Ochs und junior, la marque aux dépouillements inventifs

Assis dans le fond du Grand Théâtre de Genève, ce vendredi 31 octobre 2014, j’assiste à la 14^ème cérémonie du Grand Prix de Genève. A ma droite, un savant inclassable s’asseoit, Ludwig Oechslin. Il a eu dans l’exercice des processus de vote du Grand Prix quelque rôle en matière de contrôle. Ici aussi, à Genève, son influence reste intacte. 

Un savant, un vrai

L’homme cumule les casquettes avec une aisance peu commune en nos contrées où on adore classifier les gens et les genres. Il est l’incarnation d’une somme d’intelligences transversales capables de mettre en orbite autour d’une force d’attraction des savoirs apparemment épars. En 1976, il obtient sa licence en archéologie, en histoire ancienne et en grec.

Son parcours académique se prolonge par un apprentissage d'horloger chez Jörg Spöring à Lucerne suivi d’un mandat reçu du Vatican pour la restauration de l’Horloge des Farnese, une pendule astronomique datant du XVIIe siècle. Un travail à l’origine d’un mémoire en quatre tomes publié par la Bibliothèque Vaticane. Docteur en Physique théorique, il est également mathématicien et astronome.

A l’origine d’innovations horlogères majeures, pour la marque Ulysse Nardin notamment, Ludwig Oechslin était aussi de 2001 à 2013, le conservateur apprécié du seul musée horloger international du monde, le MIH à la Chaux-de-Fonds. Il y revigora d’ailleurs e prix Gaïa qui est à l’horlogerie ce que le Nobel est à la politique ou à la science. Il y supervisa les premiers essais de spiraux en silicium, avant même que le CSEM et ses trois partenaires industriels, Rolex, le Groupe Richemont et Patek Philippe, n’en financent les développements que l’on connaît aujourd’hui. Un savant de sa trempe s’égare-t-il en ces lieux mondains? Je l’observe pester contre la mauvaise prononciation de son nom par la pourtant alémanique co-présentatrice de la soirée, l’ancienne Miss Suisse Mélanie Winiger. Soudain, je repense à sa marque alternative ochs und junior.

Quatre complications simplifiées

En fondant en 2006 la marque ochs und junior, dans laquelle Ulysse Nardin a pris une participation, Ludwig Oechslin et son associé Beat Weinmann créaient un business model alternatif. Une marque qui a pour mission de traduire en prototypes concrets, puis en petites séries, les inventions horlogères de son horloger de co-fondateur. Optant pour une vente directe, depuis Lucerne et à partir d’un site internet exhaustif, décrivant par le menu détail toutes les phases de production, tous les composants utilisés ainsi que les fournisseurs appelés en renfort, cette nouvelle venue choisit d’explorer quatre complications horlogères: les phases de lune avec selene, le quantième annuel avec anno, la date avec mese et le double fuseau horaire avec due ore. Son concentré d’efficience micro mécanicienne, hélas quelque peu desservi par un design trop orienté bauhaus – ce qui est au contraire un élément de désirabilité supplémentaire pour certains - s’autorise toutes les formes de personnalisations. Ainsi, à partir d’une configuration de composants de base auxquels ne s’ajoutent que quelques modifications, les créations ochs und junior conjuguent, sur le mode de l’efficience, un summum d’expérience horlogère hors normes. A l’image d’une vie, d’une œuvre, celle d’un érudit aux allures d’original et de savant fou.

Modèle due ore

En argent ou en titane, au fil de coloris à choix selon les possibilités offertes aux amateurs de créer et de visualiser leur propre garde-temps sur le site web, ce modèle de 39 mm de diamètre est habité par un ‘simple’ calibre automatique ETA 2824 auquel le savant horloger Ludwig Oechslin a apporté ses lumières simplificatrices. Ici un double-fuseau horaire. Il complète un choix de 4 modèles dont une phase de lune (selene), un quantième annuel (anno) et une date (mese).

Plus d'info: www.ochsundjunior.ch