Big Crown ProPilot Altimeter with Meter Scale
Oris avant Baselworld 2015, septième ciel et altitude
En orchestrant le lancement de ses nouveautés 2015 en haut des pistes de St-Moritz, la marque indépendante Oris choisit d’exprimer sa Suissitude au grand air. Au retour, j’emprunte sa Big Crown ProPilot Altimeter. Ça plane pour moi…
Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef
Ô que cette marque 100% mécanique mériterait d’être mieux connue en terres romandes, voire carrément francophones! Sise dans les alentours de Bâle, à Hölstein, on ne pense hélas pas toujours à elle en premier, lui préférant quelque histoire horlogère mieux médiatisée ou quelque réflexe marketing mieux martelé. Autrement dit, à tort, Oris vient trop souvent ensuite.
Discrète et déterminée, en plein essor
L’histoire de cette enseigne historique de l’horlogerie, qui compte tout de même plus d’une soixantaine de points de vente en Suisse, regorge pourtant d’épisodes et de faits d’armes qui n’ont rien à envier aux ténors de tous les genres réunis. Mieux, du haut de sa cent onzième année d’existence, son positionnement en dehors des niches qui s’entrechoquent en haut de la pyramide du luxe, revendique l’excellence industrielle d’un swiss made accessible, systématiquement servi en mode fiabilité, qualité et légitimité.
Un segment auquel il n’est pas une partie du monde qui ne lui réserve son lot de promesses de développement, en raison soit des classes moyennes qui y explosent numérairement soit des crises qui s’y déplacent, plombant au passage des plus aisés chaque fois nouveaux.
L’exemple de la loi anticorruption récemment adoptée en Chine l’illustre bien. Si elle tue dans l’œuf et muselle les pulsions d’achat sans limitation de prix, celles qui, avant de devenir suspectes symbolisaient les réussites, elle favorise les acquisitions raisonnables. Dans ces contextes, les gens d’Oris, dévoués à leur produit, sortent vaillamment leur épingle du jeu. Aucun chiffre ne sera communiqué, ce ne sera pas faute d’avoir essayé. Invariablement, la seule indication économique dont je pourrai me servir sera le fait que sa croissance est à deux chiffres, plusieurs années de suite.
Culture jazz et histoire automobile
Il est peu d’univers que la marque n’ait pas, durant son plus d’un siècle d’existence, tutoyé. Côté musique jazz, elle n’a pas attendu les grandes manœuvres sponsoring des festivals reconnus pour soutenir, par des séries spéciales dédiées, les plus grands musiciens planétaires, Louis Armstrong en tête.
Cette année, en primeur depuis les cimes enneigées de l’Engadine, elle lève le voile sur sa Thelonious Monk Edition limitée, en hommage à l’un des plus grands pianistes et compositeurs américains de jazz. Clin d’œil à son style mariant mélodies et dissonances, son cadran soleillé bleu fumée, ponctué de minuscules points polis formant les index horaires, ne compte que 11 marqueurs entre 10 et 12 heures.
Il y a aussi l’univers automobile où la marque qui jouit d’une longue tradition, sévit autant sur les circuits de la F1, via son partenariat depuis 2003 avec l’écurie William et via l’Artix GT Chronographe arborée par le pilote Valtteri Bottas, que sur les routes main stream mondiales empruntées par la marque Audi. Soudain, ô subtile cohérence, je réalise pour quelle raison la marque a tenu à célébrer, face à une poignée de journalistes spécifiquement débarqués dans la station, l’arrivée de ses nouveautés pré Baselworld en haut des pistes. C’est que nous sommes ici à plus de 2'400 mètres d’altitude dans un espace designé par la marque aux anneaux entrelacés et baptisé l’Audi Quattro Bar. Et il se trouve que depuis 2014, la manufacture horlogère Oris a signé avec Audi Sport et qu’elle sort en 2015 une montre innovante, prolongement horloger de la révolutionnaire Audi R18 e-tron quattro. Chut ! La pièce étant encore sous embargo, jusqu’à l’ouverture de l’évènement, impossible d’en dévoiler plus...
Complication intelligente, altimètre mécanique
A défaut de pouvoir ici effectuer un tour d’horizon complet de tous les univers en pourtour desquels la marque Oris a posé ses balises, le territoire de l’aéronautique et des pilotes reste un de ses périmètres majeurs. Et même si 2015 voit l’arrivée d’une nouvelle montre de plongée, même si les nouveautés qui défilent sous mes yeux ébahis par l’immaculée blancheur du paysage alentour regorgent d’intérêt et de justesse, je reste quasiment scotché par la montre que porte Rico Steiner, manager de marchés au sein de l’entreprise. Armé d’un sens du recevoir qui se complaît dans l’art du détail, il n’hésite pas à me tendre la pièce. Enfin, depuis le temps que j’en entends parler, je vais pouvoir la tester! Le moment est d’autant plus délicieux que mon retour de St-Moritz, comme l’aller d’ailleurs, s’effectuera en vol hélicoptère jusqu’à l’aéroport de la Blécherette, sur les hauts de Lausanne. Une manière, grâce au pilote Yoan Trolliet d’Héli Lausanne, de transformer les décourageantes sept heures de route en 1h30 d’un survol inoubliable des Alpes. Décidément, Oris a fait les choses en grand.
Tandis que l’engin démarre, je paramètre l’altimètre qui, par son bracelet tissu coloré camouflage et vert kaki, vient de s’accrocher à mon poignet.
Faut-il le rappeler, plus de 75 ans après la conception de son premier modèle dédié aux pilotes, Oris dit de cette montre d'aviateur qu’elle est la plus innovante de son implication dans l’aéraunautique: la Oris Big Crown ProPilot Altimeter, est aussi la première montre mécanique à remontage automatique au monde à être dotée d'un altimètre mécanique. Oui, nous volons bien à 3'200 mètres d’altitude, ma montre l’atteste, survolant parfois de près, les reliefs infinis des Alpes, leurs cimes et crêtes à perte de vue. Durant le trajet, et les jours qui suivent d’ailleurs, j’aurai grand peine à détacher de mon poignet cette pièce dont j’ai une version graduée en unité métrique. Non pas en raison de son ingénieux système de fermoir façon ceinture de sécurité d’avion qui se serait enrayé – ce qui n’arrive jamais –, mais en raison de son pouvoir d’attractivité.
Je m’en rendrai compte, le remontage automatique ainsi que le maintien en position d’ouverture de la grande couronne à droite, ajoutent aux bonheurs visuels dont regorge mon trajet de retour. Penser que dans un si petit espace, il aura fallu être capable de disposer d’une sorte de double-profondeur remplie d’air, dont les menues variations transmettent à une aiguille technologiquement si fine qu’elle aurait dû s’envoler, les précieuses indications altimétriques, ça relève de l’admiration.
Une admiration partagée autant par les femmes et les hommes qui ont circulé sur mon passage et qui, après l’avoir détaillée, l’auraient bien embarqué aussi avec eux…
