DB28 Kind of Blue Tourbillon Météorite

DB28 Kind of Blue Tourbillon Météorite

Il y a cinq mille ans à Santiago del Estero en Argentine, s’écrasait sur terre un petit morceau d’univers. Une météorite ferreuse rare fait d’un alliage de fer et de nickel et portant les stigmates du temps céleste comme seule parure. Mais son long périple ne finit cependant pas dans les cimetières de météores argentins. Elle atterri un jour dans les mains d’un maître-horloger de génie qui décida d’en ressusciter la beauté cachée. Poudre de diamants, lames d’aciers et flammes brulantes, l’alchimiste usa de toute sa palette d’outil afin d’insuffler à la belle moribonde la vie qui laisserait alors apercevoir la lointaine contrée de ses origines.

C’est ainsi qu’après bien des efforts, il parvint à en révéler le visage fabuleux. Face à lui, déchirés par la nuit, des tourbillons de gaz colorés enveloppaient la matrice d’une galaxie, là où commençait le temps et battait le cœur des étoiles. Façonnées dans quelques gouttes d’or, il les raccrocha alors une à une dans le ciel qui leur appartenait et voulu en ceindre, comme une couronne, la tête de l’une de ses montres. Mais laquelle choisir ? Son compagnon d’Atelier, un Esthète au regard d’acier avec qui il s’ingéniait depuis plus de quinze ans à créer les plus beaux garde-temps du monde, lui souffla la réponse : Une pièce unique, taillée dans le titane et d’un bleu que seul une technique secrète permettrait de rendre aussi vibrante que son joyau étoilé. Un bleu si profond, si vivant, disait-il, que l’on y verrait pas, en une vie, toutes ses nuances. C’est ainsi que, pièce après pièce, dans le feu de son four, le coloriste-horloger couvrit sa pièce d’azures.

Il manquait pourtant encore le mouvement qui animerait cet univers miniature. A l’énergie qu’il savait capturer dans ses lames-ressorts et transmettre à de minuscules rouages, il y fixa le plus délicat des cœurs. Plus léger qu’une poussière d’étoile, les tournoiements de son tourbillon donnèrent alors le rythme d’une valse à deux temps sidérante. Trente-six mille fois par heure, les allers-retours de son balancier guidaient les pas de deux aiguilles d’or, seules habilitée à survoler de si près le météore flamboyant. Sa giration si régulière semblait mimer la vie de celle qui, jadis, avait tant orbité et que le destin avait un jour fait choir dans les mains des deux magiciens.

Bien des mois étaient passés et les souffles incandescents de sa forge lui avait fait oublier les caprices des saisons et l’obscurité de la nuit. Avec tendresse, il scella d’or et de verre la fine boîte qui abritait son chef d’œuvre. Avec délicatesse, il l’enserra entre deux berceaux aussi bleus que l’écrin qu’ils soutenaient et aussi flexibles que les ailes d’un papillon. Enfin, avec amour, il caressa du bout de ses doigts les courbes de celle qu’il avait fait naître et qu’il verrait bientôt disparaître au bras d’un autre. Levant les yeux au ciel, il plongea son regard au milieu des astres naissant du crépuscule et se réjoui. Car s’il laissait filer son étoile, il savait que, de là-haut, ses sœurs lui souriaient. Tout comme l’homme à qui, un jour, elle épouserait le poignet.