FP Journe Byblos

Envoyé spécial à Beyrouth: Journe et Sfeir ouvrent une boutique ensemble

Entre le collectionneur hors norme Claude Sfeir et le génial horloger François-Paul Journe, il y a un indéfectible respect. Ensemble, ils ouvrent une boutique à Beyrouth, au Liban. Florilège de propos échangés.

Par Watchonista

Insolite, surprenant, finalement totalement dans le mille! Que peut bien amener un horloger sept fois primé au Grand Prix d’Horlogerie de Genève sous ces libanaises latitudes? On a beau faire, l’image du lieu n’est pas forcément synonyme d’horlogerie compliquée ni de stabilité économique. Elle est encore auréolée, ça et là, d’un parfum conflictuel propice à nous faire oublier l’air ambiant, composé d’une envie de vivre façon dolce vita à l’orientale, saupoudrée de fébrilité nocturne festive et d’aptitudes à consommer. C’est pourtant dans cette mégapole que travaille aussi l’un des collectionneurs les plus connus de la branche horlogère et de ses grandes marques, tant pour sa surface financière hors du commun que pour son goût sûr en matière d’une horlogerie tantôt tirant sur la niche tantôt sur les valeurs sûres.

Un homme dont nous avions déjà eu l’occasion de tirer le portrait, un personnage capable à lui seul et par son influence indéniable, d’offrir à une marque son international aura. D’ailleurs, la Fondation du Grand Prix d’Horlogerie de Genève ne s’y est pas trompé, le désignant comme l’un de ses jurés

F.P.Journe celebrated the opening of its 10th Boutique in Beirut F.P.Journe celebrated the opening of its 10th Boutique in Beirut

Difficile de résister, de retour d’un périple aux Etats-Unis, au plaisr de faire escale à Beyrouth et de prendre part à la célébration d’ouverture de ce lieu symbolique, la 10ème boutique Journe, ainsi que du lancement exceptionnel du modèle spécifique qui en porte le nom: Le Chronomètre Bleu Byblos, du nom d’une localité côtière à quelques kilomètres au nord de Beyrouth, chargée d’histoire et d’invitations au rêve, dépaysement compris. Ne fut-elle pas le plus ancien port phénicien au monde, et, dès le quatrième millénaire avant Jésus-Christ, le plus important carrefour commercial et culturel? Invenit et Fecit, certes, mais aussi Veni, Vidi et peut-être un jour, Vici. Interviews croisées entre deux amis devenus associés:

François-Paul Journe:
«Nous avions pas mal de clients libanais, dont Claude que j’ai connu dès le début, comme client. Je me disais qu’il fallait faire quelque chose à Beyrouth et, en contact avec plusieurs acteurs sur place, je lui demandais toujours son avis.

Invariablement, il me répondait ‘n’y touche pas, ça ne va pas, non tu ne peux pas faire confiance, tu ne pourras pas contrôler…’ Claude était toujours ce collectionneur fidèle et entre nous, il s’est développé surtout une vraie amitié. Un jour que j’étais à Beyrouth, nous sommes allés visiter une boutique dont la faillite était annoncée. On l’a visitée ensemble et c’est là qu’il m’a dit ‘je crois que je vais racheter cette boutique’. Il l’a fait, il a obtenu les autorisations pour la transformer, ça a été long, très long…»

F.P. Journe Chronomètre Bleu Byblos F.P. Journe Chronomètre Bleu Byblos

Claude Sfeir:
«…très long! En rigolant, François-Paul Journe me disait toujours ‘il faut ouvrir en 2020-2025!Avec François-Paul Journe, cela fait 13 ans qu’on se connaît. J’ai toujours été un client, un client normal sans rabais, sans privilège. J’ai toujours acheté ses pièces, soit le premier numéro de chacune de ses séries soit le dernier. Et comme sa première boutique était à Tokyo, c’est là-bas que j’achetais presque toutes mes montres Journe, puis parfois aussi à Genève. Il y a deux ans, on a décidé de faire ensemble une petite boutique au Moyen Orient. Parce qu’il est quelqu’un qui aime la culture, l’histoire, il aime Byblos.»

François-Paul Journe:
«Avant l’événement, plusieurs m’ont posé la question, pourquoi Beyrouth? Je pense que pour vendre des pièces qui ont une dimension culturelle, il faut être là où il y a de la culture, de la culture ancienne. C’est plus fascinant ici qu’à Dubaï ou Abou Dabi. Même si on prend Los Angeles qui a moins de culture, il y en a quand même, la ville a plus de 300 ans, elle incarne la culture du cinéma. Miami incarne l’architecture, New York, c’est le Prague des Etats-Unis, il y a même un style ancien…»

François-Paul Journe a coupé le ruban officiel en présence de Sami Sfeir (à gauche), Claude Sfeir, partenaire de cette nouvelle Boutique F.P.Journe, de son Excellence l’Ambassadeur de Suisse au Liban, Madame Ruth Flint, et de Monsieur Ziad Hawat, Maire de la ville de Byblos.. François-Paul Journe a coupé le ruban officiel en présence de Sami Sfeir (à gauche), Claude Sfeir, partenaire de cette nouvelle Boutique F.P.Journe, de son Excellence l’Ambassadeur de Suisse au Liban, Madame Ruth Flint, et de Monsieur Ziad Hawat, Maire de la ville de Byblos..

