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Baselworld 2017 : Créativité et fraîcheur selon trois marques horlogères indépendantes

Impossible d’être exhaustif tant l’offre des indépendants est variée. En voici trois en 2017 qui illustrent la force qui anime ce terreau de créativité si important pour l’industrie dans son ensemble… Hysek, Akrivia et Lebeau-Coullary.

Par Benjamin Teisseire
Contributeur

L’horlogerie suisse est faite de grandes marques dont certaines appartiennent à de grands groupes. Elle est aussi faite d’une multitudes d’indépendants dont le travail est de plus en plus reconnu et apprécié des collectionneurs. Tous, chacun à leur manière, apportent une touche de fraicheur, de poésie, d’originalité et de technicité qui explique leur mise en avant sur le devant de la scène dans tous les salons horlogers à travers le monde.

Hysek affiche sa maestria

Hysek propose, depuis sa naissance en 1997, une approche disruptive de l’horlogerie. En 2007, la marque débute l’intégration de sa production pour réaliser en interne ses propres calibres et ses complications hors du commun. A Baselworld 10 ans après, cette désormais vraie manufacture fêtait ses 20 ans d’existence en démontrant l’étendue du talent de ses horlogers. Clou de son jubilé, une pièce monumentale, baptisée La Colossal!
 

Vingt ans et déjà un pied dans le futur, aurait-on envie de s’écrier à la découverte de cette nouveauté. Avant de pouvoir la voir, la toucher ou l’étudier sous tous les angles (et ils sont innombrables), l’équipe Hysek nous plonge au sujet de ce nouveau garde-temps dans un univers de réalité augmentée interactive. Notre œil pointe, notre doigt choisit et ‘clique’ dans l’espace. C’est ludique, c’est bien fait, on commence à explorer le modèle 3D de la Colossal avec aisance et surprise. L’envie monte.
 

Lorsque l’on peut enfin prendre en main l’exceptionnelle création, on est tout de suite bluffé par son extrême complexité extrême. Tours de force multiples! On retrouve les complications chères à la marque, les heures sautantes, le calendrier perpétuel ainsi que les phases de lune tridimensionnelles. Mais il y en a tellement d’autres. On pourrait passer des heures - littéralement - à s’émerveiller devant les 7 niveaux de ponts différents, la structure de la boîte en forme d’arche, les bords et le fond en glace saphir, le GMT, la réserve de marche, l’indicateur jour-nuit. On en oublierait presque le tourbillon volant visible au dos ou le fait que le QP – Quantième Perpétuel – est affiché de façon linéaire par des rouleaux à engrenages verticaux.
 

Ce défi central de la pièce est en attente de brevet pour son système de marche arrière puis de marche avant pour une synchronisation parfaite du passage à 00h00. Du grand art.

Les 1086 composants, 186 rubis, 61 ponts (!) ainsi que 7 roulements à billes en céramique font de ce garde-temps un véritable chef d’œuvre, une des talking pieces du salon. Vraiment Colossal! Sa production est limitée à 8 exemplaires. Seul bémol: avec ses 57mmde long, ses 18mm de haut, ses 44mm de large et avec son poids de 189g, il faut avoir aussi des poignets de colosse pour la porter.

AkriviA, icône contemporaine de l’horlogerie traditionnelle

Cette jeune marque est un peu le chouchou des amateurs d’horlogers indépendants. Pour de nombreuses et bonnes raisons. L’histoire particulière de la marque et de son fondateur. Rexhep Rexhepi, un jeune horloger de talent passé sur les bancs renommés de Patek Philippe, parfait sa vision déjà acérée de ce que doit être la l’horlogerie d’excellence. Lorsqu’il fonde sa marque en 2012, il dévoile toute sa maîtrise avec ses créations de tourbillons: chronographe Mono-poussoir, barrette-Miroir ou à régulateur. Des merveilles au design immédiatement reconnaissable, de ceux qui créent des modèles iconiques.
 

AkriviA est aussi plébiscitée pour ses décorations, la finesse de ses finitions ainsi que pour les émotions vraies qu’elles engendrent. Le travail sur ses cadrans se fait en interne, notamment par une technique rare et complexe de micro martelage à la main. Chaque cadran est donc unique, il est une véritable œuvre d’art. La production est ultra-limitée, voire confidentielle et donc parfaitement personnalisable pour le plus grand plaisir des heureux clients. Enfin, les garde-temps de la marque genevoise sont recherchés pour leur originalité et leur mouvement aux conceptions symétriques caractéristiques de la maison. Par-dessus tout, ils sont loués pour leurs finitions superlatives. Les angles rentrants, les poli bloqués ou miroir sont légions, chaque détail est réfléchi et réalisé avec un soin qui frise l’obsessionnel.
 

