Watchmaking puts on a show at the Museum of Counterfeiting in Paris 1

L’horlogerie au Musée de la Contrefaçon à Paris

Il existe à Paris un musée très particulier, celui de la contrefaçon. Il retrace l’histoire de cette pratique frauduleuse. L’horlogerie, via la FHS, Baselworld et quelques marques, y tient une exposition temporaire, jusqu’en Juillet 2017. Édifiant!

Par Benjamin Teisseire
Contributeur

La contrefaçon apparaît avec la naissance du commerce. Preuve en est la Loi De Falsis promulguée en 71 avant JC dans l’Empire Romain pour interdire l’usage de faux. Les artisans apposaient déjà leurs signatures en guise de marques à l’époque. La Renaissance, avec son expansion des arts et du commerce, a vu la contrefaçon exploser aux 14ème et 15ème siècles. L’essor de l’industrie et de la technologie à partir du 19ème siècle marque un nouveau bond en avant pour cette pratique. Aujourd’hui, en 2016, la contrefaçon représente 5 à 10% du commerce mondial (estimations douanières mondiales), soit des pertes significatives en termes d’emplois et de revenus, en particulier dans le luxe, troisième secteur le plus ciblé derrière les médicaments et le textile. La part de l’horlogerie est de 9% dans les saisies douanières globales. Le problème est donc bien réel.

Les enjeux 

Certains estiment que la contrefaçon sert les marques en termes de notoriété et montre leur force et leur pouvoir d’attraction. C’est une vision simpliste et erronée. Si l’on considère le vol de propriété intellectuelle, les dommages sur l’image de marque, la perte d’exclusivité, la défiance que cela peut créer et le financement du crime organisé, l’enjeu est plus évident. Le tout est amplifié par l’explosion d’internet. La Fédération Horlogère Suisse (FHS) estime à 40 millions le nombre de contrefaçons produites chaque année. Cela représente plus que la production suisse entière estimée à 27 millions d’unités en 2015, selon les statistiques FHS.

Authen’TIC TAC remet les pendules à l'heure

L’exposition parisienne, élaborée en partenariat avec les marques Hermès, Hublot, TAG Heuer, Baselworld et la Fédération Horlogère Suisse (FHS), fait la part belle au travail que représente l’élaboration d’un garde-temps. Les aspects de l’évolution de l’horlogerie depuis la clepsydre, du design, de la créativité, des savoir-faire et de la micro-mécanique sont intelligemment mis en avant pour appréhender la fascination pour ces objets qui sont devenus, au fil des siècles, bien plus que des instruments de mesure du temps: ils sont symboles de luxe, de goût, voire de statut social ou de philosophie de vie. Le but de cette exposition est de bien faire comprendre, dans ce contexte, l’arnaque que représente la contrefaçon. 

50 nuances de Faux

Il convient de détailler ensuite quels sont les divers types de «faux», de la plus grossière création farfelue à la «réplique» la plus trompeuse imitant l’original jusque dans ses moindres détails, à savoir jusqu’à l’emballage et même la facture. Chacun type de faux comporte ses propres risques et son degré de tromperie. Le toc peut entraîner des dommages sur la peau; les copies premiers prix ou basiques ne marcheront sans doute pas longtemps. Quant aux  copies trompeuses qui montent en gamme avec des mouvements plus fiables, vendues au dixième du prix, elles portent une atteinte grave à l’image de marque. Enfin, les «répliques», nom fallacieux pour désigner une contrefaçon, trompent littéralement le consommateur et pillent directement les marques par le manque à gagner qu’elles leur infligent.

Les faussaires s’améliorent, la lutte aussi

Face à l’explosion d’internet et aux possibilités qu’offre l’impression 3D, les autorités douanières, les fédérations horlogères et les marques multiplient les actions pour assécher les marchés: plus de 12’000 sites d’e-commerce sont sous surveillance, des centaines sont fermés chaque année, plus d’un million d’annonces ont été retirées, notamment sur les réseaux sociaux, en 2016 (à fin août). Le cadre juridique s’harmonise et se consolide, notamment sur la propriété intellectuelle et sur l’engagement des poursuites. Les contrôles, perquisitions et saisies sont en hausse. Enfin, la formation des agents de terrain et l’information des consommateurs sur les risques encourus et les conséquences sur le commerce s’intensifient.

Mettre fin à la contrefaçon n’est pas pour demain, mais bien comprendre les enjeux est primordial pour lutter efficacement. Cette intéressante exposition y contribue pleinement. Informative à tous les niveaux, assez interactive, elle fait réfléchir le visiteur. A voir absolument si passez par Paris. Elle est ouverte jusqu’en juillet 2017.

https://musee-contrefacon.com

Musée de la Contrefaçon, Paris / 16 rue de la Faisanderie / +33 1 56 26 14 03
Du mardi au dimanche de 14h00 à 17h30. Le matin sur réservation.

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