SalonQP Highlights 3

Le Salon QP 2016 de Londres, vitrine de l’horlogerie indépendante de luxe

Cet événement offre, dans le cadre exceptionnel de la Saatchi Gallery, la possibilité aux aficionados de très belle horlogerie de découvrir des nouvelles marques, de nouveaux modèles. Il annonce les tendances de la fin d’année…

Par Benjamin Teisseire
Contributeur

Le Salon QP se tient à Londres depuis 2009. Forte de sa concentration inégalée de milliardaires en Europe et donc de collectionneurs à la recherche de nouveautés, d’exclusivités et de qualité exceptionnelle, Londres est un lieu privilégié pour toutes les marques indépendantes (ou non) qui souhaitent gagner en visibilité.

Un marché incontournable

La nouvelle position de 4ème marché mondial pour les exportations de montres suisses (statistiques FHS Septembre 2016), derrière les Etats-Unis, Hong-Kong et le Japon, accentue encore l’attrait de Londres aujourd’hui d’autant que, merci le Brexit, il y a la chute de la Livre britannique et l’effondrement du marché hongkongais. Dans ce contexte, le Salon QP est en passe de devenir un incontournable en Europe. La manifestation permet aux marques indépendantes en particulier, de rencontrer des clients potentiels, des détaillants, et surtout, en direct, le public des collectionneurs.

Grönefeld 1941 Remontoire Constant Force en or rouge

Une offre concentrée et très diversifiée

Malgré la baisse du nombre d’exposants, 90 en 2015 pour 72 en 2016, le Salon QP reste un moment majeur de l’année horlogère. Moins de grandes marques sont présentes - même si on note la présence de Girard-Perregaux, Montblanc, Seiko ou encore de Vacheron Constantin et Jaeger-Lecoultre. Cette absence est compensée par la qualité des marques indépendantes présentes et la diversité internationale de celles-ci. Les amateurs en quête de nouveautés horlogères se sont donnés le mot: pas moins de 10 nationalités sont représentées.

Girard-Perregaux 1957

L’Allemagne a fait le déplacement, mettant en avant ce souffle d’un renouveau qui ne cesse de produire des garde-temps aux styles bien distinctifs. Des plus traditionnelles avec le fer de lance de la haute horlogerie allemande A. Lange & Söhne, suivi de son petit frère challenger Moritz Grossmann, aux plus jeunes incarnés par le style épuré de Nomos ou Junghans. Le Danemark aussi était de la fête avec Urban Jürgensen (propriété de retour au Danemark malgré une fabrication Swiss Made). La Finlande avec l’incomparable Kari Voutilainen et ses créations quasi uniques réalisées entièrement à la main (en Suisse certes mais bel et bien finlandaises). La Hollande avec la présence rare de Christiaan Van der Klaauw et ses complications astronomiques exceptionnelles. Son voisin belge, Lebeau-Courally, alliant son savoir-faire séculaire d’armurier à l’horlogerie traditionnelle. La manufacture de bracelets en cuir française Jean Rousseau expose aussi l’excellence de son travail. Et un ovni venu de Barcelone, Atelier de Chronométrie.

Atelier de Chronométrie

On peut découvrir ensuite le meilleur de l’horlogerie indépendante avec des incontournables comme MB&F et sa dernière création onirique la HM8, Romain Gauthier et sa version musclée Logical One Enraged, Ludovic Ballouard et son originalité caractéristique, F.P.Journe et son franc-parler légendaire qui à la question «comment se porte l’horlogerie suisse actuellement?» répond très justement: «petites marques, petits problèmes, grandes marques, grands problèmes».

MB&F HM8 Can-Am en or blanc et titane

Retour aux sources pour l’horlogerie britannique

Le Salon fait la part belle au renouveau de l’horlogerie britannique avec de nombreuses marques présentes. Toutes revendiquent leur héritage anglais, même si Bremont, Christopher Ward, JR Bespoke Timepieces ou encore Fears utilisent toutes des mouvements et des composants suisses. Garrick, marque lancée en 2015 au Salon QP, part d’une base de mouvement suisse modifiée en interne dans leurs propres ateliers de Norfolk puis collabore avec le renommé Andreas Strehler pour développer ses propres calibres. Les deux seules marques réellement 100% britanniques à ce jour sont Robert Loomes, qui introduit son nouveau modèle, la Stamford au salon, et le successeur du regretté Georges Daniels, Roger W. Smith avec ses créations ultra limitée produites entièrement à la main sur l’Ile de Man. Le plus gros clin d’oeil est surement le retour d’Arnold and Son, illustre nom de l’horlogerie britannique des 18 et 19ème siècles, la plus suisse des marques britanniques, aujourd’hui sous pavillon japonais dans le groupe Citizen.

F. P. Journe Chronomètre à Résonance

Les nouveautés marquantes

Sans conteste, l’un des garde-temps qui a fait le plus parler au salon a été la Mirrored Force Resonance d’Armin Strom et ses deux mouvements qui entrent en «résonance» pour une parfaite chronométrie. Du grand art et une vraie fascination visuelle. Manufacture Royale et son nouveau 1770 Micromégas Révolution à double tourbillons volants, l’un tournant en 6 secondes, l’autre en 1 minute, offre aussi un spectacle hypnotisant dans une version squelettée en titane d’une légèreté surprenante. Enfin, le plaisir de voir le mouvement rétrograde en action de la DeWitt Academia Skeleton, dévoilée en début d’année, était, lui aussi immense et fascinant. Une nouvelle marque profitait du salon QP pour se lancer, Vault, avec un concept audacieux de cadran sans cesse changeant, de lecture de l’heure totalement innovant et de mouvement solidaire à l’aiguille des minutes… Cette nouvelle venue trouvera-t-elle sa clientèle? L’avenir nous le dira.

Armin Strom Mirrored Force Resonnance

Mes coups de coeur

Akrivia, l’indépendant de Genève, qui monte, avec ses cadrans martelés à la main, l’équilibre de l’architecture des mouvements et leurs finitions aux multiples angles rentrants ne cessent de me laisser rêveur. La nouvelle version en or blanc de la Swiss Alps Watch de H. Moser & Cie avec son cadran fumé bleu nuit où la lumière joue de manière infinie a créé une réelle émotion chez moi. Enfin, Atelier de Chronométrie, qui se dévoilait pour la première fois au salon, m’a convaincu tant par la qualité de ses réalisations sur une base de mouvement Omega, que par l’enthousiasme et la passion toute espagnole qui animent le couple derrière la marque. Ils ne produisent que des modèles uniques sur commande, entièrement personnalisés. Un business model d’un autre temps… pour un prix «abordable» de 30.000 euros. 

H. Moser & Cie Swiss Alp Watch S

Le ton est en tout cas donné dès cette fin d’année 2016, en prévision des grands shows du SIHH en janvier, le Salon International de la Haute Horlogerie à Genève et de Baselworld à Bâle au printemps. Comme depuis plusieurs années, la créativité des indépendants est à l’honneur. D’ailleurs, les cinq nouveaux venus du Carré des Indépendants du SIHH en sont une preuve supplémentaire…

Et recevez chaque semaine une sélection personnalisée d'articles.