Ollivier Saveo entre les fleurs et le pétrole
Un artisan joaillier innove avec sa boîte en saphir qui révèle feuilles et fleurs sculptées dans l’or fin. Meilleur ouvrier de France, il entend se faire un nom dans l’horlogerie suisse.
Elles font irrésistiblement penser à ces pendulettes de table et à leurs décors art nouveau qu’une cloche en verre protégeait de la poussière. Les montres Ollivier Savéo sont des pièces joaillères délicatement posées dans une boîte surprenante: un tube saphir tenu par deux flasques en or qui laisse admirer chaque détail des décors qu’elle renferme. Fleurs, feuilles et ailes de papillon en or massif, réhaussées de quelques pierres serties, disent toute la passion de l’artisan qui les a conçues. Car Ollivier Savelli, fondateur de la marque, est un artisan, sacré au tournant du siècle meilleur ouvrier de France en bijouterie-joaillerie.
Un échantillon de pétrole
Amoureux de la nature, il suit ses inspirations florales mais s’autorise aussi quelques errances dans des mondes moins consensuels: une tête de mort en or massif ou une surprenante «Petroleum» ancrée dans le mouvement steampunk. Il a imaginé cette montre imposante pour un public bien particulier: les propriétaires de raffineries et de groupes pétroliers! Avec ce produit de niche, il espère séduire des clients en Azerbaïdjan et dans le Golfe. Toute la pièce raconte l’univers pétrolier. La lunette reprend le design des pièces de connexion entre les tubes des oléoducs, et à six heures, un petit cylindre de verre est prêt à accueillir un échantillon du pétrole de l’acquéreur.
Côté horloger, Ollivier Savelli ne fait courir aucun risque à sa jeune marque, inscrite au registre du commerce depuis quelques mois à peine. Pas de mouvement manufacture, mais un Sellita squeletté pour la Petroleum, ou des calibres ETA à la fiabilité éprouvée qui ne laissent planer aucun doute quant à un éventuel service après-vente. L’homme ne s’interdit pas de rêver à un tourbillon, mais pour l’instant, la plupart des pièces de sa collection naissante se positionne entre 36'000 et 55'000 francs et il les proposera en pièces uniques ou en séries limitées à 33 exemplaires.
Ancien de Roger Dubuis, de Gay Frères et de Quinting, Ollivier Savelli n’arrive pas sans armes sur le marché de l’horlogerie qu’il aborde avec une vision très claire du luxe. «C’est une philosophie, une question d’émotion. Il y faut bien sûr de la technique, mais elle doit d’abord être au service du beau.»
Les valeurs des Compagnons
La technique, il l’a apprise dès l’âge de seize ans, en rejoignant les Compagnons du Tour de France. Il se lance dans la métallurgie avant de passer à la joaillerie. Au total, il vivra près de dix ans sur les routes, fasciné par le feu et la matière, travaillant aussi bien à Lyon qu’à Montpellier. Il tirera de cet apprentissage hors-normes des valeurs qu’il défend toujours en regrettant qu’elles soient un peu surannées: le partage, la fraternité, le respect du travail bien fait. Et aussi quelques vérités simples, comme la différence qu’il y a entre un concept et sa réalisation! C’est pour cela que sa marque est si jeune, il a préféré achever ses prototypes avant de créer sa société. Et comme le nom Savelli était déjà pris, il l’a raccourci en Savéo tout en maintenant cette orthographe curieuse, Ollivier avec deux «l», un prénom que son père avait gagné à pile ou face le droit de lui donner.
Une arabesque du XVIe siècle
En véritable artisan, Ollivier Savelli est attentif au moindre détail; il soigne ses montres et leur environnement et présente son écrin gainé de cuir avec autant d’enthousiasme que ses propres gravures. Sur le couvercle, pas de nom, juste un motif tiré d’une arabesque du XVIe siècle dont il a fait une partie intégrante de sa marque. Il a voulu que chaque élément soit utile et ouvre avec fierté l’étui en cuir de la garantie. Il l’a dessiné au format exact d’un passeport pour lui donner une deuxième vie. «Le luxe c’est aussi la pérennité», constate-t-il amusé.