Visconti met le bronze au service d’une montre XXL

J’avoue une petite inquiétude au moment de passer cette montre à mon poignet: comment pareil monstre s’y comportera-t-il? Premier constat, elle est aussi lourde qu’imposante, mais son poids accompagne logiquement son esthétique générale, il vient confirmer la sensation de solidité qui s’en dégage. Le profil des quatre cornes vissées la rend agréable au porté, tout comme le positionnement à deux heures de sa couronne qui dépasse de près d’un centimètre du boîtier sans toutefois gêner les mouvements de la main. Exclu pourtant de la faire disparaître sous la manchette d’une chemise. Avec ses 45 mm de diamètre pour 14,9 mm d’épaisseur, elle m’accompagnera bien plus sûrement sur le pont d’un bateau que pour un dîner en ville!

Visconti W110 Grand Cruise Bronze

Une tempête en mer du Nord

Etanche à 200 mètres, La Visconti W110 Grand Cruise renvoie sans hésitation à l’univers marin. Pas celui des poissons multicolores que l’on observe le long d’un récif corallien dans les eaux chaudes de l’Océan indien, non, quelque chose de plus brut, de plus extrême. Peut-être l’exploration d’un gisement pétrolier offshore en Mer du Nord, au beau milieu d’une tempête. Elle évoque le casque vissé d’un scaphandrier plus que la chevelure d’une sirène. Quelques détails viennent conforter cette impression, comme les indications d’une rose des vents que l’on retrouve gravées sur sa lunette, le N à midi, le S à six heures et les caps exprimés en degrés dans le prolongement des quatre cornes.

Visconti W110 Grand Cruise Bronze

Ce n’est pourtant ni une boussole, ni une montre de plongée. Le cuir du bracelet, traité water-resistant et fermé par une boucle déployante papillon, n’incite pas à se jeter à l’eau. La lunette semble crantée mais ne tourne pas, pas plus que le réhaut sur lequel on retrouve le chemin de fer des minutes. Elle ne mesurera donc pas la durée de mon immersion, mais me propose à la place une fonction GMT à cinq heures.

Un deuxième fuseau horaire

Le deuxième fuseau horaire apparait dans un cadran cerclé d’une applique couleur bronze (est-ce du laiton ?) qui répond à celle plus petite qui encadre le guichet de date à 11 heures. L’ensemble est efficace, les deux appliques se font face, de part et d’autre de l’axe central des aiguilles, la petite en haut et la grande en bas, comme deux satellites figés dans leur mouvement. A midi, le XII surdimensionné, traité lui aussi en applique, est recouvert d’un matériau luminescent orange qui se détache sur le fond bleu du cadran, orné de vaguelettes sur sa moitié inférieure. Le même enduit recouvre la pointe et les branches des aiguilles squelettées, orange pour les heures et blanc pour les minutes pour l’indication principale, et en couleurs inversées pour le deuxième fuseau horaire, flanqué à huit heures d’un petit indicateur jour/nuit.

Visconti W110 Grand Cruise Bronze (photo de Marco Cattaneo)

Le mouvement mécanique automatique, visible à travers le fond saphir, donne à la Visconti W110 Grand Cruise une réserve de marche de 42 heures. Il propose un véritable catalogue de décorations avec ses vis bleuies, une masse oscillante largement ajourée, ornée du logo de la marque et traitée côtes de Genève, un barillet soleillé et des ponts perlés.

Des racines italiennes

Le mouvement est Swiss Mase, comme le confirme un examen attentif des indications gravées sur les ponts, quand bien même c’est la mention «Made in Italy» que l’on retrouve inscrite au dos du boîtier. C’est que Visconti revendique ses racines italiennes: après s’être lancée dans les instruments d’écriture il y a un quart de siècle, la marque a débarqué en terres horlogères il y a moins de trois ans, fière de cette ville de Florence où elle est basée, et qui vit naître Panerai. Elle a présenté sa première collection de montres à Baselworld au printemps 2013, puis est revenue dans la cité rhénane avec un boîtier en saphir, singulier contraste avec le bronze du modèle que je porte aujourd’hui.

Visconti W110 Grand Cruise Bronze (photo de Marco Cattaneo)