Claude Sfeir:
«François-Paul Journe, c’est l’horloger vivant le meilleur, il a fait des mouvements en or massif, des complications qui fonctionnent. Certains inventent des montres qui d’année en années ne marchent pas. Cette boutique, c’est très positif. On reçoit des clients qu’on ne connaissait pas, malgré le fait que je sois dans le business depuis 36-37 ans. Avant je n’aurais pas fait ce genre de démarche, de vendre des montres neuves, de jouer au marchand. Mais avec cette marque que je respecte tant, c’est différent. Il n’y a pas beaucoup de gens qui la comprenne, il faut l’expliquer. On ne fait jamais de rabais, ici je vends la montre et je dois attendre 2-3 mois, parfois 6 mois pour en recevoir une autre. Avant l’ouverture qu’on a préparée il y a au moins un an, on avait à peu près 60 montres en stock. Mon amitié pour François Paul se traduit par le fait que je fais le travail avec mon cœur. Je n’ai pas besoin d’argent. Je fais ça parce que je suis collectionneur.

La plupart de mes amis viennent chez moi ici au premier étage, en haut dans une petite bibliothèque. Ici on ne fait pas de forcing pour vendre. Ici, les gens parfois veulent acheter une montre chère et ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une complication qu’ils ont cette envie. Alors j’explique qui est François-Paul Journe, un inventeur, un horloger, un grand monsieur qui a été plusieurs fois primé au Grand Prix d’Horlogerie de Genève...»

François-Paul Journe:
«A propos du modèle Byblos, c’était au départ une montre qui partait d’une demande il y a quelques années en provenance d’un groupe de collectionneurs qui m’avaient dit ‘on aimerait avoir pour notre club une trentaine de pièces’. J’avais alors fait un petit dessin, un sketch, avec un cadran ouvert sur le mouvement. Nous n’avons pas été plus loin. Quand nous avons parlé avec Claude de créer une pièce spéciale pour la boutique, je lui ai montré ce dessin. On a changé 2 à 3 choses et puis on s’est dit que ce serait joli si je faisais un cadran bleu, avec une découpe rappelant le soleil… On en a produit 99 exemplaires, dont une cinquantaine pour le Liban et le reste pour les 9 autres boutiques, 5-6 par boutique, ça dépend. Curieusement on a commencé à les envoyer dans nos boutiques et elles se vendent partout, même à Hong Kong.»

FP Journe Boutique in Beirut FP Journe Boutique à Beirut

François-Paul Journe:
«A propos du modèle Byblos, c’était au départ une montre qui partait d’une demande il y a quelques années en provenance d’un groupe de collectionneurs qui m’avaient dit ‘on aimerait avoir pour notre club une trentaine de pièces’. J’avais alors fait un petit dessin, un sketch, avec un cadran ouvert sur le mouvement. Nous n’avons pas été plus loin. Quand nous avons parlé avec Claude de créer une pièce spéciale pour la boutique, je lui ai montré ce dessin. On a changé 2 à 3 choses et puis on s’est dit que ce serait joli si je faisais un cadran bleu, avec une découpe rappelant le soleil… On en a produit 99 exemplaires, dont une cinquantaine pour le Liban et le reste pour les 9 autres boutiques, 5-6 par boutique, ça dépend. Curieusement on a commencé à les envoyer dans nos boutiques et elles se vendent partout, même à Hong Kong.»

Claude Sfeir:
«La Byblos est née de notre envie d’avoir ici quelque chose d’unique ou une série limitée spécifiquement pour cette boutique. Chacun de nous avait une idée. François-Paul Journe avait eu l’idée d’ouvrir le cadran parce que cela signifiait le soleil du Moyen-Orient. J’étais d’accord avec lui…»

F.P.Journe Boutique Beyrouth: Sofil Center, Charles Malek Avenue, Achrafieh, Beyrouth, Liban.
Tel. +961 1 325 523,  beirut@fpjourne.com

 

Et recevez chaque semaine une sélection personnalisée d'articles.

Journe, passionnément. Claude Sfeir, grand collectionneur

Par Watchonista
Cet homme-là les possède toutes. Qu’il s’agisse du numéro 1 ou du dernier numéro de chaque série, Claude Sfeir l...