F.P. Journe : 15 ans de bonnes résonances

Il y a très exactement 15 ans, l’occasion nous avait été donnée de tester au poignet pour un petit moment la première génération de montre à résonance. Cette pièce en platine au mode de construction et de fonctionnement sortant de l’ordinaire avait donné le frisson. Son design d’alors la faisait se rapprocher des premiers chronomètres de marine dont certains exemplaires sont encore aujourd’hui observables aux Arts et Métiers à Paris ou au Musée international de la Chaux-de-Fonds. Mais c’est assurément son mode de construction qui faisait le plus vibrer car de toutes les pièces alors existantes sur le marché, seule cette référence faisait appel au principe de la résonance mécanique pour conserver la fréquence d’oscillation de référence et ainsi contribuer à améliorer la marche diurne.

Le Chronomètre à Résonance de F.P. Journe en platine

Un cœur scientifique

Cela pourrait sembler du charabia aux techniciens néophytes, mais en fait, si le concept semble très compliqué à appréhender, il demeure très facile à expliquer. Ainsi, pour faire simple, on retiendra que le système mis au point par Antide Janvier et repris pour les montres-bracelet par François-Paul Journe fait appel aux fréquences et à l’effet de résonance dans la matière pour obtenir un appairage dynamique des deux balanciers oscillants à la même vitesse. Pour comprendre comment cela fonctionne, il suffit de se rendre dans un square pour enfants et de lancer en décalage deux balançoires (ayant un poids égal) accrochées sur un même axe pour constater que très vite, celles-ci se calent sur la même fréquence pour faire des mouvements de va et vient synchronisés. Cet effet de résonance avait été parfaitement compris par les anciens et François-Paul Journe à pris le parti génial de l’adapter à la montre-bracelet en intégrant non pas un mais deux mouvements mécaniques sur une même platine dont les régulateurs sont presque à se toucher. La proximité des deux organes oscillant à 3 Hertz (21600 alternances par heure) a finalement pour objet de limiter et de lisser les écarts de vitesses enregistrés par les balanciers lors des mouvements faits par le porteur de la pièce. L’effet produit ne moyenne pas la précision mais permet de lisser et de réduire les effets de l’inertie sur les balanciers et ainsi de permettre au garde-temps étant équipé du système d’avoir une précision avoisinant celle d’une référence qui resterait statique sur un banc de contrôle.

F.P. Journe Chronomètre à Résonance au porté

Un produit hors norme

Aujourd’hui, la pièce testée n’est évidemment plus celle de première génération, ni même la deuxième qui est apparue en 2004 avec pour spécificité de recevoir un calibre en or massif 18 carats, mais la troisième qui a été lancée en 2010 pour célébrer le dixième anniversaire d’un instrument de mesure du temps unique en son genre. Il l’était tellement qu’il a remporté un prix au GPHG (Grand Prix de l’Horlogerie de Genève).  Le moins que l’on puisse dire c’est que la « bête » de 40 mm, autrement dit d’une taille tout à fait raisonnable (existe également en 38 mm), fait sensation avec son cadran au dessin original et à la construction sans équivalent. Contrairement aux modèles passés, cette version présente deux modes d’affichages. Le premier sous compteur doté d’une structure vissée au cadran présente un affichage 24 heures numérique par disques et anneaux rotatifs. Les minutes sont par ailleurs décalquées en rouge sur fond blanc argenté pour faciliter leur lecture. Le second sous-compteur présente une disposition plus classique, inspirée elle des chronomètres d’antan.

F.P. Journe Chronomètre à Résonance

L ‘art de l’équilibre

On notera que, dans cette structure très élaborée et finalement travaillée comme le serait un jardin à la française, se détachent les deux trotteuses de secondes dont la dimension est presque hors norme. Mais il est logique que pareil organe trône en bonne place puisque la symétrie la plus totale dans leur ronde minutée est la preuve que la montre est parfaitement réglée. Et pour garantir un réglage optimal, il suffit de tirer sur la couronne située à 4 heures pour faire revenir les deux trotteuses dans le même instant à zéro et répartir. Cet ensemble est servi par le calibre mécanique à remontage manuel de manufacture référence Cal. : 1499.3 dont la platine et les ponts sont réalisés en or rose massif 18 carats. D’un diamètre de 32,6 mm, ce cœur doté de 40 heures de réserve de marche (avec indicateur à aiguille côté cadran à 12 heures) possède une architecture qui, comme celle du cadran se distingue par sa symétrie. On remarquera toutefois que cet effet de miroir n’est pas total car, pour permettre à l’horloger de régler correctement le calibre, le coq de balancier de droite est doté d’une vis de réglage. Celle-ci est destinée à permettre à l’horloger en charge de l’ajustement de la montre, de déplacer le groupe de régulation situé à droite (vu du dos) de façon micrométrique jusqu’à parvenir à faire rentrer en résonance les deux balanciers.

F.P. Journe Chronomètre à Résonance en platine

Montre de citadin voyageur

On retiendra que cette pièce originale puisque dotée de finalement deux mouvements en un, offre comme opportunité de pouvoir servir de montre de voyage car  les deux affichages sont indépendants l’un de l’autre. Ainsi, l’heure du fuseau de départ sera à conserver sur le sous-cadran de gauche et l’heure locale sera tout simplement à régler à l’aide de la couronne de remontoir située à 12 heures. Cette création est proposée en or rose 18 carats ou en platine et en 38 ou 40 mm de diamètre. Elle se porte sur alligator ou sur un bracelet réalisé dans le métal de la boîte. Exceptionnelle de lisibilité et reconnue par les professionnels comme une référence dont la préciosité dépasse la simple esthétique, la montre à résonance qui fête cette année ses 15 ans d’existence, fait partie des modèles qu’un pur expert devrait posséder dans sa collection comprenant, comme de juste, les plus grands standards des maisons de renom.

F.P. Journe Chronomètre à Résonance au porté