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La vis diamant, demain dans les montres?

La vis dotée sur sa tête d’un diamant serti et d’un système spécifique de tournage pourrait bien débarquer à l’intérieur des garde-temps de demain. L’invention est signée MicroPrécis.

Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef

Présentée au salon EPHJ 2013 sous couvert de confidentialité contractuelle, cette innovation est le fruit d’un parcours de vie hors norme: Charles Egli, un Suisse de Anvers actif dans le négoce des diamants puis, est de retour en Suisse et se convertit à la valeur ajoutée à des matériaux dit non nobles. Une valeur ajoutée issue de savoir-faire humains. Car, pour avoir manipulé des pierres de valeur durant la première moitié de sa vie professionnelle, l’homme est devenu sensible au travail qui fait qu’un simple morceau d’acier vaut son pesant d’or. Ainsi se lance-t-il en 2007 dans une visserie. Aujourd’hui, Microprécis SA est capable, sur le mode de l’infiniment petit –il détient le record de la plus petite vis jamais usinée au monde– de produire un tiers des composants d’une montre.

Micro composant avec crayon
 

Au Salon EPHJ-EPMT-SMT 2014, son idée déposée et protégée d’inventer la vis diamant, commence à intéresser le secteur de l’horlogerie de luxe. Car sa tête de vis peut être surmontée soit d’un diamant, soit de jade ou de rubis.

Quand on réalise le nombre de vis présentes dans un mouvement mécanique, dont un grand nombre reste visible, on s’étonne que personne n’y ait pensé avant lui. Et la démarche regorge de cohérence dans un secteur capable d’engendrer, par la simple maîtrise de la matière, des produits à forte valeur ajoutée. La pierre décorative et sans autre fonction que la beauté et la brillance, envahira-t-elle donc les calibres des complications horlogères? C’est tout ce qu’on lui souhaite.

Micro vis en titane

Aux frontières de la nano technologie
D’ici là, spécialiste de la miniaturisation, active dans la haute horlogerie et les implants médicaux, MicroPrécis reste cette jeune pousse du décolletage, une visserie, qui se veut discrètement nichée en bordure des Acacias. La PME titille l'infiniment petit tout en partenarisant un projet mondialement médiatisé. En 2007, lorsque que Charles Egli se lance dans le décolletage, il se rend compte que les marques horlogères indépendantes, face à leurs besoins en vis Poinçon de Genève, doivent trop souvent composer avec d'inadmissibles délais. Et les autres acteurs du domaine, ceux qui ont déjà pignon sur rue,  privilégient leurs gros clients. La demande  est donc palpable et notre homme entre en décolletage. Il s'éprend de cette activité où «la matière première est presque sans valeur, c'est le travail que l'on y a fait qui en crée.»  

Vue au microscope: un cheveu et une vis de moins de 200 microns, anglée dans les règles de l'art. Certainement la plus petite du monde!

Afin de convaincre de sa maîtrise de l'infiniment petit, et puisque la crise de 2009 réduit le taux d’occupation de ses installations, son équipe usine avec des machines standard une vis de moins de 200 microns, certainement la plus petite du monde, anglée dans les règles de l'art! Ça commence à se savoir, de grandes enseignes lui font confiance, elles rejoignent ses clients de la première heure.

Puis au cours d'un salon aux Etats-Unis, il fait la connaissance de l'équipe d'Andy Green, ancien pilote de chasse, désireuse de battre le record mondial de vitesse au sol et d'atteindre les 1'609 km/h à bord du bolide Boodhound SSC. Le projet est soutenu par le gouvernement britannique qui y voit auprès des jeunes un moyen d'encourager les filières de formation de l'ingénierie. En proposant gracieusement ses savoir-faire de décolleteur, il en devient l'un des partenaires. Surtout, un fournisseur officiel de micro-pièces équipant le bolide, des pièces soit dit en passant bien plus grandes que celles qu'il usine pour les grands de l'horlogerie.

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