Graff, l’exception pour règle
Baselworld

Graff, l’exception pour règle

Le diamantaire londonien présentait une trentaine de montres nouvelles à l’occasion de Baselworld. Des pièces horlogères autant que joaillières exceptionnelles et souvent uniques. De la haute voltige.

Par Frédéric Brun
Contributeur

Si certains exposants aiment faire du bruit, d’autres préfèrent en mettre plein la vue. Le salon raffiné du stand Graff à Baselworld est paisble. Le décor Art Déco donne l’impression de s’être embarqué sur un luxueux paquebot ou de prendre le café au bar d’un palace londonien. Tout n’est que sourire, volupté et scintillements. Si Ali Baba avait tenu boutique, il aurait pu être l’associé de la famille Graff, tant chaque présentoir regorge de joyaux et de trésors.

Une affaire de famille

Mais Laurence Graff, discrètement présent, préfère s’entourer des siens. « C’est une affaire de famille, précise le fondateur. Mon fils est notre chef exécutif, et mon frère et mon neveu sont aussi très impliqués. » Tous deux élégamment drapés dans de suaves complets sur-mesure, Laurence Graff et son fils François répondent avec autant d’amabilité que de précisions aux questions de leurs interlocuteurs. Nombre d’entre eux viennent d’Asie, évidemment.
 

La demande effrénée de luxe superlatif trouve à se rassasier ici, devant des diamants parmi les plus beaux, les plus purs ou les plus gros du monde. Bien consciente de son pouvoir de fascination, la maison de joaillerie se tourne très directement cette année vers ce continent et présente, parmi les 9 nouveautés horlogères masculines de son millésime, deux montres GyroGraff dont le cadran a été travaillé à partir d’éléments en or gravé et peint à la main représentant un pan de la Muraille de Chine pour la première, et le Temple du Ciel, situé dans la région de Pékin, pour la deuxième.
 

Précision et poésie

La finesse et la précision de l’exécution sont fascinantes. En particulier le travail de pavage, irrégulier, sur la grande muraille, avec un chemin formé de diamants baguette de tailles et de formes différents. Une prouesse de minutie, à laquelle participe les appairages de pierres de couleurs créant une luminosité inédite pour ce type de pièces serties. Poésie et fantaisie ne sont pas écartées par principe, comme le soulignent certains détails tels la fenêtre de diamant percée dans le mur du temple qui laisse imaginer une lumière intérieure.
 

A propos de beauté intérieure, les amateurs seront heureux de retrouver le fameux mouvement gyrotourbillon, un tourbillon évoluant sur plusieurs axes. Puisque les clients peuvent demander la lune, la maison prend les devants en ciselant à la main au cœur de ses cadrans un astre céleste d’une saisissante précision dans les détails. C’est également le cas pour les deux nouvelles montres Gyrograff Galaxy.
 

Viser les étoiles

La quête de perfection est une exigence permanente pour la famille Graff. « Si vous ne considérez pas la qualité comme quelque chose de vital vous ne pouvez pas créer une marque de luxe. Quand vous avez les meilleurs ingrédients vous pouvez produire quelque chose de vraiment exceptionnel » affirme Laurence Graff en insistant sur la qualité des pierres, enjeu central aujourd’hui du très haut luxe joaillier, alors que la demande mondiale augmente tandis que les approvisionnements en pierres exceptionnelles baissent et que les concepteurs de diamants de synthèse tentent d’imposer leurs substituts.
 

« Nous taillons des diamants bruts. Depuis le début du siècle, 60 % des plus gros diamants du monde ont été achetés bruts et polis par Graff. Nous sommes le plus grand acheteur de pierres d'exception. En ce moment, par exemple, nous travaillons sur le plus gros diamant brut qui existe : le  Lesedi La Rona de 1.109 carats. Et de les mettre sur le marché est risqué. Nous apprenons à les connaître. Nous les travaillons, nous les transformons en bijoux et nous les vendons. Dans toute cette chaîne d'action que je viens de décrire, la plupart des gens sont capables de ne réaliser qu'une seule tâche. Chez Graff, nous pouvons toutes les faire. C'est ce qui nous met au sommet de cette industrie. » assume sans complexe le diamantaire, joignant les actes à la parole, en présentant les cinq montres pièces uniques dédiées à la préservation des espèces animales en péril.

Pièces uniques et métiers d’art

Ces garde-temps spectaculaires, baptisés GyroGraff Endangered Species, figurent un tigre, un éléphant, un gorille, un panda et un rhinocéros. Un hommage aux métiers d’art avec des cadrans travaillés avec de la marqueterie de diamants en 3D. Une nouvelle prouesse. Ces pièces trouveront bientôt un écrin de choix à Paris, où une nouvelle boutique Graff, la plus grande au monde, ouvrira prochainement à l’angle de la rue de Castiglione et de la rue Saint Honoré, dans le prolongement de la place Vendôme.
 

Elle voisineront avec les autres nouveautés horlogères féminines présentées à Bâle, notamment deux montres uniques en fancy yellow vivid diamonds, une version cadran ovale, une version cadran rond, des montres à secret en diamants et en émeraudes, une montre inspirée des œuvres de l’artiste américain Cy Twombly, ou une montre inspirée de la collection joaillière « Kiss ».
 

Il suffit d’interroger Nicolas Sestito, directeur de l’horlogerie, pour avoir une idée de la complexité du dialogue entre les ateliers de joaillerie de Mayfair et les horlogers basés à Genève, pour intégrer, souvent dans des délais records, les parties horlogères aux créations. « Si une pierre n’est pas satisfaisante, François Graff peut décider de faire entièrement démonter une pièce et la faire re-sertir, pour que tout soit parfait » confie-t-il avec la gourmandise de celui qui sait la somme de travail nécessaire à l’accomplissements de tels chefs d’œuvre. Le rêve de perfection est sans doute à ce prix.
 

(Photos par Liam O'Donnell & Pierre Vogel)

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