Mariner
Nouvelle Mariner Gent Cobalt Blue Dial chez Concord
Souvenir ou prémonition? Lorsque ce garde-temps au bleu déroutant m’a été confié, l’espace d’une parenthèse expérientielle en plein cœur de l’été, je me suis surpris à penser «Comme on se retrouve!»
Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef
Retrouvailles? En tous les cas visage familier, puisque la famille esthétique dont cette Mariner Gent est issue semble avoir survécu aux années 80, à l’heure où les usines de boîtes de montres de La Chaux-de-Fonds et leurs bruyantes machines à étamper, accueillaient mes envies de jobs d’été.
Du bleu, des vagues et des vents
A la fois formelle, classique et finalement diablement intemporelle, c’est comme si cette montre revenait du fin fond de ma mémoire, chargée d’une tendresse post-estudiantine. Aurait-elle eue à l’époque ce diamètre de 41 mm qui correspond aujourd’hui à l’inéluctable retour à la normalité des tailles? Qu’importe. Cette montre est bien nouvelle, résolument contemporaine, et sa jeunesse, quand bien même a-t-elle été empruntée à quelques standards immuables, n’a rien d’un leurre.
Evidemment, avec le nom qu’elle porte, comme avec la période de son arrivée sur les marchés, l’été 2015, cette montre se devait d’être étanche: 50 mètres soit 5 atmosphères. Quant à ses index rhodiés, ils se devaient d’être réflectifs, grâce à leur revêtement de Super Luminova, ce qui peut s’avérer plutôt utile lorsque la plongée est inscrite au programme. Le bleu Majorelle qui tapisse son cadran, obtenu à partir d’un de ces traitements galvaniques qui transcendent les régularités et les intensités d’application, incarne autant les profondeurs océaniques que l’atmosphère particulière des Marinas qui leur font face. Tandis qu’à son revers, une rose des vents gravée vient caresser de ses reliefs sa marine identité, le fin poli brossé de sa lunette et de son bracelet permet l’alternance des reflets du soleil et des gouttelettes salées. L’acier inoxydable, faut-il le rappeler, reste particulièrement appréciable lorsque sel et UV s’entendent pour attaquer vos objets personnels estivaux. Cette pièce est donc autant à son aise dans les ébats aquatiques que sur fond de sorties mondaines, en bonne société.
Délictueux déréglage
Seule ombre au tableau, une date posée à 3 heures: son bon réglage pourrait presque vous faire oublier les lâchers prise inhérents à toute vacance qui se respecte. Mon premier réflexe sera donc de la dérégler et de déjouer ainsi les perspectives d’un retour aux affaires. Et je le ferai sans aucune honte puisque revient à ma mémoire, encore un de ces souvenirs enfouis dans le sable de ma culture horlogère générale, le fameux slogan qu’avait inventé la marque Concord. Jugez plutôt, sur ses affiches et ses pages publicitaires d’alors, la marque osait un mémorable «Be Late», - Sois en retard -, tout en montrant un nouveau-né dans des bras paternels peu enclins à respecter d’autre horaire que celui des retours à l’essentiel. Un tel slogan, un pavé dans la marre d’un secteur obnubilé par la précision, c’était une audace communicationnelle qui devrait épater encore, tant elle fut osée et disruptive, les fils de pub de la branchitude actuelle.
Concord, un patrimoine intact
Au passage, ce petit clin d’œil historique me permet d’évoquer la richesse incroyable de la marque Concord. Une signature patrimoniale suisse dont les racines sont installées tant du côté de Bienne, où elle voit le jour en 1908 et où son siège vient de se réinstaller dès 2013, qu’Outre Atlantique, où sa première filiale est ouverte en 1909 et où, après qu’elle ait même su séduire le Président Truman, son appartenance à la North America Watch Corporation est scellée dès 1979.
Créée par Gerry Grinberg, un exilé cubain à qui la maison Piaget avait confié la distribution de sa marque aux Etats-Unis, la North America Watch Corporation, après avoir acquis Concord, allait bientôt aussi acheter et développer la marque Movado, autre fleuron horloger suisse, avant de devenir le MGI Luxury Group puis le Movado Group Inc, l’un des groupes horlogers avec lesquels le marché mondial doit aujourd’hui compter. L’entité possède aujourd’hui plus d’une dizaine de marques, dont l’enseigne Ebel. Sa cotation en bourse n’a pas écorné la dimension familiale, puisque Efraim et Alex Grinberg de la troisième génération en sont toujours aux commandes. Gardiens d’une histoire entrepreneuriale hors du commun, ils n’oublieront jamais que la marque Concord fut à l’origine de leur aventure familiale.