Enchères à Genève: une rare Zenith El Primero vendue chez Phillips
Lors de la vente chez Phillips, entre les Rolex et les Patek Philippe, une pièce de connaisseur a refait surface. Une rareté, un témoin de l’histoire horlogère: un exemplaire prototype très recherché du célèbre chronographe.
Pour sa première vente aux enchères, le nouvel auctionneur Phillips nous réservait une belle surprise. Parmi les innombrables lots, il y eut cette Zenith El Primero unique, un prototype avec triple calendrier et phase de lune.
L'histoire d'une légende
La présence de cette exceptionnelle montre dans l’offre de Phillips mérite que soit rappelée brièvement la légende El Primero. Tout débute en 1962, la manufacture du Locle veut sortir une montre iconique pour son centenaire en 1965. Ce sera un chronographe, mais avec un cahier des charges si complexe pour l'époque qu'il faudra 7 années aux ingénieurs et horlogers de la Zenith pour arriver à leur fin, 4 années après la date du jubilé.
Le 10 janvier 1969, le El Primero - le premier en esperanto - est dévoilé, il s'agit du premier chronographe à remontage automatique du monde!
C'est une véritable révolution mécanique qui marquera durablement l'histoire horlogère. Au début des années 1970, la marque du Locle est durement éprouvée par la crise du quartz et est vendue au groupe américain d'électronique homonyme Zenith Radio Corporation.
Sauvé de la destruction par un horloger désobéissant
En 1975, une terrible décision est prise par le nouveau propriétaire: l'arrêt de la fabrication de mouvements mécaniques, qu'on remplace par du quartz. La direction veut tout simplement se débarrasser de ce qu'on juge alors "sans avenir, obsolète". C'est alors qu'entre en scène monsieur Charles Vermot dit Charly, alors responsable d'atelier. Choqué par la décision du groupe américain de vouloir détruire ce en quoi il a toujours cru, l'horlogerie mécanique, Vermot décide de cacher les machines-outils et les plans essentiels à la fabrication de plusieurs calibres mécaniques - dont le El Primero - avant que ceux-ci ne soient détruits.
Quelques années plus tard, avec la résurrection de l'horlogerie mécanique suisse, et sous l'impulsion de la marque Ebel qui avait besoin d'un calibre chronographe automatique, le El Primero est relancé. Enfin, Rolex choisit également le El Primero pour équiper son célèbre chronographe Daytona en y ajoutant ses standards de bienfacture.
Ainsi la Daytona fut équipée du EP de 1987 à l'an 2000, année ou Rolex présenta son propre mouvement in-house.
Pour Charly, à qui on fera appel pour relancer la machine, c'est comme un rêve qui se réalise. Aujourd'hui, l'histoire est parfaite pour le marketing, mais cette histoire est véritable, grâce à la pugnacité et au courage d'un "simple horloger" du coin qui avait toujours cru en l'horlogerie mécanique.
Le prototype, un modèle historique
Une pièce très "seventies" qui offre un beau cadran patiné dont la particularité est d'avoir deux étoiles en appliques positionnées à 2h et 10h à côté des guichets de jour et date. Cette très rare référence 1205SP a été produite à 25 exemplaires au cours de l'année 1969. Aujourd'hui, on ne sait pas combien d'exemplaires ont subsisté mais sans doute peu. La montre est accompagnée d'un bracelet Gay Frères original et d'une lettre de Zenith confirmant la fabrication de ce prototype.
A Genève, en mai 2012, un exemplaire similaire s'était envolé à CHF 37'500 chez Chrisite's. Zenith avait ensuite déclaré sur Facebook avoir remporté l'enchère pour cette très rare pièce historique.
Lors de la vente inaugurale de Phillips Watches, la montre s'est envolée à CHF 68,750! On peut espérer qu'elle aura cette fois-ci rendu un collectionneur heureux!