Davide Traxler, Corum: redécollage sur fond créativité audacieuse
Depuis sa prise de fonction en septembre 2015, le nouveau CEO n’a pas ménagé son ardeur à trouver de nouvelles voies pour la marque. Davide Traxler adore sortir des sentiers battus comme dans le cas du partenariat de Bubble avec le rappeur français Booba, mais aussi, il prête une oreille attentive aux signaux du marché lorsqu’il est conforté dans ses choix.
Votre arrivée est synonyme d’un nouveau souffle: plein de nouveautés, relance de produits qui ont bien fonctionné… Quel est votre bilan?
Une première année intéressante. Mes premières mesures ont d’abord été d’écouter en interne et à l’externe. Je voulais savoir comment réagissait le marché à nos créations. Le défi pour moi consistait à recréer une ambiance et sentiment de groupe, une sorte de team spirit. Et comme pour tout CEO, ce qui compte à la fin, c’est la bottom line. Je peux vous annoncer une progression de 40%, à contre-courant des tendances du marché. La productivité en interne a fortement augmenté. Pour autant, même si nous sommes très contents de cette première année, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Et nous projetons une croissance supérieure pour l’année prochaine.
On a vu la Golden Bridge abandonner sa rondeur, on a vu la résurrection de la mythique Bubble, cette montre emblématique de Corum? Qu’est-ce qui vous a poussé vers ces choix?
Nous avons scrupuleusement analysé notre collection pour nous rendre compte que 85% des montres de la collection étaient des montres de forme alors que le marché est à 95% rond. Nous avons donc suivi les trends du marché en nous rendant à l’évidence qu’une Golden Bridge devait être ronde. Concernant la Bubble, les amoureux de la première heure militaient depuis dix ans pour sa renaissance. Un constat, une décennie après sa disparition, ce modèle continue encore de se vendre sur le web au prix du neuf. Nous avons vite fait de déceler une opportunité en relançant ce modèle. La Bubble d’aujourd’hui est pratiquement la même que l’originale. Elle s’étire sur 47 mm et se décline en trois versions. En boîtier acier de couleur noire ou chocolat, les deux premières sont des éditions limitées à 350 exemplaires. Par contre, la troisième version rejoint les collections courantes, habillée d'un squelette.
Corum Bubble Dice
La nouvelle Bubble à Bâle en 2016, c’était un peu à contre-sens des fondamentaux du marché: fraîche, avec touche d’autodérision et d’humour. Une touche d’audace dans un environnement morose… Etes-vous une sorte de perturbateur, un empêcheur de tourner en rond?
J’ai toujours fait en sorte de naviguer parfois à contre-courant et je veille à m’entourer de caractères qui partagent la même vision que moi, voir plus disruptifs que moi. Il faut une bonne dose de courage en ce moment pour penser et agir à contre tendance. Nous l’avons pourtant fait. J’estime que l’inspiration doit se trouver en dehors de l’horlogerie. Prenez le cas de la Bubble. Pour lancer cette collection, nous avons fait appel à des rappeurs, des peintres, des DJ, des artistes de rue et tous ceux qui ont envie de travailler avec nous pour créer ensemble une montre Corum spécialement pour ces influencers qui disposent d’un large réseau de groupies et de followers. Nous sommes à l’écoute et à la recherche de nouveautés, de quelque chose de vraiment différent. Quand je pense à notre partenariat avec le rappeur français Booba, je me dis oui, nous sommes vraiment sortis des clous, pour proposer une approche totalement inédite. Personne n’aurait imaginé un attelage aussi disparate dans le monde horloger, il y a quelques années seulement. Nous sommes dans la vraie vie. Je crois que c’est le compositeur autrichien Gustav Mahler qui disait qu’il ne faut pas célébrer les cendres mais garder la flamme vive…
En termes de marketing, quelle place accordez-vous au digital?
Très importante. Nous avons d’ailleurs choisi un directeur du marketing qui a une forte expérience du digital. Je pense qu’il faut combler nos ignorances par les compétences des autres. Je suis un béotien en la matière, d’où la nécessité de s’entourer d’une ressource très pointue dans ce domaine. J’ai donc délégué notre communication digitale, qui reste la stratégie principale, mais pas unique, pour communiquer avec notre clientèle. Pour tout vous dire, je constate cependant que certains font du cross-over à l’envers. Ainsi Apple a pris douze pages de pub dans le print Vogue USA pour communiquer sur sa montre. Je me dis que le digital s’invite dans le papier imprimé. Ce qui est certain, c’est que nous devons utiliser des canaux bien différents de ceux d’hier pour communiquer avec les amoureux de notre marque.
Sans dévoiler les secrets de Baselworld 2017, qui de l’emblématique Admiral?
Lors de la précédente édition, nous avons beaucoup travaillé sur les drapeaux. Ils avaient légèrement disparu au fil du temps. Et encore une fois, le marché nous a adressé un message clair: des drapeaux pour diversifier la montre. L’Admiral est portée par le roi d’Espagne, par des personnalités particulières qui l’adorent depuis toujours. Il était important de renforcer cette gamme. Maintenant nous arrivons avec un travail davantage axé sur les matériaux. L’innovation portera essentiellement sur les matériaux pour notre 45ème présence à Bâle.
Toujours à propos de Baselworld 2017, des indices concernant la Golden Bridge?
Nous lançons deux Golden Bridge automatiques: une très architecturale, une plus sportive, forte. Je crois que ce seront les produits les plus importants lancés à Bâle. Mais en même temps, on lance notre nouvelle Billionaire, une montre extraordinaire avec un mouvement en verre saphir, c’est le summum de l’intérêt pour le haut de gamme.
Corum Golden Bridge Round
Une talking piece?
J’espère surtout une selling piece! Modèle très limité par la demande, autour de CHF 500'000.- En 2017, la nouvelle version sera encore plus intéressante.