les œuvres...

Patek Philippe Calatrava Pilot Travel Time 5524, l’heure du voyage

Par Vincent DaveauContributeur
L’histoire Patek Philippe se confond souvent avec les grandes aventures humaines. Le lancement cette Calatrava rappelle aux amateurs son implication de...

Patek Philippe GrandMaster Chime, la pièce maîtresse du 175e anniversaire

Par Simon de BurtonContributeur
A l’heure où vous lirez ces lignes, Patek Philippe aura dévoilé les trésors de sa collection 175ème anniversaire...