Tissot: interview du Président François Thiébaud

«Tradition et innovation au service des consommateurs.» Tissot est une marque très étonnante. Non contente d’être la maison qui produit le plus grand nombre de montres dites traditionnelles, avec 4 millions d’unités par année, elle se paie le luxe d’explorer les domaines de la chronométrie. Et, faisant la nique à des montres dotées de tourbillons ou système d’échappement sophistiqué, elle rafle des prix avec un module d’échappement créé par Nivarox pour Tissot et Swatch System 51.

François Thiébaud nous raconte l’esprit Tissot: «Une marque d’horlogerie doit avoir une philosophie. La nôtre est simple, nous créons, nous assemblons, nous présentons, nous communiquons et nous faisons parler de nos montres. Mais tout cela doit être fait en suivant une ligne directrice rigoureuse. Ainsi, nous renforçons constamment nos garde-temps, nous les améliorons, que ce soit du point de vue des matériaux utilisés ou de la chronométrie.

En plus de cela, nous travaillons beaucoup dans le domaine de l’innovation qui est pratiquement constante.»

François Thiébaud

Et cela depuis toujours?
Vous savez Tissot a fait des choses extraordinaires tout au long de son existence. Pour ne citer qu’un exemple, nous avons produit la première montre en plastic, en 1976, c’était 6 ans avant la Swatch. Et justement, pendant cette période, je vous rappelle que l’horlogerie subissait une crise très grave, nous avons été les premiers à utiliser le drapeau suisse quand notre pays croulait sous les montres fabriquées au Japon. Nous étions fiers de perpétuer ce que la Suisse représente sur le plan horloger. De là nous avons bâti que j’appelle la religion Tissot: une marque au service du groupe certes mais aussi surtout au service des consommateurs.

Concrètement qu’est-ce que cela veut dire?
Quand nous créons un garde-temps, nous nous demandons ce que les clients aimeraient y découvrir en matière de fonctions, de matériaux, de critères de formes. Et comme la qualité a augmenté dans l’horlogerie, nous appliquons cette augmentation de qualité, mais sans augmenter nos prix. Je vous donne un exemple, la Powermatic coûte toujours 700 francs, mais désormais nous y avons de l’acier 316N, du titane, des verres saphir.

Il y a donc une adaptation et le prix doit en tenir compte car il est important de faire du profit si nous voulons vivre mais notre but est surtout de servir au mieux le consommateur tout en gagnant notre eau chaude. Je suis d’ailleurs convaincu que l’horlogerie suisse n’a pas d’autre issus que celle de la qualité la plus pointue. Les marques suisses sont à la pointe de la pyramide horlogère et nous nous devons d’y rester. Pour cela il est indispensable de nous maintenir au top du top. Ceux qui ne l’ont pas compris devront en tirer les conséquences.

Tissot Vintage Gold Gent est une nouveauté présentée Baselworld 2015 

Et être à la pointe c’est, par exemple, produire un chronomètre qui gagne des prix?
Nous avons pu faire un chronomètre grâce à notre appartenance au groupe qui nous permet des performances profitant ensuite é tous les consommateurs. Et puis à cela nous ajoutons la passion car nous aimons ce que nous faisons. D’ailleurs nous nous efforçons toujours de produite bien et mieux encore. Pour y parvenir il faut réfléchir sur nous-mêmes, nous remettre constamment en cause et ainsi avancer. Cela explique en partie le développement important des montres mécaniques dans notre collection depuis quelques années. Aujourd’hui les gens connaissent mieux les garde-temps. Les acheteurs se renseignent et sont devenus des «questionneurs» de qualité.

Et quand ils décident d’acquérir une montre, c’est parce qu’elle leur plaît, que son prix est adapté, mais aussi parce qu’ils ont confiance dans ce garde-temps. Et la confiance c’est plus important que l’argent. Enfin, nous devons poursuivre dans le message de base, ne pas le changer et ainsi éviter de déstabiliser le client.

Donc monter la barre sans cesse, mais en douceur?
Absolument.