De nouveaux matériaux sur la planète Urwerk

Avec ses satellites qui marquent les heures et ses improbables complications, Urwerk est un ovni dans le monde de la haute horlogerie. Un ovni d’autant plus étrange qu’il se pose à intervalles réguliers sur la scène d’un opéra: celle du Grand Théâtre de Genève où son EMC a été doublement distinguée lors du Grand Prix d’horlogerie, le 31 octobre 2014, s’adjugeant le prix de l’exception mécanique, et celui de l’innovation.

Bracelet acier et nouveaux contrastes

Mais en ce début 2015, d’autres modèles sont à l’honneur. Urwerk propose son UR-210 sur un bracelet acier, réalisé en 35 exemplaires et conçu sur mesure pour s’adapter à son boîtier si particulier. C’est la quatrième déclinaison d’une pièce sortie en 2012, qui s’enrichit cette année d’un protège-couronne pour permettre un assemblage parfait du bracelet et de la boîte. Dans cette nouvelle version, Urwerk s’est attaché à simplifier au maximum la lecture de l’heure en travaillant les contrastes de couleur et de matière.

URWERK UR-210S avec bracelet en acier

L’aiguille noire, en titane traité DLC, se détache clairement avec le rail des minutes en acier, le gris métallique des satellites ou celui de la platine perlée qui se révèle entre les composants, invitant le regard à une promenade en trois dimensions. Le mouvement de l’aiguille rétrograde, qui saute au satellite suivant lorsqu’elle atteint la marque des soixante minutes, n’en est que plus séduisant.

URWERK UR-110 Estwook Red ebony

Le superluminova est toujours là, mais il a changé de couleur. Rouge pour le bec de l’aiguille et, plus surprenant, noir pour les chiffres que portent les satellites. On ne peut évidemment pas en attendre de grandes performances, mais ce n’était pas l’effet recherché. «La luminosité est proche de zéro, mais ce qui m’intéresse avec le superluminova, c’est la texture qu’il donne», explique Félix Baumgartner, co-fondateur de la marque. La UR-210 offre toujours sa réserve de marche à une heure et son indicateur d’efficacité de remontage à onze heures. Une fonction originale, qui indique si la montre a accumulé ou perdu de l’énergie au cours des deux dernières heures, selon les mouvements de son porteur. En fonction du résultat, on peut choisir d’accroître la résistance de la masse oscillante par un réglage au dos de la montre.

URWERK UR-110 Eastwook Macassar Ebony

Tweed et bois précieux pour un dernier tour de piste

Urwerk limite volontairement sa production à 150 pièces par année, parfois un peu moins. Avec seulement 17 employés et l’envie constante d’explorer de nouveaux territoires, elle renouvelle sa collection rapidement, chaque modèle n’étant produit que pendant quelques années. La UR-103, pièce historique, détient le record de longévité: elle a été produite pendant sept ans, alors que la UR-110, lancée en 2011, fait cette année son dernier tour de piste dans une version habillée de bois, baptisée UR-110 Eastwood.

Le bracelet en tweed de la URWERK UR-110 Eastwood est signé Timothy Everest

Elle nous offre une véritable révolution esthétique grâce à sa lunette taillée dans un bois précieux et montée sur un bracelet en tweed, signé Timothy Everest, tailleur londonien des célébrités qui a habillé Elton John ou dessiné les costumes de Tom Cruise dans Mission impossible. Chacune des dix montres produites - 5 en bois de Macassar et 5 en ébène rouge que l’on appelle aussi «ivoire rouge» - sera livrée avec un jeu de trois bracelets, deux en tweed prince de Galles à dominante brune ou verte, et un dans un textile dérivé du Kevlar, déjà utilisé pour la UR-210 Y.

URWERK UR-110 Eastwook Macassar Ebony

Le choix du bois qu’Urwerk n’avait jamais travaillé peut surprendre, surtout pour une lunette incurvée au contour aussi spécifique que celle de l’UR-110. «C’était un beau défi, soi-disant impossible à relever. La chose impossible n’en est que plus attrayante. Nous nous sommes lancés», note Martin Frei, co-fondateur de la marque. Mais le bois, matière noble et vivante, est aussi l’occasion de «ramener de l’émotion plutôt que d’insister exclusivement sur la performance technique à tout prix», souligne Felix Baumgartner. A l’avenir, il imagine les satellites teintés d’émotion, et des pièces comme l’EMC fermement ancrées dans la technicité.

URWERK UR-110 Eastwook Red Ebony

Merci à  Amr Sindi de The Horophile - Swiss based watch blog les photos live