Métier: l’anglage selon Nathalie Jean-Louis
L’anglage main à la lime, c’est une vocation pour Nathalie Jean-Louis, virtuose de la décoration de mouvements. La fondatrice de l’atelier Vidayhado raconte ce métier d’art qu’elle pratique avec un sens du défi depuis plus de dix ans.
A 34 ans, cette jeune femme volontaire a fait sien le métier d’angleuse après plusieurs années de formation. Elle est reconnaissante d’avoir eu la chance de côtoyer l’un des meilleurs spécialistes du domaine. Son cursus avait démarré «tout au bas de l’échelle, avec la pratique du perlage», après une maturité décrochée dans un lycée artistique. Sa motivation lui donne des ailes et l’entraîne à se former à l’anglage main à la lime et la décoration manuelle horlogère, «domaines où il faut impérativement avoir la volonté d’apprendre, d’apprendre toujours plus!» Plus qu’un déclic, c’est une vocation. Elle raconte qu’elle a «pris goût à repousser toujours davantage les limites pour atteindre un meilleur résultat. J’aime bien me lancer des défis pour faire mieux!»
Dans l’atelier d’anglage de Nathalie Jean-Louis, à Granges. L’outillage se résume à une lime, des pâtes et du papier à polir et une poignée de petits instruments. Modeste lui aussi, l’équipement mécanique réunit un micro moteur, une perleuse et une tour. Car l’essentiel est ailleurs: il se concentre dans les doigts de fée de cette artisane virtuose du fait main.
Son art se focalise sur la décoration de mouvements horlogers haut de gamme de pièces réalisées en petites série ou uniques.
«Des constructions compliquées, absolument magnifiques, s’émerveille Nathalie Jean-Louis, qui nécessitent parfois jusqu’à 8 heures de travail!». Une tâche méticuleuse qu’elle accomplit à l’enseigne de Vidayhado, l’atelier qu’elle a fondé en 2011, en solo. Parce que cette perfectionniste tient à effectuer chaque geste elle-même, afin de maîtriser l’ensemble. Quitte à s’infliger de longues journées de labeur qui débordent régulièrement sur les week-ends. Pour elle, le fait d’être seule à intervenir constitue une garantie que le travail est bien fait. Elle est d’ailleurs convaincue «que pour réussir quelque chose de beau, il faut beaucoup d’implication personnelle!»
L’angleuse Nathalie Louis perpétue un savoir-faire qui requiert une patience d’ange.
On devine chez elle un certain bonheur à exercer un métier rare, réservé aux passionné(e)s, qui exige des années d’expérience. En pratiquant l’anglage main à la lime, l’anglage micromoteur, le perlage manuel, le cerclage ou encore le satinage, c’est aussi une satisfaction pour la jeune femme de contribuer à faire perdurer «un patrimoine qui a tendance à se perdre.»
D’ailleurs Nathalie Jean-Louis compte bien étendre le rayonnement de son savoir-faire à un autre domaine: elle projette de lancer une ligne de bijoux haut de gamme qui rassemblerait d’autres métiers d’art (émail, sertissage, gravure) en vogue dans l’horlogerie dans un proche avenir.
Nathalie Jean-Louis, fondatrice de l'atelier Vidayhado
Article paraissant également en version magazine dans JSH, Journal Suisse d’Horlogerie