Complicated watchmaking: the ultimate quest for extra-flat performance
SIHH

Horlogerie compliquée: la quête ultime de l’extra-plat


L’ultra fin horloger se trouvait dans les allées du SIHH 2018 comme en dehors, aussi là où on ne l’attendait pas forcément. Preuve que les horlogers s’y emploient depuis la nuit des temps.
 

Par Joël A. Grandjean
Contributeur


La miniaturisation, la quête de l’ultraplat est à ajouter au nombre des complications horlogères. Le mécanisme d’un calibre horloger, ça prend inévitablement de la place. Quand bien même se destine-t-il, depuis l’arrivée des montres bracelets il y a environ 1 siècle, à un espace somme toute assez réduit. Reste que les horlogers de tous temps ont ajouté à leurs réalités déjà complexes quelques casse-têtes supplémentaires. Comme la miniaturisation et comme le fait d’user d’une bonne dose de science chronométrique mélangée à des trésors d’ingéniosité afin de réduire au maximum l’épaisseur d’un mouvement de montre sans le priver de ses performances.
 

Dans les gènes de Piaget, le calibre 9P


Chez Piaget, avec raison, on parle d’ADN. Comprenez que l’extra fin est dans les gènes de la maison, depuis que celle-ci, en 1957, mettait au point dans son berceau de la Côte aux Fées, son mythique 9P, un calibre à remontage manuel considéré, avec ses 2 mm d’épaisseur, comme la panacée en matière de finesse. Puis il y eut le 12P, calibre mécanique à remontage automatique, longtemps le plus plat du monde avec ses 2.3 mm. Dès lors, en gardienne d’un trésor patrimonial dont l’un des joyaux, la ligne Altiplano, continue de fasciner un nombre croissant de passionnés, la marque se doit de cultiver cette particularité. Sans cesse, elle ajoute à son histoire en marche, une touche de record doublée du rayonnement d’une talking piece.
 


Cette année, deux modèles ont carrément crevé les écrans. Le premier sera la montre automatique la plus plate du monde avec ses 4.30 mm d’épaisseur. Il s’agit de l’Altiplano Ultimate Automatic, du nom de cette plaine d’Amérique Centrale dont la planéité «longue distance» toise la ligne d’horizon. Il est équipé du calibre 910P dont la masse oscillante périphérique en or 22 carats montée sur un roulement à billes en céramique permet de gagner sur l’encombrement. Conceptuellement, cette montre s’affranchit de la distinction entre mouvement et habillage, puisque certains éléments de son calibre sont directement usinés dans sa boîte. 
 


Sur le même principe de construction, mais un cran plus loin, le deuxième modèle s’intitule Altiplano Ultimate Concept. Boîte et mouvement ne dépassent pas les 2 mm, soit un peu moins que l’épaisseur d’une pièce de deux francs suisses. Au regard des 2 mm du calibre 9P historique, la boucle semble bouclée, grâce à l’usage d’un métal à base de cobalt puisque la mollesse connue de l’or, matériau de prédilection de Piaget, à ce degré de finesse, aurait fait se gondoler les surfaces du boîtier.

Bulgari, l’élégance ultra fine

Du côté de Bulgari, la saga finissimo n’en finit pas de faire des prodiges. Ici aussi, l’ultrafin se conjugue en records mondiaux qui ne se privent pas d’aller explorer les complications-mères telles le tourbillon en 2014, ou la répétition minute en 2016. Puis, à Baselworld 2017, l’Octo Finissimo Automatique décroche un troisième record mondial avec ses 5,5 mm d’épaisseur et sa masse oscillante en platine. Il faut dire que la forme Octo se prête avec grâce, par son élégance octogonale et son esthétique de nouvelle icône, à ce genre d’exploit. Un terme loin d’être usurpé tant les horlogers de talent doivent inventer et recréer pour parvenir, sans délester le garde-temps de son obligation de précision et de résistance aux chocs, à cette extrême quête de finesse.
 

Audemars Piguet, grand écart en toute légitimité

Retour au SIHH où soudain, une autre grande maison, l’indépendante Audemars Piguet, trouve le moyen de surprendre. Certes, captivée en 2018 par la célébration du 25ème anniversaire de sa Royal Oak Off Shore, icône d’une époque dédiée notamment aux tailles XXL, son actualité ferait presque oublier qu’à propos de montres et de calibres extra-plats, la marque dispose d’un véritable capital de légitimité. Grand écart? L’Histoire d’une telle marque regorge de révélations, comme l’illustre une poignée de modèles historiques qui retrace les temps forts de sa maîtrise horlogère de l’ultra fin. 
 


Comme point de référence, premières traces à la Vallée, en 1921, le calibre 17SVF#5 longtemps le plus fin du monde avec ses 1.32 mm d’épaisseur. Puis il y a en 1978 le record pour Audemars Piguet du calibre automatique Calendrier Perpétuel, le 2120/2800 épais de 3.95 mm. Autre point d’orgue, la date de 1986 à laquelle le calibre Audemars Piguet 2870 à remontage automatique Tourbillon accède au titre de tourbillon le plus plat du monde avec ses 5.3 mm d’épaisseur.
 


Afin de marquer le coup en 2018, la Concept Watch Royal Oak RD#2 – RD pour Recherche et Développement , est habitée par le calibre Quantième Perpétuel et Phases de Lune le plus plat du monde avec une épaisseur de 2.89 mm. Tout y est, compacté en 256 composants à l’intérieur d’une boîte Royal Oak ayant été applatie, l’indicateur jour-nuit, la lune astronomique et une atypique fréquence de 19’800 alternances par heure, soit 2.75 Hertz.

Une quête horlogère depuis toujours

Durant la semaine du SIHH 2018, je me suis laissé gagner moi aussi par la fièvre des records, ceux qui sont battus ou encore à battre. Au passage, cela permet de s’émerveiller sur l’ingéniosité toujours innovante des grands horlogers face aux défis lancés. En témoignent ces brevets déposés ou en cours. L’actualité à venir, celle de Baselworld, devrait encore ajouter son lot de surprises et de surenchère. Il vaut la peine cependant de se recentrer sur l’histoire: depuis toujours, la quête de la miniaturisation et donc aussi celle de l’extrême finesse des mouvements de montre, appartient aux valeurs originelles que les horlogers d’aujourd’hui ont héritées de leurs pères et tentent de sublimer. Preuve en est, cette anecdote: le vendredi du SIHH, jour ouvert au grand public, j’ai croisé sur le stand Vacheron Constantin une dame d’un certain âge portant une montre ultra mince en or blanc ayant appartenu à son défunt mari. Achetée en 1978, soit il y a tout juste quarante ans, jamais révisée, en parfait état de marche… Une montre ultrafine, produite en série dont la production s’est arrêtée il n’y a pas si longtemps…

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