Square Dôme
DeLaneau: De l’art d’horlogerie féminine au poignet
DeLaneau est la perle rare du domaine de la Haute Horlogerie. En effet, c’est la seule manufacture qui produit des montres pour femmes uniquement.
Par Meehna Goldsmith
DeLaneau a nommé Brigitte Morina en tant que PDG et Directrice de Création sans doute parce que seule une femme sait ce que veulent vraiment les femmes. Elle comprend qu’une montre n’est pas seulement un instrument à mesurer le temps mais est aussi un objet de beauté et de liberté d’expression. Par ailleurs, il va de soi que si chaque femme est unique, chaque montre l’est aussi. Non seulement Delaneau fabrique des montres originales qui ne se ressemblent jamais mais offre aussi la possibilité aux femmes de personnaliser leurs montres.
«Chaque femme est différente et mérite d’avoir son propre garde-temps qui interprètera ses désirs personnelles», dit Morina en expliquant la raison pour laquelle les pièces uniques sont une des fondations des valeurs DeLaneau.
L’unicité est une autre façon de combler une femme. Elle ressent toujours une certaine satisfaction quand un objet rare lui est octroyé. DeLaneau produit moins de 200 montres par an. Ceci ne relève pas d’une stratégie marketing pour éveiller l’envie - quoique cela puisse être justement le cas - mais illustre comment la production des montres uniques à ce niveau ne peut qu’être limitée.
Le dada de la marque étant la beauté, chaque montre est traitée tel un mini tableau. DeLaneau est spécialiste de l’émaillerie Grand Feu. Considérée comme l’une des techniques les plus difficiles à maitriser, l’émaillerie Grand Feu, consiste essentiellement d’appliquer du verre sur un cadran de montre en or, ou plus précisément d’utiliser un pinceau fin ou une aiguille fine pour appliquer l’émail en couches. La superficie du cadran est tellement réduite et le travail tellement minutieux que l’émailleur doit se servir d’un binoculaire. Après que chaque couche soit appliquée, le cadran est placé dans un four à émaux. Ceci est une phase très délicate car le cadran risque de craqueler ou l’émail risque de bouillonner à chaque gonflement. Il n’y a pas moyen de réparer des dégâts et donc l’émailleur doit tout recommencer si jamais tout part en vrille sur le cadran. Si toutefois tout ce passe bien, chaque émaillerie prend deux à trois mois pour être complétée.
Les émaux ne sont pas de simples peintures ; ils ne peuvent pas être mélangés afin d’obtenir différentes couleurs. C’est seulement en réglant les températures et la quantité de gonflements que l’émailleur arrive à souligner la beauté des nuances. Ce processus ne requiert en aucun cas une connaissance scientifique mais simplement de l’expérience et de la finesse. Tel un clairvoyant, l’émailleur doit pouvoir se projeter avant même de commencer à appliquer l’émail. Même si le designer met au point un plan, la confiance absolue est un facteur primordial dans le processus entier de l’émaillerie.
«En ce qui concerne l’émaillerie Grand Feu, c’est seulement l’émailleur qui sait exactement ce que le design sera et c’est elle qui utilise son savoir-faire pour le concrétiser», indique Morina. «L’émailleur se remet entièrement au gonflement qui déterminera le résultat final et vu que nous sommes aussi dans le noir, nous plaçons notre confiance en elle», confie-t-elle. Elle fait allusion au fait que les couleurs de l’émail appliqué ne se révèlent qu’au cours du processus de gonflement.
Fidèle à son engagement, DeLaneau fonde son atelier d’émaillerie en 2001 et embauche trois femmes émailleuses à plein temps. Chaque cadran portant la signature de l’artiste qui l’a réalisé est une énième touche personnelle de la marque et aussi la preuve d’une expertise.
Les collections des montres Delaneau
DeLaneau divise ses créations en trois collections principales : « Strength » qui rend hommage aux pierres précieuses de la terre, « Movement » qui illustre la grâce du règne animal et « Origin » qui est inspiré de la nature et de la lumière.
Les montres «Couture» quant à elles méritent amplement une catégorie à part entière. Des merveilles scintillantes de savoir-faire et d’esthétique, ces montres-bijoux sont extraordinaires car elles allient des pierres précieuses de couleurs vives et l’art de l’horlogerie risqué mais élégant. Ces interprétations modernes rendent hommage à l’héritage de DeLaneau datant de 1940 quand les montres-bijoux avaient valu la marque le titre de «Bijoutier des montres».
DeLaneau se fait également respecté par ses collègues. La société a reçu le prix de Grand Prix d’Horlogerie de Genève dans la catégorie de montres pour femmes récemment pour le Rondo Translucent alors qu’elle était en compétition avec des marques plus légendaires telles que Chopard et Hermès. Le cadran de la montre gagnante reflète le motif de lumière du guilloché gravé à la main – le motif de la gravure sur le cadran - à travers le prisme d’émail transparent et c’est la première fois que ces deux techniques artistiques ont été combinées. La signature DeLaneau, en occurrence une pierre précieuse navette qui est un diamant dans cette montre, a été placée à 12 heures.
Chez DeLaneau, la beauté n’est pas superficielle. Avoir recours au mouvement quartz (à piles), serai telle une trahison aux garde-temps et à la marque. On retient donc que l’élément vital, voire le cœur battant de chaque montre DeLaneau est un mouvement de première qualité. La marque y intègre des hautes complications également en s’assurant le partenariat de Christophe Claret, l’un des maestros de tourbillons. En 2002, ils ont présenté le tout premier tourbillon spécialement conçu pour une montre de femme – au lieu d’en implanter un qui se trouve dans un mouvement de montre pour homme, une pratique fréquente.
Dans le monde moderne de la Haute Horlogerie, la femme a pratiquement été ignorée. Même si un bon nombre de marques ont manifesté un certain intérêt pour la gent féminine en lui créant quelques pièces, leur principale cible reste les hommes. DeLaneau a ainsi trouvé un créneau rentable en se concentrant sur les femmes comme elles le méritent.
