Leroy Chronomètre: hommage d’une précision horlogère à la française
Aujourd’hui installée au Sentier, dans la Vallée-de-Joux en Suisse, cette Maison qui revendique ses origines françaises avec fierté, défend également trois siècles d’un attachement sans borne à la chronométrie ultime. Sa dernière pièce lui en est témoin.
Par Vincent Daveau
Contributeur
L’horlogerie contemporaine possède en héritage la détermination de quelques maîtres particulièrement doués du Siècle des Lumières, de faire triompher la précision par la mise au point de mécanismes dont les échappements de nouvelle génération sont souvent les extrapolations de ceux qu’ils avaient conçus pour faire gagner une décimale aux mouvements de leur temps. Par leur travail incessant et leurs talents, ils ont offert aux hommes, en plus d’un magnifique bijou, un objet du quotidien dont la rectitude devait se révéler de nature à permettre aux ethnologues, cartographes, naturalistes ou botanistes d’améliorer la connaissance du monde par des voyages transocéaniques, et aux astronomes de leur autoriser une meilleure compréhension de la mécanique céleste. On aurait pu croire ces inventeurs de génie nombreux.
En réalité, ils se comptaient sur les doigts d’une seule main et, de leurs découvertes ou avancées techniques, dépendait souvent le rayonnement du pays dans lequel ils exerçaient.
Leroy: un nom symbole de précision
Les meilleurs horlogers de l’histoire, inscrits dans le cercle des scientifiques et ingénieurs du XVIIIème siècle, savaient le monde en mutation. L’Angleterre avait ses héros, tandis que la France avait les Leroy père et fils, et Berthoud. Si ces trois horlogers furent globalement à égalité sur le terrain de la technique, l’avantage devait souvent revenir à Ferdinand Berthoud Horloger du Roy qui, par son entregent, son calme et une faculté naturelle à se mettre en valeur, avait les faveurs des monarques. Rédacteur infatigable, auteur d’ouvrages horlogers de référence, il exécrait Leroy au point de ne pratiquement jamais le citer dans ses œuvres.
Seulement, sursaut de l’histoire, c’est Pierre Leroy (1717-1785) qui est passé à la postérité plutôt que son homologue, pour avoir été le premier à réunir trois caractéristiques essentielles permettant à un instrument horloger d’atteindre une grande précision.
En effet, son chronomètre de marine fabriqué en 1766, possédait un spiral isochrone, un balancier compensé thermiquement et un échappement libre à mi-chemin entre une ancre et une détente. Pour ce succès, son nom est resté attaché depuis presque deux siècles et demi à la filière chronométrique française comme une référence incontestée.
Un chronomètre d’observatoire dans la collection Osmior
En se lançant le défi de faire revivre les codes fondamentaux de l’esprit qui l’ont inspiré, cet instrument contemporain rend hommage aux inventions des maîtres horlogers du XVIIIème siècle. Voilà pourquoi cette montre Chronomètre Observatoire, proposée en 38 mm ou 40 mm de diamètre en or rouge 5N, or blanc ou bicolore en Palladium 950 et or rouge 5N, s’inspire de certains principes et de différents travaux de Pierre Leroy considéré par les historiens de l’horlogerie comme l’un des pères de la chronométrie moderne.
Pour atteindre ce but, la pièce ornée d’un cadran en argent massif 925 avec guillochage main à motif «grain d’orge» et chiffre arabes rapportés en or, emporte le nouveau calibre mécanique à remontage manuel L200. Conçu et développé à l’interne, ce cœur original dispose d’un groupe de régulation inédit, équipé d’un échappement à impulsion directe au balancier avec ancre de dégagement avec deux palettes en diamants.
Ce dernier, doté de 4 vis de réglage, reçoit donc une impulsion par oscillation ce qui, comme pour les échappements à détente, contribue à accroître la précision de marche.
Ce développement original sur la base de l’échappement oscillant à 18’000 alternances par heure, permet à la trotteuse de seconde d’indiquer le passage des secondes avec un saut appelé «Duplex.» Ce mouvement original non observé par l’auteur, semble se rapprocher de celui effectué par les trotteuses des chronomètres de marine qui indiquent la demie seconde, mais avec la nuance ici que les deux coups de l’aiguille trotteuse sont inégaux puisqu’un premier court est suivi d’un plus long.
Avoir le soin du détail
On notera - et c’est logique - que se retrouvent dans cette création dotée de 42 pierres de roulements dont 4 en diamants de synthèse (les contre-pivots des chronomètres de marine étaient parfois en diamants) les grandes inventions de Pierre Leroy. Aussi, la pièce fait appel à un spiral (groupe Festina MSE) doté d’une double courbe terminale intérieure et extérieure pour favoriser l’isochronisme par un déploiement concentrique en position verticale des spires de ce fin fil d’alliage. Sans entrer dans les détails, on retiendra que ce traitement associé à la «cage Brun» (un porte piton mobile sur 360°) permet à un régleur de qualité d’offrir au porteur d’une pareille référence des réglages dignes des meilleures montres chronomètres.
Voilà pourquoi, fière de ses créations et sereine quant à leur précision, la manufacture Leroy confie chaque modèle finalisé à l’Observatoire de Besançon durant quinze jours consécutifs pour qu’il les teste individuellement. A l’issue de ce programme contraignant, chaque garde-temps d’exception pour lequel rien n’a été laissé au hasard, reçoit un bulletin de chronomètre d’observatoire dûment rempli et numéroté au chiffre du calibre, lui même individuellement numéroté. L’ensemble une fois vérifié et que nous attendons de découvrir à l’essai au poignet, se porte sur un bracelet en alligator noir ou bleu cousu main fermé par une boucle déployante ou une traditionnelle boucle ardillon.