Rotonde de Cartier Astromystérieux
Cartier Rotonde de Cartier Astromystérieux: la magie en toute transparence
Héritière de la Pendule Mystérieuse Modèle A datant de 1912, la montre Rotonde de Cartier Astromystérieux revisite la transparence pour le plaisir d’être subjugué par la magie de l’invisible.
Par Vincent Daveau
Contributeur
Les montres et pendules mystérieuses sont de toute évidence des instruments qui ont été pensés par un artiste sachant manier aussi bien les brucelles d’horloger que la baguette de prestidigitateur. Cette parfaite association entre transparence et mécanique impose à l’œil habitué à la cinétique horlogère de réviser ses classiques car aucune architecture horlogère traditionnelle ne peut expliquer comment les forces sont transmises au mouvement de nouvelle génération qui se trouve être comme en suspension au centre du boîtier de la montre. Devant cette construction, l’adepte est pris d’une sorte d’hébétude similaire à celle qu’il peut avoir lors du tour maintenant classique où un magicien muni d’une longue scie découpe une boîte dans laquelle une créature de rêve se trouve enfermée. Evidemment, dans les deux cas, il s’agit d’une illusion, mais l’effet produit est saisissant.
Tournoyante lévitation
Mais revenons-en à la pure science horlogère. L’invention de la pendule donnant l’illusion que les aiguilles se trouvent en suspension a été faite par Jean-Eugène Robert-Houdin (1805-1871). A la fois horloger et prestidigitateur, cet homme à l’origine de l’illusionnisme contemporain aurait pu voir son invention être classée sans suite si Louis Cartier ne s’était pas passionné pour cette originale façon d’afficher l’heure. Aujourd’hui, cet art retravaillé en profondeur par l’équipe des horlogers de la Chaux-de-Fonds menée par Carole Forestier Kasapi, donne naissance à un nouvel opus que l’on pourrait appeler la «mystérieuse cinétique gravitationnelle.»
La question se pose souvent de savoir jusqu’où il sera possible aux horlogers de repousser les limites de leurs compétences. Cette version du mystère laisse sans voix car il est pratiquement impossible de saisir comment l’ensemble mécanique effectuant une rotation par heure parvient à donner l’heure juste à la pointe des aiguilles que le cœur ajouré est censé commander.
Mobiles en mouvements
Même un débutant en horlogerie remarquera tout de suite que la Rotonde de Cartier Astromystérieux proposée à seulement 100 exemplaires dans un sémillant boîtier de palladium 950 millièmes et de 43,5 mm de diamètre, ne laisse voir aucun composant liant la couronne de remontoir au mouvement référencé 9462MC. La question se pose donc de savoir comment réarmer le calibre à remontage manuel, mais également comment le mettre à l’heure. Pour entretenir l’illusion du vide, les techniciens ont fait appel à des disques réalisés en verre saphir transparent.
Réarmement invisible
Le premier supporte la structure même de la cage associant tous les composants du mouvement, soit le barillet, le rouage, et le groupe de régulation constitué de la roue d’échappement, de l’ancre et du balancier. Un second disque est employé pour le remontage. Il est mis en action grâce à un pignon « flottant » actionné par la tige de remontoir qui est, pour limiter les risques de surtension à «l’armage», dotée d’un système débrayable (sans doute de type dynamométrique). L’action sur la couronne permet par translation du pignon de créer un lien physique avec le disque (à concevoir comme une sorte de grand rochet transparent) et de réarmer le ressort de façon invisible.
Secrète mise à l’heure
La mise à l’heure fait appel au disque inférieur situé à la base du mouvement. Son rôle est donc double. Il apporte la motricité nécessaire pour que la cage du mouvement tourne en marche normale et, lorsque la couronne est tirée, il enclenche le système de mise à l’heure (dépôt de brevet). Un levier, lui aussi en cours de demande de brevet, bloque le disque en saphir en marche normale. Le calibre tourne alors autour d’un point de centre (la roue des heures). Il suffit de débrayer le disque sur laquelle cette roue est en prise pour tourner le calibre (qui porte l’aiguille des minutes) sans risque et de faire en même temps interagir l’aiguille des heures en prise directe avec le calibre. Une fois l’heure désirée affichée, il suffit de repousser la couronne pour bloquer de nouveau le disque et permettre ainsi au mouvement de reprendre sa ronde horaire.