La marque Piaget, un patrimoine vivant

Vues du ciel, la Manufacture de Plan-Les-Ouates et sa surface au sol de 8'471 mètres carrés revendiquent ostensiblement leur incroyable puissance manufacturière. Une assise reliée au site originel, le berceau d’une signature familiale horlogère mondiale, la fabrique de la Côte-aux-Fées.

Incroyable épopée horlogère

Dès ses origines en 1874, elle dispose d’une composante identitaire en connexion permanente avec les grands de ce monde. Comment une humble famille liée à l’histoire de la paysannerie horlogère, installée dans un environnement hostile mêlant altitude et rudesse climatique, a-t-elle pu partir à la conquête des places les plus exposées de la planète, foulées par les jet-sets du monde?

Dans le village neuchâtelois où tout a commencé, l’empreinte de cette famille, particulièrement pieuse, marque encore les esprits. De la flotte de minibus évoquée par les anciens, servant au transport des collaborateurs de l’époque, au remonte-pente offert à la commune, tout rappelle qu’ici, l’esprit horloger est encore à l’œuvre. Un esprit que le père fondateur résumait en une formule sacrée, de dimension quasi corporatiste:  «Faire mieux que nécessaire.» Encore adulée à l’interne, la phrase a même été déposée récemment sur le modèle Piaget Emperador Coussin Répétition Minutes Extra-plate en complément de l’apparition pour la première fois de la mention «Côte aux Fées.» 

Chantre de l’extra plat

En 1988, cette entreprise familiale au rayonnement international est rachetée par le groupe Vendôme appelé à devenir le Groupe Richemont. Pionnière des calibres extra plats, Piaget est réputée capable de concevoir et de fabriquer ses propres mouvements mécaniques, leurs complications ainsi que leur miniaturisation poussée à l’extrême. L’offre actuelle se compose de 23 calibres extra plats et de 5 mouvements squelette auxquels s’est récemment ajouté le calibre squelette Piaget 1200S.

Cette lignée qui s’inscrit dans l’ADN de la marque, compte notamment les calibres 430P (2.1mm d’épaisseur) et et 830P (2.5 mm), respectivement créés en 1998 et en 2007. Elle englobe aussi une famille de complications ultra minces comme le 600P, un tourbillon de forme, le 880P, un chronographe, le 855P un quantième perpétuel et le 1270P, un tourbillon automatique. Enfin, en célébration du cinquantième anniversaire de son célèbre calibre 12P, s’y sont invités les calibres 1200 P (heures et minutes) et 1208P (heures, minutes et petite seconde), les mouvements mécaniques à remontage automatique les plus plats du monde ainsi que le calibre 1290P à répétition minutes.

Un bâti au service des synergies

Du côté de Genève, en parcourant des étages et des ateliers généreusement exposés à la luminosité naturelle, il n’est pas rare de croiser un artisan qui se souvient de l’époque où, juste derrière l’immense siège de Rolex, aux Acacias à Genève, s’étaient peu à peu installés les savoir-faire maison. L’immeuble s’appelait Prodor, il fut bien vite trop étroit. Il fallut attendre 2001 pour que l’actuelle construction de Plan Les Ouates, permette un regroupement  au sein de mêmes murs, des métiers complémentaires à ceux exercés en terreau neuchâtelois, c’est à dire tous sauf ceux de la conception, la construction et la production de mouvements et de leurs outillages.

Ce n’est pas un hasard si l’architecte Paul Studer inscrit la nouvelle construction au sein d’un anneau symbolisant aussi bien l'activité horlogère que l'activité joaillerie de la marque. Un anneau dont le cœur se compose d'un bâtiment central prolongé par une passerelle d'accès aux visiteurs suggérant une aiguille, suspendue au-dessus d’espaces verts. Désormais, c’est ici, au sein de deux immenses halles, que se trouvent le siège social et l’unité principale de production.

Bienfaits de la proximité des savoir-faire

Les services administratifs, direction, marketing, finances et RH, côtoient ici la conception et la fabrication de tout ce qu’une montre soignée, en matériau précieux, requiert comme composants ou savoir-faire. Dans le bureau de la conception en charge de la recherche et du développement, le pedigree complet de chaque montre est consigné et fait l’objet de calculs tangibles. La boîte, la glace, la lunette, les joints, les vis parfois minuscules, le cadran, les aiguilles, le bracelet, les côtes utiles à l’emboîtage du mouvement, tout y est, jusqu’aux opérations de contrôle de qualité et de vérification chronométrique. Après l’étude et la consignation des données, le prototypage, l’analyse de faisabilité et les plans nécessaires à la mise en production.

Ainsi sont possibles les 80 à 100 nouveautés proposées par année, qu’il s’agisse du simple changement sur un cadran ou du lancement d’une nouvelle ligne.

L’or et les matières précieuses

Côté matériaux précieux, au sein du Groupe Richemont, il n’y a pas de politique d’achats groupés. Chaque marque dispose de sa propre marge de manœuvre, de ses fournisseurs, de sa liberté de négocier. Il y a donc clairement un esprit de challenge entre les marques. Chez Piaget, à l’exception de quelques pièces en titane ou bicolores, toutes les montres sont en or. Il s’agit là aussi d’une composante de l’ADN de la marque. Il y eut bien, dans les années nonante, une exception avec le lancement de l’Up-Stream, une montre en acier. L’idée fut vite abandonnée.

Les barres de matières précieuses achetées sont ensuite envoyées chez un fournisseur externe qui les mélangera aux alliages afin d’aboutir au profilé voulu, afin d’obtenir un or 18 carats conforme aux méthodes maison. Chez Piaget, il y a près de 300 profilés différents. Il y a aussi cet or gris – ou or blanc – dont la blancheur caractéristique est plus marquée qu’ailleurs. A Plan-Les-Ouates donc, la Manufacture dispose de son propre four, ce qui reste peu fréquent dans le secteur. L’or de retour de l’apprêteur y est coulé pour prendre les formes voulues. Du lingot à la boîte ou au maillon de bracelet, cette proximité se mue en d’efficience.

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