Mars attack: les horlogers décollent
Ce début d’année, la tendance chez les horlogers serait-elle de vouloir échapper à l’attraction terrestre et de trouver de nouveaux clients dans l’univers? Mise au point spatiale!
Par Vincent Daveau
Contributeur
En début d’année, à force de voir au cadran des nouveautés, des lunes, des ciels étoilés, un système solaire enfermé dans quelques centimètres cubes et un garde-temps susceptible de mesurer les G encaissés par les astronautes en cours de mission, la question se posait de savoir si oui ou non, la tendance n’était pas pour les horlogers de tenter d’échapper à l’attraction terrestre afin d’aller conquérir de nouveaux espaces en quête d’une clientèle plus susceptible que les actuels terriens, d’être réceptive à des créations dont les tarifs atteignent de plus en plus des prix stratosphériques. Une certitude toutefois, le segment horloger destiné à répondre aux attentes d’éventuels visiteurs venant de Vénus ou de Mars est déjà occupé par une petite poignée d’irréductibles horlogers dont on ne peut pas dire qu’ils soient dans la lune, mais bien inspirés pour aller la décrocher.
Ovnis à l’horizon
Il n’y a pas de hasard, le dossier ouvert pour ce sujet porte le numéro 51. Un chiffre synonyme, pour tous les adeptes d’ufologie et de théorie du complot, du lieu où sont entreposés toutes les navettes, soucoupes, carafes et autres bouteilles vides des illuminés qui ont vu dans le ciel autre chose que des éléphants roses. Et de soucoupes il en est question justement dans ce sujet sous la forme de montres dont les dessins futuristes nous laissent penser que la jeune génération d’horlogers a fait un trop long séjour devant les émissions de télévision qui, dans le courant des années 70, lançaient sur les ondes des séries allant des Envahisseurs à Cosmos 1999 en passant par les épisodes de Star Trek. La terre était alors à la science-fiction et l’horlogerie vivait dans le même temps une sorte de guerre des mondes à la H.G. Wells où l’envahisseur qu’elle n’avait pas vu venir la mettait en terre à la vitesse de l’éclair. Par chance, le martien horloger aux synapses de cristaux liquides était rongé par un mal insidieux: l’absence d’âme et cette sourde perfection qui finalement fait froid dans le dos.
Il aura fallu presque une génération d’homme pour voir le métier lentement se reconstruire et revenir à cette créativité qui lui a toujours fait traverser les siècles comme un symbole majeur du progrès humain, tant intellectuel qu’industriel.
Oui, la montre est un OVNI; l’objet parfaitement identifié d’une puissante créativité mêlant à la fois le génie mécanique à celui artistique. Bijou synthétisant l’instant, la montre est une machine à voyager dans le temps, un objet destiné à se projeter dans le présent en ayant à l’esprit que ses qualités sont le produit du talent des artisans du passé, mais également un objet précieux destiné à laisser une trace de soi dans le futur.
Visions du futur et tradition
Tout cela, quelques maîtres d’aujourd’hui l’ont saisi et, tous à leur façon, proposent leur vision du progrès horloger dans le respect de la tradition. Un peu comme le Petit Prince de Saint-Exupéry aurait pu sans doute apprivoiser le renard, et le pilote de l’avion dessiner un mouton à ce même rêveur d’enfant, les horlogers créateurs sont des artisans idéalistes qui mettent nos fantasmes et nos souvenir en volumes, comme les Robinson des messages dans des bouteilles.
Ils sont une poignée d’humains à avoir saisi la portée du métier. A offrir à ce dernier d’aller de l’avant en donnant du volume à nos délires les plus fous.
Si la Speedmaster d’Omega est bien allée sur la Lune, les créations de la bande à Max Büsser, de Vianney Halter, les créatifs collaborant comme Jean-Marc Wiederrecht à la mise au point des délires mécanistes de la maison Romain Jérôme, mais également les artistes d’Urwerk, ceux de Hautlence et quelques visionnaires dont il n’est pas ici le lieu d’établir la liste nous y téléportent tous sans coup férir. Ces artistes, connus ou anonymes, ont tous pour eux d’aller au bout du concept et de proposer des garde-temps qui pourraient effectivement être les instruments de pilotes de vaisseaux spatiaux.
La plus futuriste de toutes est sans doute celle qui, jouant carte sur table, trouve une parade à l’absence manifeste de précision des montres mécaniques: l’Urwerk EMC. Voilà assurément une référence que ne dédaignerait pas un extraterrestre car elle offre de passer dans la quatrième dimension: celle où des horlogers suisses comme les Japonais de Seiko ont réussi à dominer leur peur de l’électronique pour l’exploiter à leur profit et offrir à l’horlogerie traditionnelle de passer du percuteur en os à la navette spatiale.
