Louis Vuitton inaugure sa Fabrique du Temps

Elle est tellement à part, cette marque si connue qui s’est lancée depuis 2002 sur le chemin de l’horlogerie de référence, qu’on oublierait presque qu’elle fait partie de la famille LVMH à qui elle a même donné, en lui cédant ses initiales, une partie de son nom. Pourtant ses sœurs sont bien connues. Il y a Hublot, Zenith, TAG Heuer ainsi que, au fil d’un cousinage italophile bien né, la marque Bulgari. Reste que, sur le plan historique, cette marque possède une légitimité horlogère à laquelle elle ne fait plus allusion, lui préférant la symbolique des voyages. Se souvient-elle encore que Louis Vuitton était un layetier jurassien qui faisait ses petits meubles à tiroir pour les horlogers? Espérons que du côté de Boulogne en France, le musée de la Fondation Louis Vuitton, chef d’œuvre contemporain signé par l’architecte américain Frank Gehry, en fera un jour mention.

Fondation Louis Vuitton à Boulogne, France

Histoire d'une Fabrique du temps

Au commencement, il y eut BNB Concept, une société fondée par trois associés, Michel Navas, Enrico Barbasini et Mathias Buttet. Ce-dernier en repris seul les rênes et parvenant à s’extraire de la discrétion propre aux fournisseurs, devint un motoriste reconnu et médiatisé, voire, au travers de la Confrérie Horlogère, un agitateur de talents. S’il connut l’apogée, il connut aussi la chute avant de rebondir avec talent au sein de la marque Hublot où il dirige la recherche et le développement. Côté discrétion, les deux associés du début se serrèrent les coudes et créèrent, à Satigny, la Fabrique du Temps.

C’est ce véritable laboratoire à complications qui fut racheté par l’un de ses plus fidèles et prestigieux clients, la marque Louis Vuitton. C’est cette annexion de compétences qui débouchait, tout début octobre 2014, sur l’inauguration d’un nouveau bâtiment à Meyrin. Une Fabrique du Temps flambant neuve, à laquelle se sont ajoutés les talents qui jusque là sévissaient à La Chaux-de-Fonds. L’inauguration tambour battant, face à la presse, fut l’occasion de rappeler que le modèle phare de la marque, Tambour, est par son nom un hommage à l’invention qui permit de passer de la montre de poche à la montre bracelet. Bref, une graîne d’icône telle que savent les engendrer les enseignes issues de l’univers fashion.

Hamdi Chatti, l'homme d'une croissance à deux chiffres

Sur le tracé des grandes trajectoires de marques, fussent-elles la propriété de groupes, les facteurs humains demeurent de véritables moteurs. Au nombre d’entre eux, Hamdi Chatti, Vice-Président de la division Horlogerie-joaillerie de Louis Vuitton. Un être qui, malgré ses rêves de devenir horloger, dut passer par la case EPFL, obtenir un diplôme d’ingénieur pour satisfaire la volonté paternelle avant de poursuivre, en marge de son premier emploi, une formation d’horloger puis d’horloger constructeur. Bref, un socle de constance et de vision, pétri d’une détermination apte à se fondre tout de même dans l’univers complexe d’un groupe côté en bourse.

C’est à cette locomotive humaine, peu attachée aux lauriers qui ne recouvriraient pas ses équipes, que l’on doit la cohérence industrielle et artisanale qui entoure l’inexorable essor horloger de Louis Vuitton. D’abord au travers du terrain de 6'500 mètres carrés acquis, puis par la rénovation d’un bâtiment industriel de 3'500 mètres carrés. Au final, près de 120 collaborateurs dont les trois quarts sont des employés ayant accepter de venir depuis le site chaux-de-fonnier initial. Travailler chez Vuitton, dans l’horlogerie, semble bien valoir pour beaucoup un déménagement en forme de changement de vie. Et des perspectives d’avenir puisque la branche horlogère affiche gaillardemment une croissance à deux chiffres. 

Louis Vuitton Escale WorldTime