Innovations horlogères et SIHH 2017, de la magie plein les yeux

N’allez pas y voir une logique de caméléon. A savoir que chaque réponse donnée tente de se fondre dans la curiosité de mon interlocuteur. C’est juste que, en cogitation permanente sur ce que je viens de voir, de ressentir, et d’imaginer pouvoir exploiter, lorsque l’on connecte un petit robinet sur le flux de mes pensées, on obtient à chaque fois quelque chose de différent.

Un bon millésime et une ouverture au public

Tiens, à l’heure où je vous parle, je viens de recevoir une notification m’annonçant le communiqué de presse final du SIHH 2017. L’occasion d’un bref rappel: 30 marques présentes, dont une grappe d’indépendants prometteurs réunis au sein d’un espace baptisé «Le Carré des Horlogers». De vous à moi, quelques vrais et expérimentés horlogers œuvrant à l’intérieur de marques appartenant à des groupes, des fleurons dont les noms sont aussi parfois ceux d’horlogers célèbres, me firent part durant ces cinq jours intenses, de leur questionnement existentiel: «Ne sommes-nous donc pas nous aussi des horlogers»? Certes, toujours est-il que le communiqué officiel, outre de m’indiquer une progression de 10% de visiteurs par rapport à 2016, soit en tout 16’000 personnes dont 1’200 journalistes, parle de «nouvelle horlogerie.» Ouf, de quoi mettre tout le monde d’accord face aux innovations présentées aussi dans les enseignes appartenant aux groupes. Des innovations en nombre incroyable, qui s’inscrivent en contre-pied des bémols économiques qui ont précédé l’ouverture de cette semaine horlogère. La preuve? Il suffit de relire les articles qui leur ont été consacrés quotidiennement sur notre espace dédié à cette Watch Week.

Carré des Horlogers © point-of-views.ch

Soulignons au passage que l’opération portes ouvertes du SIHH 2017 a permis à quelques 2’500 chanceux - comptabilisés dans le chiffre ci-dessus - d’avoir des instants de régals jusque-là inaccessibles. Et à ceux qui s’imaginaient qu’une telle journée allait drainer tout ce que Genève compte de ‘mauvais curieux’, il est utile de citer le feedback de Fabrice Mugnier, aux premières loges de la prise de température, avec son espace livres présentant plus de 800 références exclusivement orientées sur la thématique horlogère. Sa librairie d’un genre particulier, Watchprint, qui se trouve également en lignea reçu ce jour d’ouverture, plusieurs clients ayant acheté leur billet d’avion depuis les Etats-Unis, non pas pour échapper à l’investiture de Trump, mais bien spécialement pour visiter le SIHH. Tandis que les marques se targuent de disposer des adresses de leurs collectionneurs, ce libraire de l’intérieur a pu s’apercevoir, au su de ce que certains portaient au poignet, que nombre d’aficionados cultivent la totale discrétion quant à leurs achats compulsifs et quant à la nature illimitée de leurs moyens. Encourageant.

Carré des Horlogers © point-of-views.ch

Retour à l’humilité et aux émotions vraies

Evidemment, le communiqué du SIHH 2017 évoque les grandes problématiques ambiantes, c’est à dire en termes circonstanciés, les difficultés que rencontrent les marchés et, en termes prometteurs, les embellies qui semblent vouloir leur succéder, très très prochainement. Personnellement, ou alors tous avaient mis un masque parfaitement hermétique, j’ai croisé bien plus d’optimistes que j’en attendais. Un peu comme si les épreuves avaient pour effet de vous ramener à plus d’humilité, à savoir à une plus juste appréciation des bonheurs tangibles, réels. Certes toutes les marques ne sont pas égales face aux progressions à deux chiffres, mais quand même, j’ai vu des authentiques sourires, auréolés de performances inattendues, bien plus que de simples espoirs.

Laurent Ferrier Galet Micro-Rotor "Montre Ecole"

J’ai également croisé, lors de cette édition 2017, des concentrés d’émotions issus de plusieurs facteurs. Le facteur humain, celui qui touche le plus. D’abord, cette montre école chez Laurent Ferrier, prolongement vers un public de connaisseurs et d’amateurs, d’une dimension personnelle d’ordre purement affectif. En effet, un horloger, quel que soit son âge, reste à vie attaché à sa première pièce, cette montre que ses quatre années d’apprentissage lui ont permis de réaliser. Laurent Ferrier, dont le fils est aussi dans l’entreprise, a décidé de partager ce trésor au travers d’une nouvelle collection. Ça fait du bien!

Ludovic Ballouard Upside Down

Le SIWP, poésies horlogères avec Vianney Halter et Ludovic Ballouard

Autres rencontres de l’ordre de l’humain, il y eut la table ronde que Amarildo PIlo, organisateur du SIWP (Swiss Independant Watchmaking Pavilion) m’avait demandé d’animer. Vous savez, ce micro salon en plein essor qui se tient sur fond de tapis vert dans les arcanes du Casino de Genève, offrant, outre une vue imprenable sur les tables de jeu et les manchots, une sécurité optimale, un nombre illimité de places de parc ainsi qu’une proximité immédiate d’avec les halles de Palexpo. 

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Ce moment béni donnant la parole à deux pointures indépendantes - voire indépendantistes - de l’horlogerie d’excellence, géniaux dans leurs trouvailles, leurs pulsions ludiques voire leurs explorations complicationnelles. Bref, du savoir à l’état pur, sans langue de bois, juste intense, pudique, sincère. Une heure et demie de concentration qui, comme un vertige appelé par un vide soudain, se termine par un sentiment bizarre de fin trop précoce.

Vianney Halter Antiqua Perpetual Calendar

Savoirs partagés, estimes réciproques

De la rencontre la plus inattendue à la découverte de derrière le rideau, votre magazine en ligne armé de plus d’une dizaine de plumes horlogères reconnues, vous transmettra, tout au long de l’année 2017, ses coups de cœur. Des démarches empreintes de passion et de désir, des bouffées de cohérence et de justesse. 

Van Cleef & Arpels Automate Fée Ondine

Finalement, la branche est en 2017 à l’image de cet incroyable automate des temps modernes, la Fée Ondine, proposé par Van Cleef & Arpels: une fée issue d’un miracle micromécanique et d’une montagne de brillances, posée sur un tapis de nénuphars aux remous aquatiques, se mouvant de manière étrangement humaine en observant les battements d’ailes plus vrais que nature d’un éphémère papillon. La fleur s’ouvre et se referme, le papillon s’anime de façon aléatoire tandis qu’une minuscule coccinelle parcourt en arc de cercle autour du socle de cette construction, une ligne d’horizon indiquant l’heure. 

L’œuvre, et surtout son film de présentation, met en résonnance aussi bien une galaxie de métiers de terroir, artisanats rares et précieux, que le lustre magnétique d’une des plus grandes enseignes de la place Vendôme. L’horlogerie, qu’elle soit haute ou d’excellence, est toujours en 2017, cet irremplaçable trait d’union entre deux mondes qui s’attirent et se respectent: d’un côté la petite main ouvrière devenue doigt d’or, celle qui, revêtue de son tablier, œuvre dans la patience et le silence; de l’autre l’hyper riche et inaccessible collectionneur capable de retours en enfance. Ensemble, ces deux extrêmes que rien ne prédestine à se rencontrer, partagent avec les mêmes étincelles dans les yeux, des pincées de poudre magique…

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