Afin de répondre à la demande croissante des collectionneurs de tout horizon, AkriviA offre pour la première fois un mouvement sans tourbillon. Le calibre AK-06. Rexhep Rexhepi met en lumière ici une complication qui lui est chère, la réserve de marche. Il dévoile sa conception propre du rapport à l’horlogerie. L’amateur de montre développe une relation intime avec son garde-temps. Il aime le contempler, se perdre dans la beauté de ses détails et de ses finitions. Mais le moment le plus fort est cet instant où il lui transfère sa propre énergie, humaine, personnelle pour lui donner vie: le remontage.
 

Grâce à la AK-06, tous les trains de roues et engrenages du remontoir, de la réserve de marche et du réglage des aiguilles, sont visibles coté cadran. Le propriétaire peut enfin voir ce à quoi il donne naissance dans une animation délicate de la face dont il est la source.

L’horlogerie comme vecteur d’émotions? Voilà bien la philosophie qui se trouve derrière ces merveilles mécaniques! Voilà ce qui assurera, on l’espère, la pérennité de cette industrie au service de la beauté micromécanique. Comme d’autres horlogers indépendants, Rexhep Rexhepi l’a compris. Avec sa fraîcheur joyeuse communicative, il nous le transmet à travers ce modèle AK-06 et ses 100 heures de réserve de marche délivrées par un unique barillet.

Lebeau-Courally affirme son ADN

Avec le rachat d’IMH en 2015, Lebeau-Courally, marque belge d’armes de chasse de luxe sur commande, montrait sa volonté de devenir une vraie manufacture horlogère et de maîtriser en interne tous les aspects de ses créations. Cette année, la plus belge des manufactures suisses nous offre son deuxième mouvement entièrement développé maison, après sa phase de lune extra large gravée de 2016. Elle et y ajoute sa touche personnelle grâce à son savoir-faire artisanal de gravure développé pour son cœur de métier initial.
 

Less is more. Micro II – c’est son nom – pose les bases du futur de la marque. Entièrement conçu, élaboré et contrôlé au Locle, il est largement au-dessus des 60% requis du Swiss Made. Ce nouveau calibre mécanique à remontage automatique se caractérise par son micro rotor, sa réserve de marche de 3 jours, ainsi que sa finesse de 3,1 millimètres. Le tout débouche sur un nouveau visage Lebeau-Courally: trois aiguilles avec un sous-compteur des secondes décalé à 9h. Simple, élégant, épuré. C’est dans cet exercice difficile que l’on se forge souvent un ADN pérenne.
 

Synthèse des métiers d’art, c’est dans la décoration de sa boîte et de son cadran que Lebeau-Courally affirme un ADN qui la relie directement à ses racines. On retrouve, sur le côté, la clef de fusil distinctive de la marque. Cette-dernière, juste décorative, n’est pour le moment pas fonctionnelle sur ce modèle – elle l’était pour la Phase de Lune de 2016 – ; mais la jeune marque travaille à la création d’une utilisation fondamentale de cet attribut unique. On imagine et on a hâte! La grande réussite de cette nouveauté est de proposer la possibilité d’intégrer des gravures, personnalisables à volonté, réalisées entièrement à la main en interne dans la manufacture Lebeau-Courally à Liège.
 

Superbe de finesse et de délicatesse. Aussi beau et réussi sur les modèles en or rouge qu’en acier. Les premières éditions limitées – 45 pièces en tout, gravées et non gravées – du Micro II devraient donc vite trouver acquéreurs.

Lorsque l’industriel belge Joris Ide reprend Lebeau-Courally en 2009, c’était pour sauver un fleuron de l’industrie des armes de chasse de luxe. Mais l’univers de cette marque de niche était extrêmement restreint. En rachetant une véritable manufacture horlogère suisse, IMH, et en utilisant les forces de son savoir-faire liégeois, il réussit avec son fils Enzo à ouvrir, de la plus belle des manières, le champ des possibles pour Lebeau-Courally. Preuve en est, le calibre Micro II est aussi proposé à des tiers et semble avoir déjà trouvé des clients. Joris Ide possède désormais un fusil à deux canons, aux gravures raffinées, aussi beau qu’efficace.

http://hysek.com/
http://www.akrivia.ch
http://www.lebeau-courally.com

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