Manufacture Hublot : Au cœur de l’innovation
Hublot est indissociable de l’idée d’innovation. Une visite de la manufacture démontre à quel point le concept y est fort et va au-delà de la haute horlogerie.
Dès la création de la marque en 1980, l’innovation et la différenciation étaient déjà au cœur de la maison Hublot qui fut la première à associer un boîtier en or avec un bracelet en caoutchouc. L’arrivée de Jean-Claude Biver, en 2004, en fit un concept encore plus fort avec l’Art de la Fusion. Mais la manufacture de Nyon ne s’arrête pas là.
L’art de la différenciation
Dès 2005, Hublot détonne avec le lancement de la Big Bang qui obtient le prix du « Meilleur design » au GPHG. C’est la conception même de la boîte qui est l’essence de l’innovation : ses multiples couches offrent une multitude de combinaisons possibles et un SAV facilité. L’ouverture de la nouvelle manufacture en 2009 va ouvrir encore de nouveaux horizons. Hublot peut désormais produire tous les composants horlogers, les boîtiers et les matériaux in-house.
Le premier mouvement manufacture – le fameux Unico – voit le jour en 2010 et équipe le premier modèle de la King Power avec un chronographe Flyback. Il a la particularité de pouvoir s’adapter à tous les types de complications, non pas sous forme de modules rajoutés, mais en se réorganisant pour chacune d’elles. Le rachat de BNB la même année va intégrer un département entier de grandes complications. La manufacture est complète...et continue d’innover.
En 2011, elle décide de mêler deux matériaux que tout oppose : l’or, malléable à souhait, et la céramique, parmi les plus durs. La fusion des deux est un procédé très complexe, que Hublot développe et maîtrise en interne. Le Magic Gold est né, le premier alliage d’or au monde résistant aux rayures ! C’est aujourd’hui une telle marque de fabrique que les amateurs de la marque l’appellent « l’Or Hublot ».
Matériaux uniques
Hublot s’est spécialisé dans l’utilisation de matériaux innovants. Le titane, le carbone, la fibre de verre, le saphir. La manufacture a commencé par utiliser certains pour la première fois dans l’horlogerie. La R&D devint donc rapidement centrale chez Hublot. Et l’on aborde là le point essentiel, comme nous l’explique Mathias Buttet, directeur R&D :
« Nous avons été les premiers à utiliser des matériaux différents qui existaient déjà dans d’autres industries. Et c’est très bien. La prouesse réelle arrive lorsque l’on crée nous-mêmes des nouveaux métaux. Plus léger, plus résistant, plus haut en couleurs. Après le Magic Gold, Hublot fut le premier à réaliser de la céramique de couleurs vives : du rouge, du bleu, du vert. Aujourd’hui, nous travaillons sur la réalisation d’un nouvel alliage, plus léger que le titane et plus résistant que l’acier trempé. Et nous sommes approchés par d’autres industries de pointe qui s’intéressent à nos recherches. Cela commence à devenir très intéressant car nos propres recherches deviennent utiles pour le reste du monde ».
Pour en savoir plus, mon collègue Josh Shanks a récemment écrit un appel passionné à regarder des collectionneurs intitulé «Comment j'ai appris à ne plus m'inquiéter et à ne pas apprécier Hublot», qui mérite d'être lu (ICI).
Machines uniques
Mais ce n’est pas tout de créer un nouveau métal, il faut ensuite créer les machines capables de l’usiner, de le percer. C’est un parc entier de machines spécifiques que Hublot a dû développer pour parfaire sa différenciation. On trouve donc dans la manufacture des machines totalement uniques comme une fraiseuse ultrasonique avec une pointe diamant pour créer ses boîtiers, ou une machine à électro érosion spécifique pour percer cette matière inédite, notamment les 6 trous caractéristiques de la lunette. Hublot dispose même de sa propre fonderie pour réaliser son Magic Gold, ainsi que d’une autre machine dédiée aux céramiques de couleurs.
C’est impressionnant pour une entreprise de si petite taille, comparée aux géants de l’aéronautique ou de l’aérospatiale. Et les résultats sont très concrets. Hublot est devenu partenaire technique et scientifique de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) via le projet EXOMARS. La manufacture de Nyon va fournir un module spécial qui partira pour Mars en 2020 pour rejoindre la planète rouge en 2021.
Comme le précise le volubile directeur de la R&D : « Nous sommes motivés au départ par l’horlogerie, mais nous voyons que nous pouvons aller beaucoup plus loin, dans l’espace ou au fond des océans. Nous prouvons qu’il est possible d’innover réellement sans avoir des budgets colossaux. Il suffit juste d’avoir un chemin de pensée différent ». Ce qui est le cas chez Hublot depuis sa création.
Hublot Expéditions
Les projets se concrétisent rapidement. Le prochain - avant l’aventure martienne - se passera sous l’eau. Le département R&D de Hublot a mis au point un programme de Drone de Recherches Archéologiques...sous-marines. La compétence éprouvée de la manufacture en étanchéité – avec leur record de plongée de l’EXO 4000 à 4000m – a été utilisée pour concevoir et fabriquer ce drone unique. Hublot a tout réalisé en interne : la machine, l’électronique embarquée, le programme informatique.
Même le rendu en 3D des images a été développé en interne. On dépasse de très loin la ‘simple’ R&D horlogère. Le but ? Pousser plus loin les recherches sur cette fameuse machine d’Anticythère, révélée au large des côtes grecques en 1900, et qui interpelle toute la communauté tant scientifique qu’horlogère.
Ce premier calculateur scientifique astronomique affiche une précision inégalée et incompréhensible pour l’époque où elle a été créée...environ 200 ans avant notre ère ! La réinterprétation de la machine d’Anticythère, réalisée par Hublot en 2015, n’était qu’une première étape. De nombreuses découvertes restent à faire...et Hublot sera partie prenante, à la pointe de la recherche.
Cette visite de cette manufacture unique en son genre prouve que l’Art de la Fusion dépasse de très loin l’horlogerie. Hublot fusionne aujourd’hui le passé et le futur, la tradition et l’innovation, l’antiquité et la technologie. Et nous ne sommes qu’au début. Affaire à suivre de très près.
(Photos par Pierre Vogel)