FP Journe T30 Tourbillon

T-30 Tourbillon, l’hommage de Journe à sa première pièce unique

Début 1983, François-Paul Journe termine la première de ses créations horlogères, une montre de poche chronomètre et tourbillon. Trente ans après l’horloger génial sort une montre bracelet hommage, la T-30. Un tourbillon bien sûr…

Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef

A vingt ans, le jeune François-Paul, un môme marseillais monté à Paris pour étudier l’horlogerie et rejoindre son oncle Michel, un restaurateur d’horloges et de montres anciennes réputé, décide de construire son propre chronomètre à tourbillon.

FP. Journe T30 Tourbillon La FP. Journe T30 Tourbillon célèbre 30 ans d'horlogerie d'exception

En 1977, alors que les seules montres dotées de ce mécanisme inventé par Abraham-Louis Breguet avaient été conçues au XIXe siècle, le jeune apprenti se fascine pour cette complication dont on parle à l’école et dont on sait que seul un maître horloger anglais indépendant, feu Georges Daniels qui deviendra son ami, continue, par une production parcimonieuse, d’en perpétuer la fabrication.

FP. Journe T30 Tourbillon La FP. Journe T30 Tourbillon

D’une montre de poche Tourbillon à la naissance de la marque

«Je la terminai début 1983 et elle est signée F.P. Journe Paris. J’ai façonné chaque pièce qui la compose ainsi que le boîtier en Or et Argent.», se rappelle-t-il à propos de cette pièce unique qui lui met le pied à l’étrier et que son oncle lui laisse réaliser en marge des horaires d’ouverture de son atelier. Cette montre de poche sera la première d’une série de pièces uniques, bâtisseuses de la légende Journe, réalisées dans son atelier indépendant de la rue de Verneuil: une pendule sympathique, une pendule mystérieuse, un planétaire, un chronomètre astronommique ainsi que des mécanismes subtils et complexes destinés à habiter des objets rares. Grâce à quelques premiers prix reçus pour ses créations horlogères inédites, sa réputation dépassent les frontières.

Zoom sur le cadran de la T30 Tourbillon Zoom sur le cadran de la T30 Tourbillon

Elle se répand dans la sphère très fermée des collectionneurs mondiaux, ceux qui, par esprit de compétition, conservent jalousement leurs adresses d’initiés jusqu’à ce que leur réputation parvienne malgré eux à la connaissance d’un cercle plus élargi.

En 1999, membre de l’AHCI – Académie Horlogère des Créateurs Indépendants - après avoir sévi  quelques temps depuis un atelier côté Carouge, François-Paul Journe crée sa Manufacture de haute horlogerie indépendante. Il parvient, en un temps record, à hisser son patrononyme au rang des marques référence, des enseignes qui comptent. Je me souviens d’une confession clef que m’avait faite en 1998 le Chaux-de-Fonnier Jean-Claude Nicolet, éminent professeur d’horlogerie retraité considéré par ses pairs, à l’heure où il était encore en activité depuis son atelier de la ruelle de l’Aurore, comme «le dernier des grands orlogeurs» : «François Paul», me disait-il dans un élan de tendresse admirative, «c’est le génie horloger du 21e siècle!» Provenant d’un esprit aussi créatif, désinterresé et reconnu que celui de Nicolet, premier lauréat du Prix Gaïa, considéré sur le tard et notamment par feu Georges Daniel lui-même comme un des grands spécialistes du tourbillon, cette phrase restitue aujourd’hui un peu de sa valeur prémonitoire.

 

La FP. Journe T30 ouverte La FP. Journe T30 ouverte

T-30, le Tourbillon Historique en 99 exemplaires

Naturellement, pour célébrer ses trente ans de créations horlogères, François-Paul Journe revient en 2013 avec une nouveauté hommage. En 99 exemplaires, il réalise une pièce originale usant des mêmes matériaux qu’en 1983. Un boîtier en Argent dont le guillochage est un véritable parcours initiatique, rehaussé par deux lunette Or rose 4N. Nulle trace sur le cadran, d’une sobriété dont d’autres grandes enseignes n’ont pas hésité à s’inspirer, du tourbillon qui ne se rend visible qu’au travers du fond saphir. Nul copeau, dans la construction de ce mécanisme, d’une matière autre que celle qui fait la noblesse des horlogers, le laiton. De construction classique, faisant sa révolution en 1 minute, le célèbre mécanisme dispose des mêmes caractéristiques que celui terminé il y a 30 ans, notamment avec ses deux barillets en parallèle qui distribuent l’énergie à un rouage disposé dans l’axe de la montre, qui anime le tourbillon. Seule entorse à la pièce originelle, cet échappement à ancre latérale qui demeure plus comptabible avec une montre bracelet qu’un échappement à détente.

Zoom sur le tourbillon de la FP. Journe T30 Zoom sur le tourbillon de la FP. Journe T30

Présentée en primeur au Japon, ce 18 octobre 2013, cette construction horlogère habitée par le calibre 1412 à remontage manuel, avec sa discrétion calviniste faîte d’aiguille bleuies à la Abraham-Louis Breguet et d’anglages mains, dont l’annonce de sortie a déjà attisé la soif des grands collectionneurs, jalonne avec panache, le parcours d’un être hors norme. L’occasion idéale de se rappeler qu’il est aussi le chantre de l’esthétique fonctionnelle et que sa proximité helvético-genevoise ferait presque oublier qu’il demeure l’un des esprits supérieurs incontestés de l’horlogerie mécanique contemporaine d’excellence.


Test au porté de la FP. Journe T30 Tourbillon Test au porté de la FP. Journe T30 Tourbillon

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